Au-delà d’être un concept à la mode, la motricité libre implique de penser l’enfant comme un être compétent, capable de découvrir son corps et le monde qui l’entoure par lui-même, poussé par une énergie vitale interne. Ce concept s’intègre dans une philosophie plus large ayant des répercussions sur de nombreuses pratiques parentales et professionnelles.

Un changement positif des représentations relatives à l’éducation des petits s’est opéré depuis la fin du XXe siècle. Faisant suite à l’évolution de la société, aujourd’hui basée sur l’individu, les pratiques éducatives en cours au sein des établissements d’accueil du jeune enfant se sont modifiées. Elles se sont orientées vers la réponse aux besoins immédiats des tout-petits, oubliant que l’éducation avait pour objectif de conduire à l’émancipation, c’est-à-dire à l’indépendance et à l’autonomie. Ces façons de faire engendrent un climat de peur, défavorable au développement des enfants.

Pour les assistantes maternelles, passer d’une pratique éducative de la stimulation par des activités d’éveil à une pédagogie de l’accompagnement par l’expérimentation libre de l’enfant constitue un cheminement qui impacte tous les aspects du quotidien. En effet, leur lutte de longue date pour valoriser leur travail et le faire accepter comme relevant de compétences professionnelles les a conduites à se positionner en faveur de la production de créations visibles. Aujourd’hui, leur orientation pédagogique évolue dans le sens d’un plus grand respect de l’autonomie du tout-petit.

L'acquisition du langage, tout comme celle de la communication ou de la sociabilité, est réalisée avec brio par le jeune enfant, au cours des premières années de sa vie. [...] Cet apprentissage prodigieux et totalement implicite ne semble pourtant pas suffire à certains adultes pour reconnaître les capacités propres du bébé, voire pour le considérer dès avant l'acquisition du langage comme fondamentalement humain. [...] Pour quelles raisons faudrait-il toujours aller plus vite que la musique et guider le bébé dans un territoire explicitement et spécifiquement codé pour lui ? [...] Pour bien grandir, les bébés, bercés naturellement par leur langue familiale et baignés dans les codes propres à leur culture, ont besoin d'être sécurisés, pas d'être "civilisés"

L’autonomie est une notion clé des projets pédagogiques des établissements d’accueil du jeune enfant et fait partie des objectifs visés par les professionnels pour le tout-petit. Ce processus à la fois physique et psychique passe par différentes étapes. Grâce à la présence contenante des adultes, l’adaptation de l’environnement, des propositions éducatives organisées autour de temps forts du quotidien, l’enfant partira peu à peu à la conquête de son indépendance.

Ne pas mettre un bébé dans une position à laquelle il ne peut accéder par lui-même est un des principes de la motricité libre maintenant bien connu des professionnels de la petite enfance. Toutefois, le décalage existant entre pratiques parentales et pratiques en structure d'accueil ne rend pas toujours son application évidente. Quels enjeux pour le bébé et ses accueillants ?

Comprendre les besoins de l'enfant et l'accompagner au quotidien avec bienveillance est essentiel. En soutenant son désir de grandir et en le plaçant en situation de compétence, nous lui donnons la possibilité de développer son autonomie. Il peut ainsi partir, avec sérénité, à la découverte du monde qui l'entoure.

L'enfant a besoin de bornes contraignantes dans la mesure ou celles-ci assurent sa sécurité, et des limites dès lors qu'il doit intérioriser un certain nombre de contraintes liées à la vie sociale et aux valeurs morales. Mais ce qui l'aide le plus à grandir et à explorer son environnement, c'est le cadre qui met en valeur ce qui se passe à l'intérieur. C'est pourquoi la valeur du cadre qui est posé à l'enfant ne tient qu'au processus qu'il rend possible.

L’immaturité du petit d’homme à sa naissance oblige les adultes qui l’accompagnent à une réflexion sur la façon de l’aider à développer ses capacités progressivement, et non à prendre le pouvoir sur lui en faisant à sa place. La question de l’autonomie se trouve ainsi au cœur de la pratique haptonomique.

Pour grandir et se développer harmonieusement, l'enfant a besoin d'explorer son environnement. Tous ses sens sont sollicités. Aménager des espaces préservant l'autonomie des enfants est fondamental. Le principe de libre circulation peut ^tre une voie à considérer par les professionnels de l'accueil afin de répondre aux besoins des jeunes enfants