Cet article propose de rendre compte de l’expérience de violence des professionnels du secteur sanitaire et médico-social telle qu’ils la restituent. Les données ont été recueillies grâce à une enquête de victimation qui a permis d’obtenir 444 questionnaires exploitables. Elles montrent un sentiment de sécurité partagé par près de 87 % des enquêtés et une perception basse de la violence, regroupant les trois quarts des répondants. Paradoxalement, le niveau de victimation est élevé : 58,6 % des enquêtés déclarent avoir vécu des situations violentes dont 21,8 % à répétition.

Les intervenants de terrain qu’ils soient sociaux, médico-sociaux, relevant de l’insertion socioprofessionnelle subissent des pressions sans précédent liées à un contexte de fortes contraintes. Cette situation influence leurs pratiques de telle manière que ces professionnels de l’aide produisent l’inverse de ce qu’ils recherchent vis à vis des personnes qu’ils accompagnent. Ce mouvement n’est pas inéluctable, il existe des alternatives pour envisager le travail social autrement, redonner du sens à l’intervention et permettre, aux personnes en situation difficile, d’agir sur ce qui est important pour elles.

L’auteur, connu pour ses recherches en éducation, rappelle la complexité éducative entre processus et procédures, trajectoire et cheminement, global et local dans une pensée dialectique menée avec précision et subtilité.

Chronique sociale. « Compagnons ? » raconte, au sein et au-delà des limites posées par les missions propres à la protection de l’enfance, la possible rencontre humaine entre « usager » et « professionnel ».

Cet article s’inspire d’une recherche sur la consommation de substances illicites entre parents et enfants réalisée dans le cadre d’un doctorat d’anthropologie. Il met en relief la tension normative qui réside entre administration de la preuve et secret professionnel au moment d’écrire et propose des perspectives de dépassement du blocage rédactionnel par la transformation de cette tension en outil épistémologique.

Ce texte vise à étudier quelques enjeux de l’éthique en travail social, à partir de deux situations relatives à la prévention spécialisée. L’auteur a d’abord mené des recherches sociologiques sur le sens que donnent à leur travail des éducateurs en prévention, dans un département de province très pauvre. Ceux-ci parlaient beaucoup d’éthique, dans des sens très divers, pour expliquer leur métier à un profane. L’auteur est ensuite devenu lui-même éducateur de rue, en banlieue parisienne, et s’étonne du fait qu’entre collègues, on parle très peu d’éthique lorsqu’on échange à propos du « boulot ».

L’intention ne semble jamais comprise pour elle-même, elle est presque toujours qualifiée : qu’elle soit bonne, mauvaise, pure ou inavouable. De là les considérations morales ne manquent presque jamais d’affleurer et de se transposer de l’action à l’individu qui agit. Pourtant, au cours de la seconde moitié du 20ème siècle, la réflexion philosophique tend à extraire l’intention de la morale et en fait un élément central de la compréhension de l’action. C’est alors en faisant détour par celle-ci que l’on peut enrichir nos manières de comprendre l’action, pour la sortir de la simple interprétation et utiliser la description afin de l’examiner plus finement.

Cet entretien concerne l'orientation des personnes en formation dans le social. Une formatrice questionne une étudiante sur les motivations de son changement de formation : comment passe-t-on d’éducatrice spécialisée à aide médico-psychologique ? Pour Cyrielle ce n'est pas une question de diplôme ou de niveau d'études, mais un véritable choix professionnel guidé par un instinct, des sentiments...

La contrainte est une des visées de l’éducation. Elle se manifeste dans un INTER-DIT et participe ainsi à l’émergence du désir. Ne pas le concevoir, c’est prendre le risque de réduire la relation éducative à un outil au service d’une vision mécaniciste du métier d’éducateur spécialisé.

Les pratiques éducatives consistent à créer un environnement favorable à l’épanouissement affectif, relationnel, moral, intellectuel de l’enfant. Au sein de cet environnement, le jeu a toute sa place. Mais son rôle est paradoxal : est-il un vecteur de liberté ou favorise-t-il l’apprentissage implicite de contraintes ? Appliqué au cadre spécifique de la pratique pédagogique, quelles formes revêt-il ? Quelle dialectique du jeu et de la situation pédagogique est-il possible de construire ? Cette contribution vise ainsi à établir les règles du jeu, autrement dit les fondements et les processus communs des situations pédagogiques et ludiques, en termes d’institution, d’interaction, de médiation et de rite. Une fois ce cadre établi, il sera temps d’interroger la place de la contrainte et le jeu que cela entraîne.