Documentation sociale

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Repenser les inégalités entre générations

Article de Camille PEUGNY, Cécile VAN DE VELDE

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 4, octobre-décembre 2013, pp. 641-664.

Mots clés : Sociologie, Inégalité, Génération, Jeune, Conflit, Marché du travail, Emploi

Par une mise en perspective de ses apports et de ses limites actuelles, cette introduction tente d'ouvrir la voie à un renouvellement de la sociologie des inégalités entre générations. Une première partie revient sur l'émergence et l'évolution du concept même de « génération » en sociologie tout au long du XXe siècle : avant d'être approchée par le prisme des « inégalités », la génération a prioritairement été définie comme élément moteur du changement social et culturel, investie sous l'angle de la « conscience » dans les travaux de Mannheim, puis sous celui des « valeurs » dans les travaux des années 1950 et 1960. La seconde partie met en perspective la montée du thème des inégalités entre générations, portée par le grand retournement des années 1970 qui affecte durablement les conditions dans lesquelles les jeunes entrent sur le marché du travail. Au-delà de ces difficultés croissantes dans le champ économique, les jeunes générations semblent tenues à l'écart des positions dominantes et des leviers du changement social, ce qui nourrit les discours autour de l'existence d'une « génération sacrifiée ». Tout en soulignant l'importance des acquis de ces travaux, une troisième partie en révèle quelques limites et appelle à l'ouverture de nouveaux fronts de recherches : penser l'articulation entre plusieurs générations pour sortir de l'opposition entre deux générations, celle des premiers-nés du baby-boom, et celle née dans les années 1960 ; penser ensemble inégalités inter- et intragénérationnelles ; articuler inégalités sociales et solidarités familiales entre générations ; poser la question d'une éventuelle conscience de génération et de ses manifestations politiques. Cette introduction se termine par une présentation des articles du numéro spécial qui, sur chacun de ces fronts de recherche, soumettent de nouveaux éléments au débat scientifique.

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Quand l'altérité revêt l'uniforme : analyse de l'ordre dominant pénitentiaire face au recrutement de travailleurs handicapés

Article de Cécile RAMBOURG

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 441-462.

Mots clés : Prison, Statut professionnel, Travailleur handicapé, Sociologie, Ordre social, Institution, Organisation, Stigmatisation, Insertion professionnelle, Handicap, DOMINATION

Cet article est issu d'une recherche consacrée à l'analyse de l'expérience de la formation aux métiers pénitentiaires de travailleurs handicapés. Il montre comment l'entrée de personnes handicapées dans le champ professionnel pénitentiaire français révèle un ordre social et professionnel dominant élaboré en réaction aux relégations dont souffrent cette institution et ces personnels. Il explore les gestes institutionnels qui contribuent à placer les travailleurs handicapés à la marge ou tentent de les assimiler et analyse les gestes individuels de reproduction. Il replace enfin ces gestes institutionnels et individuels dans une logique défensive face à la faiblesse des positions sociales de l'administration pénitentiaire française et de ses métiers.

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Au-delà des fondements politiques du génocide rwandais : une construction historico-socioculturelle de l'ethnisme

Article de El Hadj TOURE

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 463-485.

Mots clés : Génocide, Ethnie, Sociologie, HISTOIRE, Identité culturelle, Récit de vie, Témoignage, Racisme, Totalitarisme, Légitimation, RWANDA

Certes, les massacres de masse perpétrés au Rwanda par les Hutu extrémistes contre environ un million de Tutsi et de Hutu modérés ont fait l'objet de nombreux écrits depuis 1994. Toutefois, outre leur nature biographique et descriptive, certains de ces écrits surestiment la responsabilité des pouvoirs publics et de la communauté internationale. Aussi l'objet du présent article est-il de montrer qu'au-delà de ses fondements politiques, le génocide rwandais repose sur une construction historico-socioculturelle de l'ethnisme. S'appuyant sur une perspective résolument constructiviste, l'analyse concerne des récits de vie et témoignages colligés dans la littérature. Elle révèle précisément comment des schèmes racistes construits par les colons belges s'intègrent dans la culture et la société rwandaises et servent de caution à des régimes politiques totalitaires.

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Des mercenaires aux compagnies de sécurité privée : construction et pratiques de légitimation de la violence privée commerciale dans le système international

Article de Cyril MAGNON PUJO

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 487-508.

Mots clés : Violence, Sécurité, Légitimation, Sociologie, Secteur privé, Norme

La violence privée peut-elle être légitime ? Apparemment tautologique, cette proposition renvoie à la conception weberienne de l'État en tant qu'« entreprise politique [...] revendiquant avec succès le monopole de la contrainte physique légitime ». Elle mérite cependant une nouvelle analyse à l'aune du développement, récent, des compagnies de sécurité privée construites comme de nouveaux acteurs légitimes sur la scène internationale. Mettant en oeuvre diverses formes de violence physique hors des frontières nationales, ces opérateurs privés sont en effet utilisés aujourd'hui légalement et de manière croissante, par des entreprises, des États ou des organisations internationales. Ces usages massifs et diversifiés indiquent la légitimité nouvelle d'une pratique jusqu'alors condamnée moralement et juridiquement : le mercenariat. Comment comprendre alors un tel processus de légitimation d'une activité vue comme fondamentalement régalienne, mais exercée aujourd'hui par des sous-traitants privés ? Loin d'être anecdotique, l'analyse des pratiques de légitimation mises en ouvre par cette « industrie » illustre, à travers le passage du mercenariat stigmatisé à une identité redéfinie, la question plus générale de la construction d'une norme professionnelle et sociale, mais aussi celle de sa réception et de ses limites alors qu'elle est élaborée en premier lieu par des acteurs privés et qu'elle revient sur les fondements supposés de l'État moderne.

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De l'illégalité à la légitimation : la socialisation à la violence des conscrits de l'armée turque

Article de Sümbül KAYA

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 509-531.

Mots clés : Violence, Armée, Institution, Organisation, Légitimation, Sociologie, TURQUIE

L'objet de ce papier est d'étudier la formation à la violence effectuée dans les casernes turques, en amont de l'expérience combattante, afin de tester l'hypothèse selon laquelle les violences exercées et subies à l'intérieur de l'institution peuvent, par la suite, permettre aux soldats d'endurer la violence des combats. Dans une première partie, nous montrerons que les conscrits de l'armée turque en situation de non-guerre sont confrontés à une violence interne à l'institution militaire qui symbolise la mort par la violence. Nous montrerons, dans une seconde partie, qu'en contexte de guerre, la confrontation réelle avec la mort impose une reconfiguration institutionnelle face à la violence. En effet, il découle de la situation de guerre, une disparition progressive du sentiment de peur, une habituation et une distanciation vis-à-vis des atrocités de la violence guerrière chez les appelés. Parallèlement, les violences internes, qu'elles soient horizontales ou verticales, s'atténuent et sont redirigées vers un ennemi commun.

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Le public du soutien scolaire privé : cours particuliers et façonnement familial de la scolarité

Article de Baptiste COULMONT

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 3, juillet-septembre 2013, pp. 465-506.

Mots clés : Soutien scolaire, Secteur privé, Famille, Besoin, Demande, Inégalité, Sociologie, Statut social

À l'appui d'une exploitation de la partie « Éducation et famille » de l'« Enquête permanente sur les conditions de vie des ménages » (EPCV, Insee, octobre 2003), la demande de cours particuliers en France est étudiée en considérant ces cours en comparaison avec deux autres formes de shadow education - soutien gratuit et aide des proches - et dans leurs relations avec les autres actes et attitudes participant au façonnement familial des scolarités. L'article avance tout d'abord que les cours particuliers s'inscrivent, d'une part et à la différence du soutien gratuit, dans un halo de pratiques participant à la construction familiale d'un avantage sur la scène scolaire, construction associée à une forte dotation en capitaux scolaire et économique, et qu'ils participent, d'autre part et à l'instar du soutien gratuit, d'un mouvement d'externalisation de l'aide étroitement lié à la configuration du ménage. Le besoin de remédier à des difficultés scolaires perçues et les possibilités matérielles de recours apparaissent ensuite centraux dans la saisie des traits saillants de la population recourant aux cours particuliers.

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L'approche par les capacités comme registre des restructurations : un nouveau regard sur l'entreprise et le contrat de travail ?

Article de Claude DIDRY

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 3, juillet-septembre 2013, pp. 537-566.

Mots clés : Compétence professionnelle, Sociologie, Contrat de travail, Individu, Salarié, Projet professionnel, Entreprise, CHOIX

Après une focalisation sur la défense de l'emploi et le blocage des décisions managériales, les mobilisations suscitées par les restructurations font apparaître une activité de négociation tendant à lier la liberté de choix des salariés et les perspectives de l'entreprise. L'objectif de ce texte est de voir en quoi cette évolution dessine une pratique de choix qui, au-delà d'un rapport de forces entre direction et représentants des salariés, se rapproche d'une forme d'« approche par les capacités » liant, dans la perspective de Sen, liberté de choix individuel et participation aux choix collectifs. Il envisage, pour cela, le travail comme un « apport en capacité » que traduit l'engagement contractuel du salarié dans une activité commune au sein de l'entreprise. Comme mise à l'épreuve de la réalité même de l'entreprise, les restructurations apparaissent comme des moments d'explicitation et d'évaluation de cette activité commune et des engagements individuels sur lesquels elle repose, tant dans le cadre de procédure d'information-consultation des représentants du personnel que de la part des salariés eux-mêmes. Elles conduisent ainsi à lier dans un même débat projets individuels, selon une perspective fréquente de « volontariat », et vision de l'entreprise comme entité en devenir. En cela, elles dessinent des processus liant choix individuels et devenir de l'entreprise, constituant la manifestation d'une « capacité politique » des salariés et de leurs représentants.

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Trente ans de solitude... et de dépression

Article de Jean Louis PAN KE SHONG, Géraldine DUTHE

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 2, avril-juin 2013, pp. 225-261.

Mots clés : État dépressif, Isolement, Suicide, Sociologie, Crise économique, Interaction

De 1970 à 2002, la dépression a augmenté en France notamment sous les effets conjugués de l'affaiblissement de l'intégration conjugale et des modifications des règles structurant l'intériorité de l'individu. L'augmentation des divers effectifs de personnes seules a cristallisé cette moindre intégration conjugale. La crise économique qui a suivi les Trente Glorieuses, les injonctions sociales à être un soi distinct et performant sont intervenues simultanément, modifiant la régulation du sujet. En mobilisant les données relatives à la dépression et au suicide, en conjuguant les approches micro et macro, il est possible d'évaluer les effets de la progression des diverses catégories de personnes seules sur la dépression et de mieux appréhender l'impact des tensions liées à la crise économique des années 1980. L'examen en termes de chocs et d'état ordinaire du veuvage ou du chômage débouche sur l'hypothèse d'un modèle d'adaptation aux tensions, substituant une nouvelle normalité à l'ancienne, plutôt que sur celui d'une progression continue.

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Éléments pour une sociologie de l'entrepreneur-frontière : genèse et diffusion d'un programme de prévention de l'obésité

Article de Henri BERGERON, Patrick CASTEL, Etienne NOUGUEZ

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 2, avril-juin 2013, pp. 263-302.

Mots clés : Partenariat, Projet, Obésité, Prévention sanitaire, Sociologie

Cet article entend apporter une contribution à la littérature sur le rôle des entrepreneurs dans le changement social et institutionnel. Après avoir décrit les figures de « l'entrepreneur-passeur » et de « l'entrepreneur-traducteur », déjà clairement identifiées en sociologie, les auteurs proposent une troisième figure, celle de « l'entrepreneur-frontière », défini tout à la fois comme acteur à la frontière d'univers cloisonnés, objet-frontière et garde-frontière. L'étude de la genèse d'un programme français de prévention de l'obésité infantile conduit à identifier certains de ses promoteurs comme des entrepreneurs-frontières. L'article montre que ces promoteurs ont multiplié les présentations de soi pour se fondre dans un univers institutionnel traversé par de multiples frontières et conflits. Adoptant le point de vue symétrique des partenaires du programme, les auteurs montrent que leur enrôlement a reposé sur une série de projections et d'appropriations sélectives concernant l'identité des promoteurs du programme et les actions développées.

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Classement - déclassement - reclassement sur le marché résidentiel : l'exemple des occupants de logements dégradés parisiens

Article de Pascale DIETRICH RAGON

Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 2, avril-juin 2013, pp. 369-400.

Mots clés : Logement, Classe sociale, Pauvreté, Logement insalubre, Statut social, Interaction, Sociologie, PARIS

À partir de l'exemple des occupants de logements dégradés parisiens, cet article s'intéresse à l'importance de l'habitat dans les mécanismes de classement social et aux interdépendances entre les positions sociales et résidentielles chez ces personnes précaires. L'occupation d'un logement disqualifié implique une dégradation du statut dans la société, surtout pour les personnes qui font l'expérience du « déclassement résidentiel » (i.e. ne parvenant pas à se loger convenablement malgré leur relative intégration, en raison de la conjoncture immobilière). Loin d'être passifs, les mal-logés tentent de lutter contre cette déchéance et aspirent à un reclassement tant résidentiel que social grâce au logement social. Cependant, pour les plus démunis, le relogement peut être porteur d'un certain malaise quand il s'accompagne d'un « surclassement résidentiel », c'est-à-dire lorsque le statut social n'est pas « à la hauteur » du nouveau statut résidentiel. Dans leur cas, les positions résidentielle et sociale fonctionnent comme des vases communicants : contraints d'arbitrer entre logement et consommation, il leur est impossible de s'élever dans l'une des hiérarchies sans se voir rabaisser dans l'autre. Ordres social et résidentiel sont donc étroitement imbriqués et toute modification dans l'un des ordres non suivie d'une modification similaire dans l'autre ordre a des effets psychologiques et sociaux importants.

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