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Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 3, juillet-septembre 2023, pp. 111-129.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Scolarité, Milieu ouvert, ASE, Échec scolaire, Travailleur social, Précarité, Réussite scolaire, Famille en difficulté
En France, près de 313 000 mineurs sont suivis par l’Aide sociale à l’enfance. Les études identifient des difficultés scolaires plus importantes pour cette population, ainsi que des situations de précarités cumulatives. Comment ces précarités mettent-elles en difficulté leur scolarité ? Quel est l’impact du travail en milieu ouvert sur ces difficultés ?
Cet article s’appuie sur des observations réalisées dans quatre services de milieu ouvert, des analyses de dossiers d’enfants accompagnés, et 76 entretiens semi-directifs menés auprès de travailleurs sociaux, d’enseignants, de parents et d’enfants scolarisés en primaire. Un échantillon resserré de dix familles a permis de travailler sur des situations cumulant les précarités.
L’article éclaire le poids des précarités sur la scolarité. Si les travailleurs sociaux les identifient, leur impact est peu considéré. Par ailleurs, les professionnels du milieu ouvert ont peu de ressources pour intervenir sur les précarités bien identifiées, mais qui ne sont pas la priorité. Ils restent ainsi impuissants pour limiter les difficultés rencontrées et soutenir la mobilisation des parents sur la scolarité à partir des ressources dont ces derniers disposent.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 3, juillet-septembre 2023, pp. 91-110.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Famille en difficulté, Conditions de vie, Pauvreté, Intervention sociale, AEMO, Violence, École, Accompagnement social, Relation familiale
De nombreuses familles accompagnées par les services de protection de l’enfance vivent au quotidien différentes formes de pauvreté : conditions précaires de logement, manque de solidarité familiale, amicale ou de voisinage, faiblesse des ressources culturelles et économiques. À partir des données recueillies lors d’une recherche ethnographique de longue durée réalisée auprès de quinze familles vivant dans la pauvreté et bénéficiant d’une mesure d’action éducative en milieu ouvert (AEMO), nous verrons d’abord comment une intervention sociale centrée sur une approche individuelle et relationnelle finit par invisibiliser la pauvreté de ces familles. Nous montrerons ensuite comment ces pauvretés rendent ces familles plus visibles aux institutions et l’intervention sociale, via le prisme des « désordres » familiaux. Ces deux mouvements complémentaires expliqueraient en partie certaines limites des actions conduites auprès des familles.
Article de Sylvia Garcia Delahaye, Caroline Dubath
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 3, juillet-septembre 2023, pp. 131-156.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Classe sociale, Enfant placé, Vacances, Pauvreté, Placement, Relation familiale, Socialisation, Travailleur social, Intergénérationnel, Mère, Conditions de vie, Approche systémique, Maintien du lien, Suisse
Cet article s’intéresse aux liens fragilisés entre enfants placés issus de milieux pauvres et leurs parents à partir de leur rencontre dans le cadre d’un dispositif de vacances accompagnées. Il se base sur les résultats d’une recherche en cours qui porte sur la participation des enfants et des jeunes (E&J) à la définition des dimensions pertinentes de la pauvreté infantile en s’appuyant sur une méthodologie de recherche participative en travail social qui s’inspire de l’approche des capabilités d’Amartya Sen (1999 et 2009). À travers cette méthodologie qui se nomme « Ma Voix en images » et qui valorise la parole des E&J et de leurs parents dans la construction de connaissances sur la thématique étudiée, cette contribution propose de repenser le nexus entre pauvreté et placement des mineurs. Le but est non seulement de comprendre les privations auxquelles sont exposés les mineurs, mais aussi d’identifier des « solutions » (facteurs de conversion) aux difficultés vécues et les libertés devant être renforcées (capabilités) à travers la mise en dialogue des résultats de recherche avec les différents acteurs impliqués dans les domaines de la lutte contre la pauvreté et de la protection de l’enfance.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 148, 2023/3, pp. 119-128.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Protection de l'enfance, RGPD, Recherche, Information, Sécurité, Intimité
Enquêter en protection de l’enfance, c’est produire de la connaissance tout en assurant le droit au respect de la vie privée des principaux concernés. Aujourd’hui, les règles relatives à la protection de données à caractère personnel, au niveau national comme européen, rendent particulièrement difficile la conciliation des droits des parents et des droits reconnus aux enfants et exercés, sauf exception, par les titulaires de l’autorité parentale, avec la production de connaissances fiables et scientifiquement établies. L’étude des tensions juridiques à l’œuvre lorsqu’il s’agit de développer la recherche sur l’enfance fait l’objet de peu d’écrits et il n’existe pas encore de doctrine partagée sur l’interprétation des textes en vigueur. Cet article propose une première réflexion sur ce sujet.
L’article porte sur la pluralité des expériences familiales et éducatives d’enfants des classes supérieures scolarisés en CM2 dans une école catholique parisienne. Leur discours a été recueilli par des entretiens (n = 26) et un questionnaire (n = 52) distribué à l’issue d’une ethnographie d’un an dans l’école. Selon le cadre familial dans lequel ils grandissent, les enfants entretiennent des rapports différenciés à leurs parents, frères et sœurs et camarades d’école. Dans les familles « traditionnelles », les relations parents/enfants sont fondées sur une autorité naturelle de l’adulte et les enfants passent un temps considérable avec leur fratrie et leurs amis d’école. Par contraste, les enfants de « managers » ont davantage de pouvoir, dans le rapport aux adultes, pour affirmer leur individualité, tandis qu’ils développent une grande autonomie avec leurs pairs. Enfin, les enfants d’« intellectuels » tissent avec leurs parents des relations fondées sur le dialogue et un idéal égalitaire ; ils sont davantage distants de leurs pairs. De ces configurations familiales résultent des identités et des dispositions enfantines différenciées.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 148, 2023/3, pp. 11-25.
Mots clés : Enfance-Famille, Enfant, Famille, Ethnographie, Classe sociale, Socialisation, Jeu, Autonomie, Méthode pédagogique, Montessori (Maria)
Cet article montre comment l’observation des enfants dans les marges des entretiens constitue un matériau particulièrement utile pour mettre au jour la différenciation sociale des pratiques éducatives des familles. À partir d’une enquête menée dans 18 familles portant sur les appropriations des jeux Montessori, nous questionnons les conditions de l’accueil du sociologue chez les enquêtés, l’enrôlement des enfants dans la situation d’enquête ethnographique et les circonstances entourant la mise en place de l’entretien en démontrant que, loin de ne constituer qu’une condition de réalisation de l’enquête et un préalable nécessaire à l’enregistrement efficace des matériaux, ces marges méthodologiques des entretiens offrent un matériau à analyser pour lui-même.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 148, 2023/3, pp. 105-118.
Mots clés : Enfance-Famille, Enfant, Famille, Alimentation, Repas, Goût, Vie quotidienne
Quelles sont les places respectives des pairs et de la famille dans la construction sociale des goûts alimentaires pendant l’enfance ? À partir de l’étude de dessins et de menus produits par des enfants de 4 à 14 ans issus de classes moyenne et supérieure urbaines, au cours d’une enquête par monographies familiales menée depuis 2020, ainsi que lors d’entretiens avec ces enfants et avec leurs parents, cet article montre que la sociogenèse des goûts alimentaires passe à la fois par les pairs et par la famille (parents et fratrie). Cette dualité semble à première vue résulter d’une tension entre des goûts proches des recommandations nutritionnelles et des préférences plutôt issues de la « culture McDo ». Toutefois, cette tension ne reflète pas l’existence d’une culture alimentaire enfantine autonome de la culture alimentaire de classe, elle est au contraire caractéristique de l’alimentation des familles de milieux aisés. En effet, cette dernière est marquée par un respect des normes nutritionnelles au quotidien et une alimentation plus festive le week-end, qui permettent de réconcilier des injonctions alimentaires multiples et contradictoires. Ainsi, les enfants apprennent précocement à concilier des normes plurielles et à développer des goûts « omnivores ».
Cet article s’intéresse à l’articulation des différentes expériences des enfants au cours de leurs premières années et aux logiques selon lesquelles se construisent leurs préférences, leurs goûts et leurs jugements, autrement dit leurs dispositions sociales et morales, en particulier lors de leur scolarité maternelle. Dans cette perspective, un dispositif d’enquête original de questionnaires ludiques sur Internet auprès d’enfants âgés de 5 à 6 ans (n = 4 242) de la cohorte Elfe (Étude longitudinale française depuis l’enfance) est utilisé et exploité. L’analyse conduit à distinguer et à articuler les dispositions morales, les rapports à la scolarisation et aux normes scolaires que développent les enfants, en mettant en évidence des configurations variant principalement avec leur sexe et secondairement avec les propriétés sociales de leur famille. Elle met notamment au jour une forme de distance aux normes scolaires plus fréquente chez les garçons et dans les classes supérieures et, inversement, une forme d’adhésion aux normes scolaires chez les filles de catégories populaires.
Article de Pascale Garnier, Catherine Bouve, Martine Janner Raimondi
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 148, 2023/3, pp. 89-104.
Mots clés : Petite enfance-Périnatalité, MAM, Assistant maternel, Organisation du travail, Relation interpersonnelle, Coordination
Instituées en 2010, les maisons d’assistantes maternelles (Mam) permettent à des professionnelles de se regrouper pour accueillir des jeunes enfants (0-3 ans) dans un local distinct de leur domicile. Ces lieux représentent des formes d’hybridation entre des accueils individuels et collectifs. Cet article vise à les analyser en lien avec les modalités d’organisation du travail en Mam, en distinguant la coordination entre assistantes maternelles, fondée sur une division fonctionnelle du travail, de leur collaboration, s’appuyant sur leurs relations interpersonnelles. L’enquête empirique, réalisée en 2020-2021 dans six Mam aux caractéristiques très contrastées, comprend notamment un travail d’observation in situ, des entretiens individuels avec toutes les professionnelles des Mam et avec des acteurs de leur environnement local. L’analyse des différentes tâches des assistantes maternelles rend compte de la singularité de chaque Mam, parce qu’elle révèle la manière dont ces deux logiques de coordination et de collaboration se confortent ou s’opposent, modelées par les trajectoires des assistantes maternelles et leurs modalités d’accompagnement local.
Article de Mariana de Sousa e Silva, Katia Tarouquela Brasil, Éliana Rigotto Lazzarini, et al.
Paru dans la revue Dialogue, n° 241, septembre 2023, pp. 21-35.
Mots clés : Enfance-Famille, Parentalité, Risque, Psychisme, Approche clinique, Rôle, Soutien à la parentalité, Relation enfant-parents, Thérapie, Médiation, Filiation, Santé mentale, Souffrance psychique
La parentalité impose au sujet un travail psychique intense qui s’appuie sur des aspects narcissiques, archaïques, sur l’histoire de la filiation et de la transmission psychique. La parentalité est, avant tout, liée à un processus qui comporte des risques psychiques particuliers face aux événements de vie. Identifier ces enjeux dans la relation parent-enfant et comprendre ce qui est sollicité pour le sujet face à des événements nécessite de remodeler les alliances et de trouver un nouvel équilibre psychique. Dans le cadre d’une recherche clinique, les auteures, impliquées dans un dispositif d’écoute psychanalytique de la parentalité, proposent une discussion quant aux repères cliniques des enjeux qui sous-tendent la relation parent-enfant. Ce questionnement est discuté par deux vignettes cliniques, celle de Maria qui, après son accouchement, expérimente des vécus corporels primitifs projetés sur son bébé et celle de Camila, qui commence son analyse après la tentative de suicide de sa fille. Dans l’ensemble de ces vignettes, on observe une réorganisation de la dynamique psychique et une possibilité de symboliser davantage les modes d’alliance de la dyade parent-enfant.