PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Livre de Christophe Robert, édité par Arthaud, Fondation Abbé Pierre, publié en 2024.
Mots clés : Lien social-Précarité, Précarité, Pauvreté, Logement, Inégalité, Solidarité, Politique sociale, Protection sociale, Fondation Abbé Pierre
A l'heure du soixante-dixième anniversaire de l'appel de l'abbé Pierre, Christophe Robert nous propose, avec ce livre manifeste, un état des lieux sans concession de cette France durement touchée et fracturée par les difficultés sociales, économiques et liées au logement. Une charge mordante contre l'immobilisme et l'indifférence, le poids des égoïsmes, la politique de l'autruche, sans oublier les insuffisances de la puissance publique face à la précarisation d'une part croissante de la population.
"Aujourd'hui, un Français sur cinq est en situation de pauvreté ou de privation matérielle et sociale. C'est énorme et insupportable ! " Mais le délégué général de la Fondation Abbé Pierre ne se contente pas d'un constat aussi documenté et édifiant soit-il, il défend l'idée qu'il n'y a pas de fatalité et propose des solutions concrètes : meilleur partage des richesses, régulation des marchés liés aux biens essentiels, protections dans les domaines du social et du logement, intégration des enjeux sociaux dans les réformes écologiques, etc.
Il souhaite ainsi redonner du souffle à la démocratie et stimuler les solidarités. Christophe Robert ne manque ni d'idées ni de courage. Malgré l'âpreté du constat, son livre est une rafale de vent frais et d'optimisme !
Livre de André Gachet, édité par Chronique sociale, publié en 2023.
Mots clés : Lien social-Précarité, SDF, Milieu urbain, Rue, Accompagnement social, Action humanitaire, Travail social, Protection de l'enfance, Pauvreté, Exclusion sociale, Adulte en difficulté, Enfant en difficulté, Étranger, Réfugié, Mendicité, Souffrance psychique, Association, Solidarité, Bénévolat, Rencontre, Hébergement, Travail de nuit, Maraude, Croix rouge française, Samu social
Cet ouvrage témoigne d’ une volonté de transmettre un regard, de faire connaître, de rendre visible les invisibles de la rue. Il ne s’ agit pas d’ une enquête sociologique, ni d’ un reportage, mais de l’ observation du réel, appuyée par l’ expérience d’ un engagement dans une action collective de plusieurs décennies.
Mais au-delà de rendre visible, l’ auteur contribue à produire la connaissance indispensable pour peser sur les orientations politiques et les décisions qui en découlent. L’ engagement des associations, des militants, des riverains parfois et des personnes concernées est le plus souvent, dans un dialogue avec les pouvoirs publics, à l’ origine de la construction des réponses possibles. Il y en a de nombreuses, souvent entravées par des questions partisanes, parfois par des prises de position idéologiques, comme celle qui considère que chaque action positive en faveur des exclus et des étrangers serait source d’appel d’ air. Une posture qui permet de nier que la « crise des migrants » est en réalité la crise de l’ accueil. C’ est l’ absence de connaissance qui empêche d’ ancrer la lutte contre le mal logement dans une dimension transversale, à l’ heure où elle devrait s’ inscrire dans un mouvement et une volonté globale de résolution des crises des institutions, psychiatriques, judiciaires, pénitentiaires et de la protection sociale…
Les réponses relèvent le plus souvent du bon sens et de l’ intérêt général : utiliser les friches et la vacance immobilière pour ne pas gaspiller des moyens, élaborer des réponses pour le maintien de la cohésion familiale et la protection de l’enfance, mettre en service un habitat temporaire digne et de qualité pour attendre des jours meilleurs. Les réalisations prennent de plus en plus une place dans la Cité, et c’ est bien. Il reste beaucoup à faire. La reconnaissance de la réalité de la rue est indispensable et doit être le préalable à l’ affirmation collective d’ une volonté de changements réels vers plus de justice sociale.
Plus les chômeurs et chômeuses sont nombreux.ses, plus ils et elles sont suspecté.es d'être la cause du chômage. Tel pourrait être le paradoxe des politiques de l'emploi, en France comme ailleurs. Que celles-ci prennent les traits américains du workfare ou ceux plus européens de "l'activation", l'objectif est le même : pousser les chômeur.ses à travailler et, pour cela, conditionner les allocations à un contrôle de plus en plus strict de leur recherche d'emploi.
En replaçant les évolutions du contrôle dans l'histoire longue du chômage, ce livre montre comment son intensification dans la période récente a été pensée, mise en œuvre et justifiée au nom de la "redynamisation" des chômeur.ses, au point d'être désormais présenté comme une nouvelle forme d'accompagnement. Cette euphémisation tranche avec la virulence des discours politiques sur le sujet, tout autant qu'elle masque les effets délétères de ce traitement coercitif.
Car si le contrôle vise à adapter les comportements des chômeur.ses à des exigences institutionnelles, il s'agit aussi de satisfaire celles des entreprises. Mettre la pression sur les chômeur.ses, c'est ainsi perpétuer l'ascendant des employeurs dans le rapport de force qui les oppose aux salariés en matière de revenu et de conditions de travail. Aujourd'hui comme hier, la cause des chômeur.ses est bien celle des travailleur.ses.
Livre de Isabelle Marin, édité par Erès, publié en 2023.
Mots clés : Lien social-Précarité, SDF, Hébergement temporaire, Malade, Hôpital, Précarité, Soins palliatifs, Action sociale et médicosociale, Racisme, CHRS, Admission
En analysant de façon ethnographique le dernier maillon de la chaîne des hébergements destinés aux SDF, un LAM (Lits d’accueil médicalisés), qui accueille les plus fragiles d’entre eux, souvent en fin de vie, l’auteur éclaire le fonctionnement et les enjeux des politiques publiques d’hébergement des sans-abris. Elle pointe les incohérences de l’ensemble du système liées aux points aveugles des politiques de l’immigration et du logement.
En analysant de façon ethnographique le dernier maillon de la chaîne des hébergements destinés aux SDF, qui accueille les plus fragiles d’entre eux, souvent en fin de vie, Isabelle Marin éclaire le fonctionnement et les enjeux des politiques publiques d’hébergement des sans-abris.
Les LAM (lits d’accueil médicalisés) sont créés pour désengorger les LHSS (lits halte soins santé), et surtout l’hôpital, des SDF trop malades sans solution administrative ou d’hébergement. Cette nouvelle structure s’intègre dans le dispositif précarité et est gérée par le secteur médico-social associatif. Le LAM répond-il à un besoin spécifique non couvert par les structures existantes ? Vient-il pallier leurs manques en termes de places et de difficultés d’accès ? Est-il un "sous-hôpital" regroupant une unité de soins palliatifs et un EHPAD pour pauvres ? Que nous apprend-il sur cette grande précarité et sa prise en charge ?
L’auteure analyse les incohérences de l’ensemble du système liées aux points aveugles des politiques de l’immigration et du logement, mais aussi au déni des morts de la rue.
Livre de Serge Paugam, édité par Seuil, publié en 2023.
Mots clés : Lien social-Précarité, Solidarité, Groupe, Attachement, Lien social, Socialisation, Inégalité, Réseau, Vulnérabilité, Mouvement social, Famille, Quartier, Marginalité, Durkheim (Emile), Amérique Latine, Japon, France, Etats Unis d'Amérique
Hier comme aujourd’hui, l'individu ne peut vivre sans liens. Il passe sa vie à s'attacher - ou à se rattacher après une rupture - à sa famille tout d'abord, aux proches qu'il s’est choisis par nécessité, par amour ou amitié, à sa communauté ethnique ou religieuse, à ses collègues de travail ou à ses pairs, aux personnes qui partagent les mêmes origines géographiques, sociales ou culturelles, et bien entendu aussi aux institutions de son pays. Autrement dit, l’être humain est anthropologiquement solidaire. Ses attaches lui assurent à la fois la protection face aux aléas du quotidien, et la reconnaissance de son identité et de son existence sociale. Dans le sillage de Durkheim, Serge Paugam définit l’attachement social comme le processus d’entrecroisement de ces différents types de liens. En redonnant à cette notion une assise à la fois théorique et empirique, cet ouvrage fondamental, nourri de dix ans de recherche internationale, éclaire les multiples manières qu’ont les individus et les groupes de faire société. Il montre que ces liens libèrent le plus souvent, mais peuvent aussi fragiliser ou oppresser, se rompre ou se compenser. Leurs forces et leurs faiblesses sont inégales selon les classes sociales et elles varient selon les normes que chaque société se donne. Au terme d’une enquête comparative inédite à l’échelle mondiale (dans trente-quatre pays), Serge Paugam renouvelle ainsi la réflexion sur le développement social, les inégalités, les luttes et les formes de résistance à l’oppression. Et il interroge finalement l’ambition universaliste lorsque les frontières de la solidarité humaine s’élargissent à l’échelle de la planète.
Livre de Nicolas Duvoux, édité par Presses universitaires de France, publié en 2023.
Mots clés : Lien social-Précarité, Inégalité, Projet de vie, Classe sociale, Anxiété, Subjectivité, Patrimoine financier, Précarité, Enquête, Sociologie, Société, Conditions de vie, Statut social, Pouvoir, Don, Famille, Bourdieu (Pierre), Piketty (Thomas)
Croisant réflexion spéculative et enquêtes sur le bas, le milieu et le haut de la société, Nicolas Duvoux montre comment le sentiment de l’avenir constitue un indicateur précieux, et irremplaçable, de la position sociale. La capacité subjective à se projeter positivement dans l’avenir constitue une clé de lecture de la société au double sens où elle permet de décrire la hiérarchie sociale mais aussi de rendre compte des relations inégalitaires qui s’y nouent et de leur reproduction. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne face à la crise de l’avenir. Les plus dotés sont aussi les mieux à même de maîtriser l’avenir, individuel et collectif, ce qui entraîne anxiété et peur du déclassement au sein des classes moyennes, dépossession et insécurité radicale en bas de l’échelle sociale.
Sans renier la recherche d’objectivité scientifique mais au contraire en en raffinant les instruments, Nicolas Duvoux démontre comment la subjectivité peut servir de révélateur aux inégalités, notamment de classe sociale. Il fait ressortir l’importance du patrimoine économique à partir de la sécurité que sa possession procure – et de l’insécurité sociale endémique dans laquelle son absence plonge.
Prenant appui sur des travaux en philosophie, en psychologie ou en épidémiologie, il déploie une manière d’appréhender le monde social qui articule, sans les opposer, le présent, le passé mais aussi l’avenir tel que l’on se le projette, l’objectif et le subjectif, l’individuel et le collectif. Ce livre porte ainsi un regard sociologique sur le monde qui restitue l’épaisseur vécue de l’existence pour mieux penser les asymétries et formes de domination sociale, et il vise par là à réintégrer la sociologie dans un projet scientifique plus global.
La pauvreté se résume-t-elle à une simple question d'argent, de revenus et de patrimoine ? L'observation et l'écoute, pendant sept ans, de plus de 70 résidents d'une pension de famille à Marseille révèlent que de nombreux autres facteurs y contribuent. On retrouve chez la plupart des résidents l'isolement familial et social, une éducation et une formation défaillantes, une alimentation et une hygiène physique inadaptées ou la présence très fréquente de la violence.
L'analyse des origines de cette population démontre que l'éradication de la pauvreté ne s'annonce pas aussi évidente qu'on pourrait ou qu'on voudrait le croire. Les idées toutes faites sur les problèmes comme les solutions ne manquent pas et posent de nombreuses questions. L'auteur propose une palette de pistes de réponses concrètes allant de nos gestes du quotidien jusqu'à des mesures d'ordre législatif.
Livre de Céline Da Silva Résende, Frédérique Kaba, Solange Alleaume, édité par l'Harmattan, publié en 2023.
Mots clés : Lien social-Précarité, SDF, Accompagnement, SIAO, Travailleur social, Mobilité géographique, Hébergement temporaire, Couple, Seine et Marne
Selon la Fondation Abbé Pierre, le nombre de Sans Domicile Fixe a doublé depuis 2012 et est estimé à 300 000 personnes. Les réponses apportées par les différents acteurs concernés (Etat, Département) sont multiples et variées. Nombre de rapports de la Cour des comptes font état de l'échec d'une politique coûteuse et insatisfaisante. Cet ouvrage s'intéresse à l'accompagnement du parcours résidentiel des ménages sans domicile par les travailleurs sociaux du SIAO et "de terrain" .
Guidée par les tensions entre l'accompagnement à l'ancrage et l'injonction à la mobilité territoriale, nous aurons à évaluer comment les travailleurs sociaux font face à ce paradoxe, dans un département aussi vaste qu'hétérogène : celui de la Seine-et-Marne.
Livre de Bénédicte Bonzi, édité par Seuil, publié en 2023.
Mots clés : Lien social-Précarité, Aide alimentaire, Don, Agriculture, Bénévolat, Enquête, Urgence sociale, Violence, Libéralisme, Précarité, Action humanitaire, Économie, Restos du Coeur
En France, dans ce pays riche où l'agriculture se veut productiviste et exportatrice, une personne sur dix doit recourir à des dispositifs d'aide alimentaire. Les Restos du coeur en sont l'un des acteurs principaux. Que leur existence soit devenue indispensable révèle l'absurdité et la triple faillite de notre système agricole, malade d'un bout à l'autre de la chaîne. Mondialisé et industriel, celui-ci participe au désastre écologique en cours tandis que nombre d'agriculteurs français sombrent dans la pauvreté malgré un lourd labeur.
A travers l'incroyable travail réalisé par l'association fondée par Coluche il y a bientôt quarante ans, on pourrait croire que les dons de nourriture et de temps répondent au droit à l'alimentation. Pourtant, il n'en est rien. Sur le terrain, les bénévoles sont en souffrance. Ils constatent que leur action, loin d'aider à sortir de la pauvreté, consiste surtout à maintenir une paix sociale, en évitant des vols et des émeutes de la faim.
Car l'impossibilité à accéder à la nourriture est une violence qui s'exerce contre les plus pauvres. On sort profondément ébranlé de cette enquête dans le monde invisible du quotidien de l'aide alimentaire. Et si, dans une société démocratique, l'urgence consistait moins à donner de la nourriture que des droits pleins et entiers ?
Livre de Cédric Sadin Cesbron, édité par Erès, publié en 2023.
Mots clés : Lien social-Précarité, CHRS, Accueil temporaire, Innovation sociale, Recherche-action, SDF, Intimité, Espace, Réinsertion sociale, Accueil, Violence, Solidarité, Temps, Politique sociale, Autonomie, Accueil inconditionnel, Relation entre pairs
Conçu comme une immersion dans la vie quotidienne d'un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), cet ouvrage donne la parole aux résidents de ces structures. Ils y racontent la violence et la solidarité entre eux, les liens ambivalents aux travailleurs sociaux, leur besoin de « repos d'abord » et les attachements aux lieux.
Dans un contexte de politiques sociales en pleine mutation, qui privilégient l’accès direct au logement et remettent en cause l’hébergement social, Cédric Sadin-Cesbron, avec le concours de quatre résidents, documente la façon dont nombre d’entre eux « font comme chez eux » en CHRS, passant du statut d’hébergés à l'état d’habitants. Ainsi les injonctions à des temporalités de séjours « maîtrisées », en raison de la nature provisoire des places d’hébergement, génèrent des tensions entre tous les acteurs impliqués : pouvoirs publics financeurs, institution gestionnaire, travailleurs sociaux de terrain et, enfin, hébergés eux-mêmes.
Au-delà du simple constat, cet ouvrage propose une réflexion sur les politiques d’insertion, basées sur l'injonction à l'autonomie, telles qu’elles sont menées depuis les années 1980, et trace des pistes de travail pour repenser l’hébergement social sous le prisme de l’habitat, afin de le rendre à la fois plus efficient, digne et bientraitant.