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La situation de ce texte présente un bon exemple des formes de médiation qui se réalisent pendant un conflit politique au Nord-est du Brésil, en observant la manière dont elles sont intégrées à la sphère privée et à la sphère publique. La situation met en évidence l’efficacité symbolique de pratiques et de significations qui se sont construites lors d’une campagne pour la justice et qui se sont déplacées du « monde familial » et du « monde politique » vers la sphère publique locale, nationale et aussi internationale, surtout par la presse. Les mobilisations contre la violence montrent ainsi comment les sentiments s’insèrent dans la politique. Les femmes y apparaissent comme les gardiennes de biens symboliques. Elles permettent la transformation du ressentiment en indignation et en protestation, tout en empêchant que prédominent les rôles traditionnels dictés par l’honneur ou la vengeance. Les différentes formes d’actions familiales s’insèrent ainsi dans un champ symbolique qui traverse de multiples cheminements. Les sentiments, en s’inscrivant profondément dans la sphère publique, façonnent des rituels obligatoires de solidarité, ainsi que des impératifs de punitions et d’oppositions. Les visions du monde concurrentes dont les sentiments sont porteurs peuvent contribuer à expliquer les coulisses de la politique.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 41, n° 2, juin 2017, pp. 167-201.
Mots clés : Justice-Délinquance, Criminologie, Sociologie, Biologie, Recherche en sciences sociales, Analyse de contenu, Discours, Théorie, Courant de pensée, Justice, Criminalité, Déviance, Délinquance, Bourdieu (Pierre), Etat unis
Cet article analyse la criminologie biosociale états-unienne, domaine de recherche cristallisé dans les années 2000, à l’aune de la théorie du champ de Bourdieu. Mêlant variables biologiques et sociologiques, le mouvement biosocial propose une science du crime étendue aux comportement antisociaux. Criminologie controversée, elle est l’œuvre principale de chercheurs qui se trouvent dominés au sein d’un champ criminologique fortement marqué par la sociologie. Bien qu’hétérogène, ce courant de recherche est généralement identifié à une minorité bruyante d’universitaires issus de facultés de criminologie et de justice criminelle peu prestigieuses. Une analyse des discours et pratiques de cette minorité bruyante permet de mettre à jour toute une panoplie de stratégies plus ou moins subversives vis-à-vis de la socio-criminologie dominante et destinées à augmenter leur volume de capital scientifique et académique.
En Espagne, en 2004 la loi organique dite « des mesures de protection intégrale contre la violence de genre » (LOIVG) est votée. Cet article, basé sur une enquête qualitative dans l’espace judiciaire créé par cette loi, explore comment sa mise en œuvre, dans ses dimensions spectaculaires et dans ses dimensions les plus banales et ordinaires, contribue à la production d’un nouveau personnage sur la scène sociale espagnole, celui de la « femme-victime ». Cette recherche s’inscrit dans un cadre plus vaste, qui s’intéresse aux mouvements récents de transformation de l’espace social des victimes en Espagne. Un espace traversé aujourd’hui par un double mouvement : il inclut toujours plus de sujets, et il s’administre et se normalise toujours plus.
Article de Claire de Galembert, Marie Sophie Devresse, Damien Scalia, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 40, n° 4, décembre 2016, pp. 375-495.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Sociologie, Droit pénal, Droits de l'homme, Sécurité, Droit international, Contrôle, Conditions de vie, Surveillant de prison, Technologie, Prévention, Danger, Enfermement, Norme sociale, Morale, Violence institutionnelle, Détenu, Administration pénitentiaire, Justice, France, Canada
Dans ce numéro spécial consacré à la réclusion et aux normativités, l’on constate que l’ensemble des contributions font, sans trop de surprise, état de la difficile articulation des priorités définies par les pouvoirs publics, l’administration, le personnel de surveillance, les détenus et les agents de contrôle. Les normativités auxquelles sont soumises ces diverses instances, de même que celles qu’elles produisent au quotidien, rien que par leur fonctionnement ou leur comportement, sont inévitablement amenées à coexister.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 214, septembre 2016, pp. 66-79.
Mots clés : Enfance-Famille, Soutien à la parentalité, Parents, REAAP, Absentéisme scolaire, Signalement, Procédure, Police, Justice, Stage, Bouches du Rhône, Marseille
Cet article porte sur un dispositif de soutien à la parentalité destiné à lutter contre l’absentéisme scolaire dans trois arrondissements du nord de la ville de Marseille : les stages parentaux. La territorialisation de cette réponse publique vise de fait les milieux populaires les plus précarisés et les plus en retrait vis-à-vis de la culture scolaire. Initié par le tribunal de grande instance marseillais, en collaboration avec des professionnels de l’éducation et du travail social, ce dispositif hybride mêle des référentiels divers (décrochage scolaire, prévention de la délinquance, etc.). Cet article s’intéresse tant aux tensions qui marquent l’élaboration d’une déclinaison locale du soutien à la parentalité, tendant à pénaliser les « défaillances parentales », qu’à la réception de cette réponse judiciaire par les parents convoqués dans cette arène judiciaire.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, 76ème année, n° 1 & 2, juin 2016, pp. 115-127.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Droits de l'homme, Discrimination, Inégalité, Accès aux droits, Justice, ONG, Empowerment
Cet article examine le lien entre participation, accès à la justice et réalisation des droits humains, paramètres qui permettent la réalisation de tous les autres droits, et donc, entre autres, du droit à la santé. L’auteur fait valoir qu’un système juridique, nécessaire pour protéger les membres de la société les plus marginalisés, ne peut être efficace que si ces personnes marginalisées participent proactivement à cette structure. Pour avancer cet argument, l’auteur mobilise la théorie du changement d’Avocats Sans Frontières (ASF), une organisation non gouvernementale internationale, et l’illustre par des exemples de son travail montrant comment des justiciables peuvent être soutenus au mieux dans cette participation proactive. Ces exemples mettent l’accent sur le fait qu’une compréhension des causes profondes de la marginalisation et de la discrimination peut guider la stratégie d’action et la mise en place d’activités. L’article conclut en décrivant le processus par lequel le pouvoir d’agir par le droit (legal empowerment) favorise la participation nécessaire à l‘installation d’un cercle vertueux qui mène à la pleine réalisation des droits humains.
Cet article propose une synthèse des résultats d’un certain nombre d’enquêtes françaises et internationales récentes portant sur les relations entre la police et le public en France, en s’appuyant sur la théorie de la justice procédurale. Les enquêtes d’opinion convergent pour montrer que ce sont les jeunes et les membres des minorités visibles qui ont l’image la plus négative de la police et lui font le moins confiance. L’article rapproche cette image négative des enquêtes qui se sont intéressées aux relations concrètes de ces groupes avec la police, marquées par l’hostilité réciproque et la discrimination policière. L’article propose ensuite une explication de cette situation en se fondant sur l’histoire de la police française et s’efforce de cerner ce qui fait la spécificité du « style » policier français dans le domaine de la sécurité publique.
Article de Marie Mercat Bruns, Aurélie Pallares Castany, Benjamin Vial, et al
Paru dans la revue Agora, n° 74, 2016 [3], pp. 56-130.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Jeune, Droit, Discrimination, Emploi, Droit du travail, Accès aux droits, Délinquance juvénile, ASE, Protection de l'enfance, Fille, Adolescent, Justice, Mineur isolé, Statut
Qu’est-ce qu’un jeune pour le droit, pour ceux qui l’élaborent ou ceux qui l’appliquent ? Comment le droit et ses acteurs construisent-ils les catégories de jeunes ? Quel sens celles-ci prennent-elles alors pour les jeunes eux-mêmes dans leurs trajectoires individuelles ? Ce dossier montre que la dichotomie entre un droit des mineurs et un droit des majeurs ne suffit pas à rendre compte des multiples catégorisations et définitions de la jeunesse qui traversent les législations dans différents domaines juridiques (droit social, droit pénal, droit des étrangers, etc.). À travers plusieurs approches disciplinaires, le dossier s’intéresse aux liens entre normes juridiques et âge social. Il souligne combien « l’âge légal » est source d’interprétations et d’appropriations multiples par tous les acteurs du droit, les jeunes y compris, et ne prend forme et sens que dans des contextes sociaux déterminés.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, tome 56, n° 4, octobre-décembre 2015, pp. 697-733.
Mots clés : Justice-Délinquance, Procès, Justice, Juridiction pénale, Décision de justice, Maladie, Soin, Santé, Individualisation
Cet article interroge l’intégration d’une approche sanitaire dans les décisions judiciaires à travers l’analyse des procédés par lesquels justiciables, magistrats et avocats mobilisent des événements de santé au cours de procès pénaux. À partir d’observations conduites pendant un an dans les trois sections d’une chambre de comparution immédiate et de la constitution d’une base de données issue de ces observations (n = 290), nous montrons que la maladie est un registre d’exploration pour les magistrats qui, poursuivant une logique d’individualisation de la peine, incitent les justiciables à révéler un « problème de santé ». Ceux qui révèlent être malades sont ensuite systématiquement questionnés sur leur engagement dans une prise en charge médicale. Les analyses de régression font apparaître que cette dernière détermine fortement la sanction pénale. Les justiciables engagés dans une démarche de soins sont « protégés » de la prison tandis que ceux qui ne se soignent pas y sont plus souvent directement conduits à l’issue de leur procès. Ces résultats et l’analyse des procédés argumentatifs par lesquels ces « problèmes de santé » sont mobilisés au cours des débats d’audience mettent en évidence les attentes à partir desquelles les juges construisent leurs décisions, qui prennent la forme de trois impératifs normatifs pesant sur l’ensemble des justiciables et conduisant à une surincarcération des plus désaffiliés d’entre eux, parmi lesquels les malades qui ne se soignent pas.