Comment développer le pouvoir d’agir des personnes accompagnées, lorsque des travailleurs sociaux se considèrent limités dans leurs marges de manœuvre ? Les institutions ne peuvent plus faire l’impasse sur le développement du pouvoir d’agir des professionnels.

La crise actuelle demande une actualisation et une modification en profondeur des façons d’aborder et d’assurer l’accompagnement. Le travail social et les personnes concernées sont affectés par les changements de notre société et ses problématiques. Le développement de la participation des personnes accompagnées dans les pratiques au quotidien et dans les instances dédiées à cet effet constitue un levier à déployer. Il en est de même pour le pouvoir d’agir, qui contribuera à amorcer cette évolution pour « redonner l’envie de reprendre le contrôle de sa vie ».

Des états généraux du travail social en 2012 au recrutement de personnes accompagnées en CDI en établissement de formation en travail social début 2020, le chemin a été long et difficile. Cependant, il représente la concrétisation d’une des mesures phares du plan d’action en faveur de la lisibilité du travail social, et un vrai tournant dans la prise en considération des savoirs expérientiels. C’est un élément majeur sur lequel s’appuie le travail social, et une vraie reconnaissance de l’apport essentiel des personnes accompagnées dans les formations, tant dans leur construction que dans leurs enseignements. Au-delà des difficultés politiques et administratives, cela représente une avancée qui a pu se concrétiser.

Au sein de l’institution psychiatrique, la parole des patients est souvent perçue à travers le prisme du diagnostic. Quelle place a donc le récit de leur vie ? L’utilisation qui en est faite pose la question du respect de la vie privée et de son interprétation par les professionnels. La participation des patients au sein de l’hôpital est organisée institutionnellement dans le cadre d’un système bureaucratique, quand les personnes accompagnées revendiquent la nécessité d’une écoute humanisée.

La nouvelle réforme est l’occasion de se questionner sur le sens de la formation à la relation d’aide et sur le travail social en général. Je propose de m’appuyer sur mon expérience de formatrice pour faire part de mon point de vue sur la formation en travail social au regard du changement actuel. Cette contribution a pour but d’enrichir une réflexion critique autour du champ des pratiques sociales et d’apporter des propositions constructives quant à l’organisation et au contenu de la formation des futurs intervenants et des professionnels en exercice.

Cet article, co-produit par des formateurs de l’Institut méditerranéen de formation (IMF) et des représentants du Conseil régional des personnes accueillies et/ou accompagnées (CRPA) est une réflexion sur la question de la participation des personnes accueillies et/ou accompagnées à la formation des futurs travailleurs sociaux. Plusieurs expériences se sont déroulées sur le site de Marseille. Riches de sens pour tous les participants, elles ont été restituées lors de la conférence européenne EASSW-UNAFORIS à Paris, en juin 2017. L’émergence d’autres questions soulevées lors de ces journées renforce notre intérêt à poursuivre la dynamique engagée. En effet, un des enjeux pour les instituts de formation n’est-il pas de développer la co-formation grâce au croisement des regards et à la participation des personnes concernées ?

Par le biais de leur engagement respectif, Laurence Poutrain-Mari, Sébastien Frutieaux et Christophe Blanchard ont fait de la formation et de la valorisation des compétences des personnes fragilisées un des points de convergence de leur rencontre. A travers un entretien croisé, ils reviennent chacun sur les enjeux de la formation des travailleurs sociaux et, plus globalement, interrogent la réelle prise en compte des désirs des personnes accompagnées.

Nous pouvons constater que la participation à marche forcée pour tous (professionnels et publics) conduit à son échec. Face au risque d’instrumentalisation de la notion de développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités (DPA-PC), il apparaît déterminant d’accorder une place centrale à cette question : la participation favorise-t-elle l’action concrète des personnes par rapport à ce qui est important pour elles ? Nous présentons quelques expériences qui vont dans ce sens.

La démocratie participative s'apparente bien souvent à une injonction participative : une offre institutionnelle descendante et contre-productive pour enrayer la crise démocratique. La participation citoyenne peut cependant être un levier efficace - et révolutionnaire - pour régénérer la démocratie, toujours en chantier. Sous certaines conditions, elle peut renouveler les politiques publiques sur un mode ascendant, en s'appuyant sur l'expertise des personnes concernées et la codécision. Elle peut stimuler l'interpellation des institutions et l'émancipation des personnes, en particulier les plus précaires et éloignées de la parole publique. Aujourd'hui, elle peut et doit compter avec de nouveaux partenaires, les acteurs communautaires.