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Une situation d’urgence en CMPP. Le lâcher-prise du soignant permet, quand cela le nécessite, d’accueillir l’événement là où celui-ci se produit pour en faire un moment clinique agi qui s’inscrit dans le parcours de soin dans un projet de symbolisation. Cela passe par l’événement devenu scénographie temporo-spatiale, véritable médiation dans le suivi des populations d’enfants et de familles présentant des inorganisations identitaires, empêchés de latence.
La présence d’un TSA chez l’enfant oblige sa famille à mettre en œuvre des stratégies défensives pour lutter contre le déséquilibre psychique groupal. De ce fait, les trajectoires thérapeutiques plurielles visent l’apport des soins multiformes à l’enfant. Notre recherche auprès des membres de deux familles différentes rencontrées dans un centre psychoéducatif permet d’appréhender l’effet de la coprésence des types de soins sur la souffrance psychique vécue. Les résultats montrent que l’itinéraire thérapeutique est parsemé d’obstacles ne favorisant pas un travail de symbolisation de la souffrance par les membres de la famille. Il demeure toutefois la prédominance accordée aux soins culturels exacerbés par ses représentations issues du contexte sociétal des familles. La coprésence des types de soins est vécue péniblement d’où la nécessité d’un accompagnement psychologique visant l’équilibre psychique des sujets.
Paru dans la revue Empan, n° 131, septembre 2023, pp. 80-92.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Pluridisciplinarité, Adolescent, Soin, Psychopathologie, Prise en charge, Jeune en difficulté, Rencontre, Reconnaissance, Relation soignant-soigné, Narcissisme, Psychisme
Comment définir et approcher ces populations d’ados au comportement difficile et aux situations environnementales complexes, ces sdf psychiques, petits Pinocchio de la vie ? Parfois inclassables psychopathologiquement, inadaptés scolairement et incasables socialement, mettant en échec toute proposition de soin. Ils se définissent négativement : ni psychotiques, ni névrotiques, ni pervers, ils présentent en fait des inorganisations identitaires narcissiques précoces. Appelés abusés narcissiques, ils méritent une approche psychopathologique fine et posent la question du soin.
Paru dans la revue Empan, n° 131, septembre 2023, pp. 34-39.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Relation soignant-soigné, Soin, Tolérance, Psychothérapie, Folie, Psychiatrie, Temps
L’auteur part de la phrase de Rickman : « La folie, c’est ne pas pouvoir trouver quelqu’un qui vous supporte », pour envisager les différents sens de « supporter » à partir de Winnicott et prendre aussi en considération la capacité des soignants à supporter le non-changement. Une vignette clinique aborde la question du soin psychique de base en institution comme entrecroisement de regards et d’écoutes incarnés, différenciés et non interchangeables, qui viennent borner un espace de circulation psychique permettant au patient d’investir à dose supportable une relation.
Paru dans la revue Empan, n° 131, septembre 2023, pp. 25-33.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Groupe d'appartenance, Soin, Travail d'équipe, Implication personnelle, Participation, Créativité
Le lien soignant relève d’un travail de Sisyphe. Il suppose la construction d’appartenances groupales et institutionnelles, et simultanément la mise en place de différences structurantes ; l’assurance pour chacun de se savoir participer d’une histoire commune, et celle d’être reconnu dans une place singulière. C’est la qualité d’une telle construction collective qui conditionne la capacité soignante et autorise une plus grande tolérance à la déliaison, aux morcellements, et aux angoisses, inhérents aux rencontres cliniques.
Article de Michel Botbol, Michel Defrance, Pauline Martin
Paru dans la revue Les Cahiers de l'Actif, n° 564-567, mai-août 2023, pp. 97-110.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, ITEP, Trouble du comportement, Soin, Adolescent, Enfant, Contention, Relation familiale, Inclusion, Vie quotidienne, Pratique professionnelle
La complexité des processus de construction de soi, éducatifs et de socialisation dans nos sociétés occidentales est devenue prégnante. L’évolution anthropologique du rapport à l’autre, qui affirme la singularité des personnes au détriment du lien social, percute les pratiques professionnelles du soin, de l’éducatif et du pédagogique. Ce n’est pas tant l’évolution des troubles qui pose question que leur expression dans ce contexte. Le passage des ITEP au DITEP illustre très bien comment les institutions et leurs acteurs y répondent.
Paru dans la revue Perspectives psy, vol. 61, n° 1, janvier-mars 2022, pp. 46-53.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Relation familiale, Prise en charge, Soin, Accompagnement, Soutien psychologique
Cet article traite de l’aide pédopsychiatrique pour certains adolescents qui vont mal de façon prolongée et expriment leur souffrance par des symptômes externalisés (passages à l’acte, violence, tentatives de suicides...). Il insiste sur le fait que de tels adolescents sont en décalage avec les représentations socioculturelles les plus courantes concernant l’adolescence, parfois aussi avec celles de certains professionnels qu’ils rencontrent. Souvent, ils ne sont pas tant acteurs d’un processus d’autonomisation et d’affirmation de soi que prisonniers d’un blocage des liens intrafamiliaux. L’établissement d’un lien personnel avec eux peut s’avérer très difficile. Aussi leurs difficultés sont à considérer sous l’angle d’une « clinique de situation » prenant en compte le système d’appartenance de l’adolescent. Bien que l’incertitude évolutive soit importante, quelques éléments peuvent favoriser le projet de soins : l’accueil bienveillant d’une demande diffractée et portée par plusieurs personnes, l’implication des parents voire d’autres proches dans les consultations, la multiplicité et la diversité des soignants de façon à assurer la continuité des soins pour une durée suffisante. Une observation clinique de plusieurs années, centrée sur la description des étapes d’une prise en charge d’une adolescente, illustre ce propos. Elle montre aussi que le déroulement des soins ne répond pas à un projet défini à l’avance, mais est un cheminement qui se fait en fonction des événements et des évolutions qui se présentent. Comment réussir à accompagner l’errance de l’adolescent en créant avec lui et ses proches un groupe thérapeutique à la fois souple et solide ?
L'accueil constitue l'amorce de tout processus thérapeutique. Cet instant fugace convoque les espoirs et les craintes des protagonistes de la relation de soin, mobilise les préjugés, amorce la dynamique transférentielle, provoque - ou pas - les résonances, et ouvre ou ferme les portes d'une possible rencontre. Malgré toute l'importance de ce premier instant qui balisera la rencontre, l'accueil fait relativement peu l'objet d'études approfondies. Notre recherche part de la question suivante : "Qu'est-ce qu'accueillir dans le champ de la santé mentale ?". Elle vise à proposer une conceptualisation en explorant le sens donné par des professionnels au sein de services d'urgences psychiatriques. L'analyse par théorisation enracinée (Glaser et Strauss, 1967) a permis de dégager quatre catégories conceptuelles : (1) processus singulier ; (2) intentionnalité ; (3) entre je(u) ; (4) ritualisation de l'accueil.