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L’évocation de la sorcellerie par la famille comme cause de son malheur (les comportements délinquants chez l’enfant par exemple) ne saurait être considérée par un thérapeute appelé à travailler sur les interactions familiales comme un non-sens. Elle fait partie du matériel psychique avec lequel les membres de cette famille vivent et fonctionnent, matériel psychique qui oriente leurs pensées (cognitions), leurs comportements et leurs émotions. L’évocation de la sorcellerie n’est d’ailleurs qu’une demande de secours, d’aide et non un déni du problème ; c’est une plainte qui cherche réparation. Le thérapeute familial devra travailler avec la famille et modifier sa perception de la réalité (le danger et l’angoisse d’ensorcellement), usant des mises en question de cette perception et d’autres stratagèmes thérapeutiques possibles, afin d’amener la famille à faire l’expérience d’une réalité nouvelle (la vie sans angoisse d’ensorcellement).
Cet article raconte l’histoire d’un traitement progressant d’un setting individuel à une thérapie avec la famille ; celle-ci a traversé des années très douloureuses autour du divorce des parents il y a dix ans. La demande de traitement est faite par le père quelque temps après une violente altercation entre lui et son fils de 17 ans, suivie d’une rupture relationnelle. Progressivement, cette thérapie individuelle intègre les deux filles, le fils restant en marge du processus thérapeutique. Divers moyens concourent à cette thérapie « épique » : travail avec les émotions, EMDR, introduction d’une équipe réfléchissante, jeu de l’oie, et finalement mise en scène théâtrale d’Antigone réécrite par la famille et jouée par les thérapeutes avec la famille. La vidéo de cette thérapie sera visionnée par toute la famille, le fils l’ayant rejointe in extremis. Les résonances personnelles du thérapeute font écho au travail de coécriture avec le père et avec les deux filles scénaristes et interprètes d’Antigone.
Article de Olivier Real del Sarte, Nathalie Fehr Fouvy, Catherine Jobin
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 37, n° 3, septembre 2016, pp. 241-257.
Mots clés : Enfance-Famille, Psychothérapeute, Approche systémique, Formation, Thérapie familiale, Histoire familiale, Famille, Système, Intergénérationnel, Relation familiale, Méthodologie, Groupe de formation
Au travers de l’expérience d’un groupe de génogramme sur l’espace d’un an, les auteurs mettent en évidence l’utilité d’un tel processus dans la formation d’étudiants à l’intervention et à la thérapie d’orientation systémique. Quelques éléments théoriques servent de charpente à la description technique du processus réalisé. Les aspects les plus significatifs de l’intérêt à une telle démarche didactique sont illustrés par des exemples concrets tirés de l’expérience vécue par les auteurs dans le cadre du Cerfasy (Neuchâtel).
Article de Eulàlia Anglada, Muriel Meynckens Fourez
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 37, n° 3, septembre 2016, pp. 227-240.
Mots clés : Enfance-Famille, Séparation, Divorce, Parents, Enfant, Conflit, Thérapie familiale, Approche clinique, Approche systémique, Intergénérationnel, Conflit de loyauté, Parentification
Actuellement, la durabilité du couple s’avère fragile et l’expérience répétée de se séparer devient fréquente. Cet article est issu de notre pratique clinique, résultat du constat du nombre croissant de demandes de suivis pédopsychiatriques, liés à des situations de phobie scolaire chez des enfants pris dans une situation de conflit parental. Son intérêt est de discuter la question du conflit de loyauté dans les cas de séparation conflictuelle et de nous poser la question des perspectives possibles pour les thérapeutes familiaux afin d’ouvrir des pistes d’interventions.
Article de Jean Marie Villat, Catherine Ducommun Nagy
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 37, n° 2, juin 2016, pp. 129-149.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Jeunesse-Adolescence, Placement, Institution, Trouble du comportement, Maintien du lien, Thérapie familiale, Approche systémique, Internat, Maintien à domicile, Accompagnement, Environnement social, Expérimentation, Prévention, Évaluation, Fondation François Louis Borel, Suisse
Cet article présente un programme expérimental appliqué durant trois ans à la Fondation François-Louis Borel, en Suisse Romande, visant à mieux répondre à deux objectifs dans la prise en charge d’enfants et d’adolescents faisant l’objet d’une demande de placement institutionnel en raison de troubles du comportement : respecter le plus possible le droit de l’enfant à grandir dans sa famille en individualisant au maximum les modalités d’encadrement institutionnel et prévenir le risque de renforcement de la légitimité destructrice que le placement peut générer, un but fondé sur des notions issues de la thérapie contextuelle. Il se termine par une évaluation détaillée de ces résultats qui démontre des possibilités innovantes et prometteuses dans l’accompagnement d’enfants et d’adolescents par une institution.
De nombreuses femmes se sont retrouvées mères d’enfants nés d’un viol qu’elles avaient subi pendant le génocide de 1994. Ces rescapées du génocide ont été violées, torturées et parfois laissées pour mortes par les génocidaires. Elles se sont retrouvées avec des enfants qu’elles n’avaient pas désirés et dont l’existence même leur a souvent valu d’être rejetées par leur famille et mises au ban de la communauté. Les enfants considérés comme les enfants des bourreaux n’ont pas pu bénéficier d’une famille accueillante et aimante. Leurs mères n’ont pu bénéficier pour les élever ni d’un tissu affectif soutenant ni de l’aide financière octroyée pour les enfants rescapés du génocide. Nous sommes parties à leur rencontre pour voir ce qu’étaient devenues ces familles stigmatisées, précarisées affectivement et paupérisées matériellement vingt ans après les massacres. L’objectif de l’étude était de relever les fragilités et les ressources psychiques et relationnelles dont disposent ces familles, afin de dégager les moyens et les conditions d’un dispositif systémique susceptible d’aider ces enfants nés du viol et leurs mères à se relever et à se reconstruire.
Depuis 2006, en Belgique, le cadre législatif permet aux couples homosexuels l’accès à la parentalité. Ainsi, les intervenants psychosociaux sont aujourd’hui face à une réalité qui les interpelle et qui leur demande d’intervenir : travail clinique, psychoéducation, sensibilisation dans les écoles, conférences, formations … En utilisant la méthode des focus groupes, la présente recherche a investigué les attitudes des intervenants psychosociaux dans les plannings familiaux face à la thématique de l’homoparentalité. Les résultats ont mis en évidence trois dimensions : la réalité de terrain des intervenants avec les défis auxquels ils sont confrontés, leurs expériences et leurs ressentis, leurs questionnements et leurs besoins. Ces résultats pourront aider à promouvoir la santé et la qualité de vie des personnes homosexuelles en favorisant la compréhension des réactions des professionnels hétérosexuels auxquels ils sont confrontés.
Article de Catherine Denis, Julie Cengiarotti, Barbara du Fays, Lidvine Regout
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 37, n° 1, mars 2016, pp. 73-93.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Parentalité, ASE, Couple, Séparation, Conflit, Mandat judiciaire, Intérêt de l'enfant, Thérapie familiale, Approche systémique
Dans le champ de l’Aide et de la Protection de la Jeunesse, un travail familial sous mandat peut être envisagé lorsqu’un conflit grave entre des parents séparés met en danger les enfants. Après avoir envisagé les différentes manières dont la parentalité peut être atteinte par ce conflit et l’impact de celui-ci sur les enfants, les auteurs décrivent différentes modalités d’intervention destinées à travailler avec des parents séparés en grand conflit, tout en attirant l’attention du lecteur sur quelques écueils à éviter. Un travail de mise en sens de l’histoire du couple est proposé. Par ailleurs, la possibilité de coopérer, entre parents et beaux-parents, sur des aspects concrets de l’éducation des enfants est encouragée. Enfin, lorsque ces tentatives se sont révélées infructueuses, un travail dyadique entre chaque parent et son enfant est proposé, en soutien à leur relation fragilisée par le conflit parental.
Cet article retrace un processus de thérapie individuelle systémique au long cours qui, à partir du sentiment d’être dans une impasse ressenti par le thérapeute, a poussé celui-ci à proposer un changement de setting à l’homme en thérapie. Durant six mois, une équipe réfléchissante de quatre jeunes thérapeutes systémiciens a permis une nouvelle rencontre entre le patient et son thérapeute par l’utilisation notamment de métaphores ainsi que d’un travail de co-écriture d’une lettre adressée à un personnage significatif de l’histoire de cet homme. Le thérapeute autant que celui-là ont revisité ainsi des paysages oubliés où ils furent transportés : si la psychothérapie a désormais des effets apaisants dans le quotidien du patient, elle a fait resurgir chez le thérapeute une identité partiellement perdue, en relation avec ses propres loyautés familiales.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 36, n° 3, septembre 2015, pp. 277-288.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Accompagnement de la personne et identité, Thérapie familiale, Approche systémique, Personnalité, Diagnostic, Psychothérapeute, Théorie, Individu, Enfant, Idéologie, Relation familiale, Attachement
Le diagnostic de personnalité est indispensable pour les thérapeutes exclusivement systémiciens. Il est nécessaire d’intégrer dans la pensée systémique un diagnostic de personnalité basé sur la théorie de l’attachement, les réorganisations de l’attachement désorganisé et les adaptations post-traumatiques. Idées fondamentales pour combattre les risques de l’extrémisme systémique et des psychopédagogismes stéréotypés qui en découlent, comme par exemple celui de la dépathologisation ou de l’émancipation manquée du patient désigné. Nous devons récupérer la richesse de la dimension individuelle : le patient n’est pas un symbole vide dans l’organigramme d’une structure familiale.