À partir d’une vaste enquête qualitative et quantitative menée sur « les groupes (de travailleurs) à risque » dans les secteurs du handicap, de l’Aide à la jeunesse et de l’accueil pour adultes en difficulté, cet article montre en quoi la fonction éducative est particulièrement exposée à divers facteurs de risque de fragilisation du parcours professionnel. Ces risques peuvent être liés tant à la relation aux bénéficiaires qu’à l’évolution des profils de publics, à l’organisation et au temps de travail, à la dynamique d’équipe, à l’élargissement contraint de certaines pratiques ou encore à la perte de sens et au manque de reconnaissance.

Ces 50 dernières années ont été le témoin de l’évolution des pratiques d’intervention dans le champ de l’accompagnement des personnes, qu’il s’agisse de soin, d’aide sociale, d’éducation ou d’enseignement. À sa façon, le travail de l’éducateur spécialisé n’a pas échappé aux changements. Amené à travailler de plus en plus avec d’autres professionnels de l’accompagnement, le rôle et l’identité de l’éducateur au sein des équipes pluridisciplinaires se brouillent parfois avec ceux des autres. Dans ce contexte, cet article vise à comprendre les spécificités de la posture professionnelle de l’éducateur et comment celles-ci le distinguent ou non des autres professionnels avec lesquels il collabore.

À partir d’une enquête qualitative réalisée auprès d’une centaine de travailleurs sociaux, majoritairement des éducateurs œuvrant dans des institutions de l’Aide à la jeunesse, des maisons d’accueil et des centres de jour et d’hébergement pour personnes en situation de handicap (sous-commission paritaire 319.02), la professionnalité des éducateurs est apparue mise sous tension. Plusieurs facteurs tant internes qu’externes contribuent à ébranler leur professionnalité ou au contraire, à soutenir sa construction collective.

Mais que font les éducateurs spécialisés ? La question revient régulièrement à la mesure de ce que le travail social est lui-même fréquemment interrogé, mis sur la sellette, bousculé. Pour répondre à cette question, l’auteur invite à prendre distance par rapport aux référentiels de fonction qui, trop souvent, réduisent ce métier à un inventaire d’actes facilement reproductibles et mesurables. Le métier d’éducateur se définit avant tout comme une manière d’« être ». À l’enfant ou à l’adulte en détresse, il offre avant tout sa présence, son écoute, sa bienveillance, sa patience, sa constance, son engagement, pour que, peu à peu, se crée autour de lui une enveloppe sécurisante et se dessine un espace où se penser, où grandir, où s’affranchir de ses peurs.

Le service d’intervention d’urgence sociale (SIU) du CPAS de Charleroi offre, de jour comme de nuit, une aide à des personnes (très) précarisées dont la situation nécessite une prise en charge immédiate. Particulièrement en matière de demandes d’hébergement qui constituent une grande partie de ses interventions, les réponses qu’il va proposer dépendront tout à la fois des spécificités de la situation, du profil et du parcours des bénéficiaires et des solutions disponibles. Le SIU constate cependant que, de plus en plus, il doit dépasser sa mission et servir de dernier filet pour des personnes qui ne trouvent de place nulle part et sont piégées dans une urgence qui se chronicise…

Initialement issue du secteur médical, la notion d’urgence touche désormais tous les domaines de la vie sociale. Le règne du "temps court" semble être une nouvelle culture caractéristique des sociétés industrialisées. Cet article contribue à identifier les causes et les conséquences de l’avènement de "la société de l’urgence", avant d’en étudier plus précisément les modalités de manifestation dans le champ du travail social, tant au niveau des politiques que des pratiques professionnelles.

L'objectif de cet article est de susciter la réflexion sur la manière de gérer le secret professionnel dans le travail en équipe et en réseau. Il se penchera plus spécifiquement sur la question du secret professionnel partagé. Quelles sont les règles, les balises à respecter quand on parle de secret professionnel partagé ? Quand peut-on partager des informations soumises au secret professionnel et de quelle manière, avec quelles conditions ou limites ?

Les équipes de travail, et en particulier les équipes de soin, sont fortement affectées par les crises successives du « vivre "ensemble" » consécutives à la crise sanitaire mais pas seulement, car des failles dans le collectif étaient déjà là, sous-jacentes. Soumis à des déséquilibres majeurs et à des effets de polarisation interne, les équipes de soin éprouvent des difficultés à faire, à agir et à être collectif. A défaut de logiques vertueuses, ces systèmes se ferment sur eux-mêmes et produisent des symptômes tels que la violence. Or, l’équipe est le foyer de la culture du soin tant en interne qu’avec son environnement et ses publics, de la culture de l’initiative et de la transmission, de l’éthique de la responsabilité partagée dans une optique de développement durable. A ce titre, la formation des professionnels peut illustrer une dynamique porteuse si elle accompagne la création identitaire des individus, du collectif et de la communauté des soignants et ainsi l’aider à devenir un foyer d’émancipation.

Dans cet article, les auteures explorent la question du rôle que peut jouer la supervision pour favoriser, soutenir, stimuler le fonctionnement des équipes. Cette exploration passe par l’explicitation de deux termes : la supervision et l’équipe. C’est dans l’intersection entre l’équipe et une idée de ce qu’est la supervision que pourront émerger les demandes – des portes d’entrée à la supervision – et que prendra place l’intervention du superviseur. Leur propos s’appuie sur la pratique de supervision telle qu’elle s’est construite à Synergie depuis une vingtaine d’années.

Tout le monde souhaite être épanoui dans son travail, et par les tâches et missions qui lui sont confiées, et par les relations qu’il entretient avec ses collègues. Sur ces deux facettes, il aspire à exister, à être apprécié, entendu, reconnu, valorisé. Mais dans les faits, les choses ne sont pas si simples car travailler en équipe, c’est s’exposer au regard des autres, à la critique, ce qui éveille inévitablement, parfois subtilement et inconsciemment, des peurs qui nous font porter des masques et redouter les conflits. Or, les conflits sont salutaires dans une équipe, c’est un indicateur de bonne santé !