Vous êtes étudiant, professionnel, enseignant, documentaliste, chercheur en travail social ?
Accédez ici à tous les outils de PRISME vous permettant de chercher de la documentation et de suivre une veille documentaire spécialisées dans le secteur des sciences sociales et de l'action sociale.
Article de Claire Heijboer, Carine Moreno Saint Martin
Paru dans la revue Écrire le social, n° 3, juillet 2021, pp. 19-29.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Usager, Participation, Démocratie participative, Travail social, Approche historique, Coopération, Établissement social et médicosocial, Expertise, Participation des usagers
Quels sont les effets de la participation des usagers sur la reconfiguration des rapports sociaux et de pouvoir dans les institutions d’action sociale et médico-sociale ? Nous présentons une enquête en deux volets : l’un exploratoire visant à saisir et caractériser les « rapports sociaux d’usage » (Chauvière, 2006 ; Janvier, 2015) et l’autre interventionnel visant à faire émerger l’expertise des usagers sur leur propre situation dans et avec les institutions, au moyen de la mise en discussion de cette « expertise usagère » (Heijboer, 2019) avec les expertises scientifiques et professionnelles dans une cadre d’un dispositif méthodologique de Recherche usagère coopérative (RUC). Nous faisons l’hypothèse que les usagers sont une des clefs, sans doute la principale, de la reconfiguration des rapports sociaux et de pouvoir dans les institutions.
Réinterrogeant la conceptualisation habermassienne du « café » dans la société des XVIIe et XVIIIe siècle pour analyser le rôle démocratique des cafés contemporains, l’auteure revient sur un incident survenu entre un employé d’un établissement Starbucks à Philadelphie et des clients afro-américains – le terme « client » posant justement ici question. Elle documente cette interaction en resituant ses observations et interprétations à la fois dans l’histoire urbaine d’un quartier et dans l’histoire des héritages sociaux et culturels du racisme et du capitalisme aux États-Unis. Elle montre que les obligations et charges du capitalisme (la nécessité de consommer, de travailler, d’éviter l’oisiveté) pour entrer et rester dans ces espaces supposés ouverts à tous, pèsent différemment sur les visiteurs selon qu’ils sont reconnus comme clients ou comme potentiels « traînards », et cela à partir d’indices de leur condition sociale et économique, mais aussi selon leur couleur de peau. L’article présente le tiers-lieu capitaliste comme un espace particulièrement ambigu, distinct du café habermassien et de sa prétendue atmosphère de civilité, d’ouverture démocratique et d’accessibilité universelle ; un espace qui, malgré lui, à travers des incidents comme celui du Starbucks de Philadelphie, est devenu aux USA une scène publique de mobilisation et de débat autour de ces questions.
Paru dans la revue Empan, n° 122, juin 2021, pp. 96-103.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Protection de l'enfance, Assistant familial, Famille d'accueil, Vie privée, Vie quotidienne, Approche historique, Professionnalisation, Scolarité, Réussite scolaire, Implication personnelle
Si le fait d'accueillir au sein d'une famille un ou plusieurs enfants en danger constitue le plus vieux métier du travail social, la profession d'assistant(e) familial(e) en est paradoxalement l'une des plus récentes.
Cet article retrace l’histoire des différentes formes de placement psychiatrique sur demande d’un tiers existant en France du XVIIe siècle à nos jours. Cette histoire témoigne de la transition entre une conception organique de la famille demandeuse de lettre de cachet et une pratique individualisée laissant dans l’ombre l’identité du demandeur sans définir clairement son rôle. Pourtant, l’étude des motifs de placement à travers des sources d’archives montre que le proche parent a occupé une place significative non dénuée de sollicitude à l’égard du malade. Cette histoire s’oriente aujourd’hui vers une nouvelle conception qui pourrait considérer le proche parent, demandeur de soins psychiatriques sur demande d’un tiers, comme porteur d’une forme de consentement pour autrui.
Article de Claude Didry, Florent Le Bot, Corine Maitte, et al.
Paru dans la revue L'Homme et la société, vol. 3, n° 211, 1er avril 2021, pp. 15-151.
Mots clés : Travail-Emploi, Approche historique, Artisanat, Atelier, Capitalisme, Commerce, Entreprise, Famille, Industrie, Libéralisme, Organisation du travail, Ouvrier, Transmission, Travail, Travail à domicile, Espagne, France, Italie, 1400-2000
La fin du salariat serait-elle en vue ? Un capitalisme plus "agile", ou plus "liquide" adviendrait-il ? Les formes les plus contemporaines du capitalisme, à travers notamment le travail de plateformes, contribueraient-elles à cette transformation radicale ? Cette vision des derniers développements du capitalisme renvoie en fait à un récit couramment admis, faisant du rapport salarial le creuset du capitalisme sous l'impulsion d'une bourgeoisie prométhéenne. Ce récit est dominé par la figure de la révolution industrielle fondée sur une héroïsation de l'entrepreneur, avec pour contrepartie l'expropriation - de la terre et des moyens de production - comme base originaire du salariat et de l'exploitation qui s'ensuivit. Pour échapper à ce mythe de la révolution industrielle, ce numéro propose un retour aux sources du capitalisme en analysant le développement d'une production initiée par une activité commerciale de plus en plus prospère. Le processus qui se dessine part de l'affirmation progressive du commerce, de la geste marchande, qui s'insinue comme activité économique dans les institutions existantes, qu'il s'agisse des familles rurales ou des corporations urbaines. Son analyse conduit à mettre au jour un encastrement originel de la production marchande dans l'univers familial, en interrogeant tout à la fois la place de la famille, celle des corporations, ainsi que les porosités des villes et des campagnes dans une dynamique de diffusion, de circulation et d'interdépendance économique et sociale. Les terrains choisis en Espagne, en France et en Italie permettent ainsi de sortir de chemins bien balisés s'agissant de l'Europe du Nord, en adoptant un regard sur la longue durée (XVe-XXe siècle).
Sommaire :
- Introduction. Un encastrement social du commerce ? Claude Didry, Florence Le Bot, Corine Maitte & Michela Barbot. Page 15 à 26
- La famille et le travail, le travail de la famille. La variété des configurations organisationnelles du travail et des entreprises en Italie centro-septentrionale au XVe siècle. Matthieu Scherman. Page 27 à 42
- Lits, paniers, balances. Biens meubles et formes de mobilité du travail. Eleonora Canepari. Page 43 à 69
- La révolution libérale et les métiers. Les faquines du port de Barcelone au XIXe siècle. Juanjo Romero Marin. Page 71 à 101
- La rubenarie à Manresa (Barcelone), 1890-1920. Petite entreprise et travail à domicile. Lluis Viros. Page 103 à 127
- A l'atelier, chez soi ou à la fabrique. Commente rester luthier au début du XXe siècle ? Hélène Claudot Hawad. Page 129 à 151
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 31, printemps 2021, pp. 27-38.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Adolescent, Approche historique, Crise, Développement, Éducation, Estime de soi, Famille, Image de soi, Individu, Recherche, Représentation sociale, Sexe, Société
De la Libération à la fin des années 1960, l’adolescence devient un sujet d’étude important pour les psychiatres, les psychologues et les psychanalystes, en lien avec le thème de la délinquance juvénile. Au centre de ces recherches, on trouve la notion de crise, issue des travaux du psychologue wallonien Debesse. Mais quel est le sens de cette crise ? Doit-elle nécessairement apparaître au cours du développement ? Quelles en sont les causes ? Individuelles ? sociales ? familiales ? Quels seraient les remèdes possibles ? L’auteure retrace quelques recherches de cette période qui visent à éclairer ces questions. Ce recul historique permet de s’interroger sur ce qui est permanent dans les difficultés des adolescents et sur ce qui est plus spécifique de la société contemporaine.
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 31, printemps 2021, pp. 15-26.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Adolescent, Altérité, Anthropologie, Approche historique, Aptitude, Attitude, Autonomie, Identité sociale, Individu, Jeune, Société, Sociologie
L’adolescence est une création sociale récente, mais elle pose un problème général qui est celui de la sortie de l’enfance. À ce problème, de nature anthropologique, tout homme et toute société ont, et ont eu, à se confronter. Cependant, si la question du début de l’adolescence ne fait pas véritablement problème, il n’est pas de même aujourd’hui de celle de sa durée et de sa fin. Les sociétés occidentales prolongent de plus en plus la période de la jeunesse sans toujours bien faire la différence avec l’adolescence. Plus encore, plusieurs auteurs en font aujourd’hui des « sociétés adolescentes » du point de vue de leur fonctionnement. Pour s’y retrouver dans ces questions, il faut creuser les processus qui s’enclenchent à la sortie de l’enfance avec « l’émergence à la personne ».
Les discours sur l’immigration ne sont pas neutres, l’acte de nomination est un révélateur de nos rapports à l’objet. Le sujet forge la réalité à partir des mots qu’il utilise pour la désigner. Dénommer c’est avant tout donner une existence aux termes mobilisés en fonction de l’espace et du temps. Cette présentation peut être considérée comme une identification de ce qui est désigné autant qu’un révélateur des connaissances de qui parle. Derrière l’usage des termes se profile l’affirmation de l’existence sociale de groupes et d’individus. Cette affirmation s’appuie sur la performativité des mots, sur les représentations sociales mobilisées et l’historicité des termes utilisés.
Depuis 1996, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a développé un dispositif d’enquêtes et de collecte d’information permettant de documenter de la manière la plus transversale possible le champ des drogues et des conduites addictives. L’OFDT est un opérateur public spécifique constitué sous la forme d’un groupement d’intérêt public (GIP) associant l’État (12 départements ministériels et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) et la Fédération nationale des observatoires régionaux de santé (FNORS). Cet article permet de revenir sur l’histoire de l’OFDT, après vingt-cinq ans d’exercice, afin de tirer un bilan de la mise en œuvre d’un dispositif d’observation original, en France comme en Europe, mais également de réfléchir aux missions d’un observatoire public dans le cadre des politiques publiques de mobilisation contre les conduites addictives.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 4, octobre-décembre 2020, pp. 193-216.
Mots clés : Action sociale : histoire et perspectives, Droit social, Politique sociale, Science, Recherche universitaire, Approche historique, Institution, Allemagne
Le droit social, en tant que cadre normatif des politiques sociales, a connu un développement spectaculaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En Allemagne, le besoin d’un traitement scientifique de la matière conduisit à la création, il y a quarante ans précisément, d’un Institut Max-Planck consacré au « droit social étranger et international ». Pourquoi le choix d’un institut en dehors des universités ? Quels sont les apports et les influences de cet institut en matière de droit social comparé ? Le présent article cherche à dresser un bilan – provisoire – des travaux de l’Institut qui semblent avoir utilement contribué à la fondation du droit social comparé comme discipline scientifique en Allemagne. Par sa structure et sa méthode, l’Institut, tout en étant perçu par le public extérieur comme un point d’information et de contact, cherche à explorer des terrains moins connus et complète ainsi la recherche universitaire dans le paysage scientifique.