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L’auteur propose un retour sur certains travaux de sciences humaines à propos des familles homoparentales, son objectif étant d’interroger les notions qui nous permettent de rendre compte des changements dont ces familles sont porteuses. Il examine notamment deux notions souvent rencontrées dans les travaux sur les nouvelles formes de familles : la désinstitutionnalisation et la désexualisation. La première, spécifiquement sociologique, semble échouer à décrire le travail complexe de réinstitution de la famille qui est à l’œuvre tant dans le droit que dans les familles homoparentales elles-mêmes. La seconde montre sa pertinence dans le champ socio-anthropologique mais pose question si l’on s’appuie sur les recherches d’orientation psychanalytique auprès de ces configurations familiales. En effet, si, du point de vue anthropologique, l’instauration de la disjonction entre sexualité et reproduction ne fait pas de doute, il en va tout autrement du point de vue des processus psychiques inconscients qui accompagnent le devenir parent en appui sur la représentation d’une scène primitive et sur des fantasmes de bisexualité psychique.
Paru dans la revue Enfances & psy, n° 91, 2021, pp. 9-149.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Enfant, Adolescent, Personnage, Culture, Cinéma, Jeu vidéo, Sociologie, Anthropologie, Mythe, Christianisme, Idéal du moi
Durant ces deux dernières décennies, les super-héros ont conquis petits et grands et sont désormais partout, dans les familles, les cours de récréation et les bureaux de consultation. On ne compte plus les adeptes de ces récits extraordinaires mettant en scène des héros aux pouvoirs surnaturels, capables de sauver les plus faibles ou d’empêcher la destruction de la planète. À leurs côtés, les super-vilains ne sont pas en reste et sont eux aussi plébiscités par le public.
Les auteurs de ce numéro interrogent cet engouement pour l’exception que représentent les supers- : dans quelles traditions s’inscrivent-ils (mythologies, religions du livre, récits eschatologiques…) ? Pourquoi font-ils tant rêver ? Que viennent-ils révéler de nos idéaux, de nos symptômes et de nos désirs ? Comment, enfin, peut-on y trouver des supports pour penser la clinique auprès de l’enfant et de l’adolescent, et mobiliser des ressources thérapeutiques ?
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 31, printemps 2021, pp. 15-26.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Adolescent, Altérité, Anthropologie, Approche historique, Aptitude, Attitude, Autonomie, Identité sociale, Individu, Jeune, Société, Sociologie
L’adolescence est une création sociale récente, mais elle pose un problème général qui est celui de la sortie de l’enfance. À ce problème, de nature anthropologique, tout homme et toute société ont, et ont eu, à se confronter. Cependant, si la question du début de l’adolescence ne fait pas véritablement problème, il n’est pas de même aujourd’hui de celle de sa durée et de sa fin. Les sociétés occidentales prolongent de plus en plus la période de la jeunesse sans toujours bien faire la différence avec l’adolescence. Plus encore, plusieurs auteurs en font aujourd’hui des « sociétés adolescentes » du point de vue de leur fonctionnement. Pour s’y retrouver dans ces questions, il faut creuser les processus qui s’enclenchent à la sortie de l’enfance avec « l’émergence à la personne ».
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIII, n° 1, janvier-mai 2020, pp. 123-133.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Autisme, Classification, Handicap, Psychiatrie infantile, Sociologie, Anthropologie
Après avoir redonné l’étymologie du terme de handicap, les auteurs mettent en perspective les deux grandes classifications internationales du handicap pour en montrer les différences, soit la Classification internationale du handicap (la CIH) et la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF). Après quoi, ils envisagent le concept de handicap en pédopsychiatrie en évoquant le cas particulier de l’autisme, et ils présentent ensuite les approches socio-anthropologiques du handicap. Le travail se conclut sur l’importance de la dialectisation des points de vue dans la perspective de la notion « d’écart » ou « d’entre » de F. Jullien.
Paru dans la revue Le Journal des psychologues, n° 377, mai 2020, pp. 49-55.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Anthropologie, Sociologie, Psychologie, Corps, Souffrance
David Le Breton revient sur les thématiques de ses recherches qui se situent au croisement de plusieurs champs d’épistémologie, dont l’anthropologie qui, selon lui, se doit d’avoir une vision illimitée du monde. De même qu’il rappelle que ce que la vie a fait de nous, nous pouvons aussi la défaire pour nous reconstruire. C’est à cette introspection du monde et de soi à laquelle l’auteur se livre ici, en nous faisant partager une de ses passions, la marche. Marcher, c’est être libre en soi, une façon de se positionner à la frontière.
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 28, automne 2019, pp. 47-57.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Anthropologie, Égalité des chances, Étude de cas, Ethnologie, Intégration, Précarité, Relation d'aide, Reconnaissance, Psychosociologie, Sociabilité, Socialisation, Société, Sociologie
Basé sur une étude ethnographique de quatre ans (2009-2013) au marché des biffins – vendeurs-récupérateurs d’objets trouvés dans les poubelles – de la porte de Montmartre (Paris, 18e arrondissement), et suivant une approche socio-anthropologique réflexive et résolument anti-misérabiliste, cet article propose d’étudier les socialités alternatives aux socialités dominantes que lesdits biffins s’efforcent de produire : des socialités où l’égalité s’oppose aux subordinations, la réciprocité à la relation d’aide, l’intégration à l’exclusion et l’intégration positive à l’intégration négative. Si ces socialités connaissent des limites, que cet article se donne aussi pour tâche d’affronter, elles n’en laissent pas moins ni de produire des effets ni de traduire les espoirs de ceux-là mêmes dont les espoirs se voient si souvent contrariés.
De "Nuit debout" aux "Gilets jaunes", l'actualité sociale et politique est révélatrice d'une crise des institutions dont les décisions et le mode de fonctionnement sont de plus en plus critiqués. Robert Lafore livre aborde le fait institutionnel autour de cinq questions simples : qu'est-ce qu'une institution ? D'où viennent les institutions ? Pourquoi cette défiance vis-à-vis d'elles ? Comment s'adaptent-elles à la société ? Comment sauver les institutions et donc la société ? Plus que " vivre ensemble ", c'est désormais " faire ensemble " que revendiquent bon nombre de Français. Comment les institutions peuvent-elles mieux prendre en compte les aspirations des individus ? En plus de présenter une histoire inédite des théories institutionnelles, il avance quelques pistes d'évolution démocratique, afin de garantir l'équilibre entre l'individu et le collectif.
Alors que nos sociétés libérales sont fondées sur des valeurs qui ne trouvent trop souvent du sens qu'à travers la compétition, Gauthier Chapelle et Pablo Servigne - l'auteur du succès de librairie «Comment tout peut s'effondrer» - commettent ici un ouvrage majeur. Au modèle de « la guerre de tous contre tous », ils proposent de substituer une vision du vivre-ensemble basée sur l'entraide. Car en balayant l'éventail du vivant - des bactéries aux sociétés humaines en passant par les plantes et les animaux -, il apparaît clairement que les organismes qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas les plus forts, mais ceux qui s'entraident le plus...
Livre de Martine Segalen, Agnès Martial, édité par A. Colin, publié en 2019.
Mots clés : Enfance-Famille, Famille, Sociologie, Évolution, Institution, Approche historique, Anthropologie, Parenté, Classe sociale, Mariage, Couple, Concubinage, Divorce, France, Europe
Peu d'institutions sont à la fois aussi explorées et mal connues que la famille. Celle-ci fait l'objet d'un discours politique et médiatique qui se renouvelle sans cesse, sans jamais s'épuiser ; chacun de nous est tenté par ailleurs de juger de la famille à partir de la connaissance intime, mais nécessairement partielle, voire partiale qu'il en a... Tout en conservant les développements historiques en raison de leur intérêt théorique et méthodologique, cette neuvième édition continue de discuter les liens entre institution familiale, questions migratoires ou relatives au travail et à l'emploi, politiques publiques.
A côté de ces thèmes classiques, elle intègre des débats neufs relatifs à la montée de l'individualisme, à l'émergence de la question du genre ou du rôle d'Internet. Elle donne un large écho aux discussions relatives au " mariage pour tous " , comme à celles qui concernent les nouvelles techniques et pratiques de reproduction qui transforment profondément le champ de la filiation. A l'aide de données statistiques remises à jour, elle compare l'évolution respective de la situation de l'institution familiale dans le cadre européen.
S'appuyant sur un ensemble de travaux neufs, grandes enquêtes longitudinales ou travaux plus pointus d'anthropologie, la neuvième édition de ce classique offre une vision renouvelée du champ familial.
Comment dire le mal-être au travail ? Que faire des émotions ressenties au travail, celles quon ne peut pas exprimer parce quon se révèlerait « trop sensible », ou pas suffisamment « performant » ni « professionnel » ? Comment dire la peur, celle qui est jugée « irrationnelle » ? Considérés comme des « ressources humaines », les travailleurs narrivent plus à donner du sens à ce quils vivent.
Nourri dune recherche socio-anthropologique, cet ouvrage présente une analyse du langage utilisé dans le management en articulant les registres de la pensée, de léprouvé et de laction. Avec des illustrations saisissantes et des références théoriques diversifiées, lauteur analyse les dévastations quoccasionne le management moderne en toute tranquillité, en toute impunité :celui-ci ne provoque pas seulement du mal-être au travail. Par lutilisation de sa novlangue, il participe aussi et surtout au corsetage des imaginaires, au façonnage des univers symboliques, au formatage des émotions, à lécrasement des intelligences individuelles et collectives.
Agnès Vandevelde-Rougale ne se contente pas de démonter le processus dintériorisation du discours dominant, elle souligne le potentiel de résistance de lindividu et les voies qui soffrent à lui pour se dégager de ces entraves langagières et faire face à la violence plus ou moins ordinaire à luvre dans les organisations.
Diplômée de lÉcole supérieure des sciences commerciales dAngers et docteure en anthropologie et sociologie, Agnès Vandevelde-Rougale est socio-anthropologue, chercheure associée au Laboratoire de changement social et politique (université Paris Diderot-Paris 7), membre du Comité de rédaction de la revue ¿Interrogations?, membre du Conseil dorientation du Réseau international de sociologie clinique, membre du Bureau du réseau thématique « sociologie clinique » de lAssociation française de sociologie.