PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Dans cette étude, l’intérêt principal portait sur le comportement paternel dans le contexte de la dépression maternelle. Plusieurs auteurs soulignent la flexibilité de l’investissement paternel dans la nature et argumentent qu’il est facultatif chez les humains, donc d’avantage ouvert à des calculs visant à maximiser son inclusive fitness que le comportement maternel. D’un point de vue évolutif, la dépression post-partum peut avoir une fonction de signalisation, communiquant le besoin de la mère d’un soutien supplémentaire lorsqu’elle est incapable de faire face à ses propres besoins et ceux de l’enfant, notamment en faisant appel à son partenaire.
Hypothèse : L’objectif principal était d’examiner les associations entre le comportement paternel, la dépression post-partum maternelle et les relations familiales. L’hypothèse principale est que lorsque les mères sont déprimées, les pères assument un rôle plus actif au sein du système familial, augmentant leur investissement pour compenser le « fonctionnement partiel » de la mère dû à la dépression, favorisant le bien-être de leur enfant et, par conséquent, potentiellement augmentant leur inclusive fitness.
Méthodes : Quarante-six dyades père-enfant ont été observées dans une situation de jeu libre, et des évaluations du degré de synchronie interactionnelle pèreenfant (distance interpersonnelle, orientation visuelle et corporelle et implication dyadique) ont été réalisées.
Résultats : Une plus grande proximité entre le père et l’enfant et une plus grande harmonisation visuelle ont été observées lorsque les mères présentaient une dépression post-partum, et cela s’est maintenu malgré la dépression ultérieure. Ces résultats ont été discutés en relation avec l’hypothèse évolutive de la dépression, la théorie de l’investissement parental de Trivers et la théorie du système familial.
Paru dans la revue Devenir, vol. 35, n° 4, 2023, pp. 321-329.
Mots clés : Enfance-Famille, Attachement, Théorie, Psychologie du développement, Séparation, Carence familiale, Sécurité, Relation familiale, Relation soignant-soigné, Thérapie, Bowlby (John)
Ce travail rappelle combien Bowlby fut d’abord un pédagogue et un clinicien, attaché à comprendre les racines de la psychopathologie de l’enfant et de la construction de la personnalité à partir des relations familiales. Ainsi il a toujours regretté que la recherche quantitative sur l’attachement ait pris le pas sur les applications cliniques et thérapeutiques. La recherche a été favorisée dans le champ de l’attachement par le succès de la situation étrange d’Ainsworth, relayé par celui de l’Adult Attachement Interview (AAI) de Mary Main. Bowlby propose un modèle alternatif à celui de la pulsion, basé sur l’observation des effets de la séparation précoce et de la carence de soins, avec la séquence qu’il doit à Robertson -protestation, retrait, détachement- et qui organise pour Bowlby l’essentiel de la psychopathologie liée à l’expérience interpersonnelle. Dans cette perspective, l’attachement devient ainsi le mode privilégié de régulation de la peur. L’attachement est donc activé et désactivé en fonction du contexte. Attachement et exploration sont incompatibles, là où attachement et caregiving sont totalement symétriques et étroitement intriqués, ayant évolué en semble. Ces paradigmes nous suffisent pour une théorie de la thérapie interpersonnelle de l’adulte, dans laquelle l’alliance de travail à partir de la base de sécurité que devient la relation au thérapeute permet une réévaluation des défenses mises en jeu pendant l’enfance.
L’article porte sur la pluralité des expériences familiales et éducatives d’enfants des classes supérieures scolarisés en CM2 dans une école catholique parisienne. Leur discours a été recueilli par des entretiens (n = 26) et un questionnaire (n = 52) distribué à l’issue d’une ethnographie d’un an dans l’école. Selon le cadre familial dans lequel ils grandissent, les enfants entretiennent des rapports différenciés à leurs parents, frères et sœurs et camarades d’école. Dans les familles « traditionnelles », les relations parents/enfants sont fondées sur une autorité naturelle de l’adulte et les enfants passent un temps considérable avec leur fratrie et leurs amis d’école. Par contraste, les enfants de « managers » ont davantage de pouvoir, dans le rapport aux adultes, pour affirmer leur individualité, tandis qu’ils développent une grande autonomie avec leurs pairs. Enfin, les enfants d’« intellectuels » tissent avec leurs parents des relations fondées sur le dialogue et un idéal égalitaire ; ils sont davantage distants de leurs pairs. De ces configurations familiales résultent des identités et des dispositions enfantines différenciées.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 148, 2023/3, pp. 11-25.
Mots clés : Enfance-Famille, Enfant, Famille, Ethnographie, Classe sociale, Socialisation, Jeu, Autonomie, Méthode pédagogique, Montessori (Maria)
Cet article montre comment l’observation des enfants dans les marges des entretiens constitue un matériau particulièrement utile pour mettre au jour la différenciation sociale des pratiques éducatives des familles. À partir d’une enquête menée dans 18 familles portant sur les appropriations des jeux Montessori, nous questionnons les conditions de l’accueil du sociologue chez les enquêtés, l’enrôlement des enfants dans la situation d’enquête ethnographique et les circonstances entourant la mise en place de l’entretien en démontrant que, loin de ne constituer qu’une condition de réalisation de l’enquête et un préalable nécessaire à l’enregistrement efficace des matériaux, ces marges méthodologiques des entretiens offrent un matériau à analyser pour lui-même.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 148, 2023/3, pp. 105-118.
Mots clés : Enfance-Famille, Enfant, Famille, Alimentation, Repas, Goût, Vie quotidienne
Quelles sont les places respectives des pairs et de la famille dans la construction sociale des goûts alimentaires pendant l’enfance ? À partir de l’étude de dessins et de menus produits par des enfants de 4 à 14 ans issus de classes moyenne et supérieure urbaines, au cours d’une enquête par monographies familiales menée depuis 2020, ainsi que lors d’entretiens avec ces enfants et avec leurs parents, cet article montre que la sociogenèse des goûts alimentaires passe à la fois par les pairs et par la famille (parents et fratrie). Cette dualité semble à première vue résulter d’une tension entre des goûts proches des recommandations nutritionnelles et des préférences plutôt issues de la « culture McDo ». Toutefois, cette tension ne reflète pas l’existence d’une culture alimentaire enfantine autonome de la culture alimentaire de classe, elle est au contraire caractéristique de l’alimentation des familles de milieux aisés. En effet, cette dernière est marquée par un respect des normes nutritionnelles au quotidien et une alimentation plus festive le week-end, qui permettent de réconcilier des injonctions alimentaires multiples et contradictoires. Ainsi, les enfants apprennent précocement à concilier des normes plurielles et à développer des goûts « omnivores ».
Cet article s’intéresse à l’articulation des différentes expériences des enfants au cours de leurs premières années et aux logiques selon lesquelles se construisent leurs préférences, leurs goûts et leurs jugements, autrement dit leurs dispositions sociales et morales, en particulier lors de leur scolarité maternelle. Dans cette perspective, un dispositif d’enquête original de questionnaires ludiques sur Internet auprès d’enfants âgés de 5 à 6 ans (n = 4 242) de la cohorte Elfe (Étude longitudinale française depuis l’enfance) est utilisé et exploité. L’analyse conduit à distinguer et à articuler les dispositions morales, les rapports à la scolarisation et aux normes scolaires que développent les enfants, en mettant en évidence des configurations variant principalement avec leur sexe et secondairement avec les propriétés sociales de leur famille. Elle met notamment au jour une forme de distance aux normes scolaires plus fréquente chez les garçons et dans les classes supérieures et, inversement, une forme d’adhésion aux normes scolaires chez les filles de catégories populaires.
Paru dans la revue La Revue internationale de l'éducation familiale, n° 51, 2023/1, pp. 167-202.
Mots clés : Enfance-Famille, Adoption, Homoparentalité, Enfant, Intégration, Identité, Lien social, Belgique, France, Espagne
L’adoption homoparentale est légale dans plusieurs pays européens. Pourtant, l’expérience de vie de ces nouvelles familles reste peu explorée dans la littérature scientifique. Cette recherche a pour objectif d’analyser les expériences de la première génération de familles adoptives homoparentales résidant en Europe. Nous avons donné la parole à 62 parents adoptifs (gays, lesbiennes) et à 44 enfants adoptés (entre 3 et 18 ans) vivant en Belgique, en France et en Espagne. Avec chaque famille, nous avons conduit des entretiens semi-structurés, qui ont été retranscrits et analysés selon une approche qualitative inductive. Le présent article porte sur l’analyse de deux aspects : les défis rencontrés par les homoparents et le questionnement identitaire vécu par les enfants au sein de ces familles. Le tableau qui ressort des résultats est clair : si l’égalité de ces familles est inscrite dans la loi, de nombreux défis et barrières institutionnelles continuent à affecter leurs expériences de vie, tant pendant le parcours d’adoption qu’au quotidien. L’ensemble de ces résultats ouvre des réflexions quant à l’impact du « stress minoritaire » sur la vie de ces nouvelles familles et permet de lancer des pistes pour faciliter leur intégration dans notre société.
Paru dans la revue Devenir, vol. 35, n° 1, 2023, pp. 5-30.
Mots clés : Enfance-Famille, Attachement, Théorie, Prise en charge, Culture, Relation enfant-mère
À partir de vignettes cliniques relatant des « ratés » du processus d’attachement ou de sa diversification nous montrons comment la connaissance et la prise en compte par les thérapeutes de la diversité des modèles d’organisation familiale sont utiles aux tentatives de réparation, voire de création d’un lien d’attachement lorsque celui-ci ne s’est pas construit de manière adéquate ou a disparu.
Paru dans la revue Devenir, vol. 35, n° 1, 2023, pp. 5-30.
Mots clés : Enfance-Famille, Technologie numérique, Parents, Parentalité, Addiction, Nourrisson
Bien conscient que nous observons les dernières générations de parents nés sans portables ou tablettes, nous avons souhaité évaluer le comportement de parents dont l’enfant a entre 0 et 6 mois dans leur quotidien par rapport à leur usage des écrans personnels et familiaux. Il s’agit d’une étude descriptive menée entre juin 2020 et janvier 2022 aux centres de santé des villes d’Achères (Yvelines) et Vauréal (Vald’Oise). Parallèlement dans ce questionnaire, étaient recherchés les comportements addictifs autres comme l’usage du tabac, de l’alcool, du cannabis et des jeux d’argent.