PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Article de Laurence SIMMAT DURAND, Natacha VELLUT, Anne TURSZ
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 36, n° 4, pp. 413-440.
Mots clés : Infanticide, Criminalité, Statistiques, Sociologie, Droit pénal, Justice, Expertise judiciaire, Analyse de contenu, Procédure, Analyse comparative, Sanction pénale, Mère, Récidive, Famille
Une catégorie de crimes contre les enfants semble particulièrement médiatisée, celle des décès des premières vingt-quatre heures, perpétrés en général par la mère et maintenant désignés sous le terme de néonaticides. L'étude approfondie de 34 dossiers judiciaires de néonaticides et de la presse concernant ce sujet permet d'esquisser des pistes sur le statut actuel de ce crime tout à fait particulier, bien qu'il ne soit plus pénalement spécifié. Le travail de la justice face à ces morts violentes est décrypté au travers du contenu des dossiers, procès-verbaux, expertises, actes de procédure. Les données recueillies, de nature quantitative et qualitative, permettent de comparer les types de procédure judiciaire, les auteurs mis en cause et les peines qui leur sont infligées. Comme dans les autres pays où une incrimination spécifique n'est pas prévue par le code pénal, les décisions varient considérablement, du classement sans suite, non-lieu ou acquittement, jusqu'à quinze années de réclusion criminelle. L'article analyse les éléments qui ont pu les influencer, parmi les autopsies, les expertises psychiatriques, les aveux de la mère, ou sa capacité à exprimer une culpabilité.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 36, n° 4, pp. 441-469.
Mots clés : Drogue, Consommation, Répression, Sanction pénale, Statistiques, Typologie, Évolution, Sociologie, Droit pénal
Contrairement à l'opinion courante selon laquelle la loi du 31 décembre 1970 serait de moins en moins appliquée, l'analyse des statistiques policières et judiciaires montre que la pénalisation de l'usage de stupéfiants est de plus en plus systématique en France. L'interprétation des évolutions dans la répression de l'usage de stupéfiants révèle différents usages possibles des chiffres. Si on réduit la pénalisation au rapport entre usagers interpellés et condamnés, elle a en effet reculé ; si on la comprend comme un recours accru au système pénal pour traiter les affaires d'usage, y compris en amont des tribunaux, on conclut au contraire à une pénalisation renforcée et à une diversification des modes de sanction de l'usage de stupéfiants entre 1986 et 2009.
La tendance à la responsabilisation accrue du justiciable dans le champ pénal est un phénomène qui s'illustre tout particulièrement dans les sanctions alternatives que sont la surveillance électronique et la peine de travail. Chargé de mener à bien un parcours d'insertion ou de s'intégrer dans un milieu de travail, le condamné se trouve renvoyé à l'exercice responsable de la (relative) autonomie qui lui est accordée dans ce cadre. On note cependant que ce projet se réalise aussi grâce à lacontribution d'une multitude d'acteurs privés quiconcourent directement ou non, consciemment ou non, à l'exécution d'une peine en milieu ouvert. Il semble donc qu'un transfert de responsabilité s'opère non seulement vers le condamné mais également vers son environnement proche, qu'il s'agisse des acteurs de sa sphère familiale, amicale ou professionnelle. La présente contribution vise dès lors à rendre compte, au départ de données empiriques issues du terrain belge, des effets indirects que l'injonction d'autonomie faite à un condamné à une peine de travail ou placé sous surveillance électronique produit sur son environnement ainsi que des transferts de responsabilité qui peuvent s'opérer à cet égard.
Cet article propose d'explorer la question de la responsabilisation des citoyens relativement à la marchandisation de la sécurité. Alors que l'accès facilité à une multitude de produits et services par l'entremise d'un marché de la protection de plus en plus important semble plaider, à première vue, pour une augmentation de la responsabilité des individus relativement à leur sécurité, une lecture plus attentive nous montre une réalité plus complexe. En effet, en prenant appui sur la fragmentation de l'espace urbain et la multiplication des donneurs d'ordre qui en découle, il nous faut conclure que la partielle déresponsabilisation de l'Etat vis-à-vis d'une certaine question de sécurité s'est faite à charge (ou à faveur) des entreprises et non des individus. Ce qui s'explique par le fait que ces derniers ne jouent qu'un rôle limité dans un marché devenu une importante source de régulation de la sécurité. Un marché qui, par ailleurs, n'est pas exempt de volontés normatives.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 36, n° 1.
Mots clés : Sécurité, Insécurité, Commune, Milieu urbain, Quartier, Élu local, Analyse comparative, Régulation sociale, Vie politique, Sociologie, FRANCE, ITALIE
Cet article analyse le réinvestissement, par les municipalités françaises et italiennes, de leurs compétences en matière de sécurité. A partir de l'examen comparé de quatre cas d'étude, nous suggérons que les maires agissent ainsi sous la pression de mobilisations d'habitants, qui dénoncent les désordres qui surviennent dans leur quartier. La surdité structurelle de la police nationale au traitement des désordres, les pouvoirs de police dont disposent les maires et les réformes de décentralisation qui ont renforcé leurs compétences et légitimité les incitent alors à se saisir de la régulation des désordres, un thème dès lors requalifié en enjeu sécurité par le champ politique.
Article de Kai D. BUSSMANN, Claudia ERTHAL, Andréas SCHROTH
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 36, n° 1.
Mots clés : Maltraitance, Sévice corporel, Interdit, Droit, Loi, Interaction, Éducation familiale, Violence, Famille, FEMME BATTUE, Biographie, Analyse comparative, EUROPE, Sociologie, Statistiques, FRANCE, SUEDE, AUTRICHE, ALLEMAGNE, ESPAGNE, EUROPE
Cet exposé présente les résultats centraux d'une étude comparative européenne sur les répercussions d'une interdiction des châtiments corporels éducatifs. En Suède, en Autriche, en Allemagne, en Espagne et en France, 5000 parents ont répondu, dans le cadre d'une entrevue, à un questionnaire standardisé relatif à leur comportement éducatif, leur opinion sur les châtiments corporels ainsi que sur l'acceptation et la connaissance de la législation de leur pays à ce sujet. La question centrale était de savoir si et à quel point la codification d'une interdiction des châtiments corporels pouvait influencer le comportement éducatif des parents vis-à-vis de leurs enfants, concurremment à d'autres facteurs tels les expériences éducatives vécues par les parents dans leur enfance ou la violence au sein du couple.
Article de Isabelle JOING, Jacques MIKULOVIC, Gilles BUI XUAN
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 36, n° 1.
Mots clés : École, Violence, Établissement scolaire, Vie institutionnelle, Organisation, Institution, Pratique professionnelle, Oralité, Écrit, Évaluation, Différence, Stigmatisation, Questionnaire, Sociologie, PARADOXE, FRANCE, NORD
L'objet de la présente étude est d'identifier le fonctionnement des institutions scolaires françaises (leurs modes de penser et d'agir) afin de mieux comprendre les problématiques qui touchent profondément l'école et notamment celle de la violence. 26 collèges publics du Nord ont participé à l'étude. Les résultats mettent en évidence quatre paradoxes de fonctionnement qui semblent empêcher les institutions scolaires d'avancer dans leur lutte quotidienne contre la violence.
Cet article a pour objectif de réfléchir aux problématiques de citoyenneté et de différence à partir du cas de la communauté Sinti de Venise. L'augmentation de la diversité ethnique et culturelle au cour des sociétés occidentales remet profondément en question l'idée moderne de citoyenneté, lorsque dans le même temps à l'heure de la globalisation, la crise de la politique représentative, quant à elle associée à l'augmentation de l'insécurité, provoque l'émergence de comité de citoyens « pour la sécurité ». Comment la diversité véhiculée par les Roms et les Sinti est-elle ainsi gérée en Italie ? Si au niveau national, l'exclusion semble être l'unique réponse, certaines situations locales, comme à Venise, tentent de rassembler et d'unir citoyenneté et différence par le biais de politiques de dépassement des « camps nomades ».
La note de vie scolaire instaurée en France à la rentrée 2006 dans les collèges est en lien avec la lutte contre la violence à l'école. Les débats à son propos sont révélateurs des tensions actuelles autour des principes de justice entre des professionnels (enseignants, conseiller principal d'éducation, chef d'établissement) qui doivent s'accorder sur la manière d'attribuer la note. Outre les difficultés classiques de l'évaluation, la note de vie scolaire rencontre des obstacles particuliers demandant des arbitrages au cas par cas qui, tout en étant symptomatiques de la tendance actuelle à trouver des réponses locales et personnelles aux problèmes scolaires, peuvent fragiliser le dispositif même.
Cet article porte sur les carrières d'usagers de cocaïne inconnus des institutions socio-sanitaires et répressives. Il présente les résultats d'une enquête conduite par entretiens semi-directifs auprès de 50 usagers appartenant à cette population cachée. Les auteurs retracent les différentes étapes des carrières en portant une attention particulière aux fréquences d'usage mais aussi aux contextes de consommation, aux significations de l'usage ainsi qu'aux dynamiques de groupe façonnant les parcours individuels.