PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 42, n° 3, septembre 2018, pp. 465-499.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Sociologie, Médecine générale, Santé, Norme sociale, Pathologie, Entretien, Médecin, Relation soignant-soigné, Déviance
Le présent article se propose d’interroger le processus de normalisation à l’œuvre, au sein de la médecine générale, à partir d’un triple corpus des données recueillies dans plus de 800 articles de la revue Prescrire et une série d’entretiens auprès des médecins généralistes exerçant en libéral (N = 20) et étudiés en amont dans le cadre des séances d’observation in situ dans leur cabinet médical (N = 100h). L’ambition dépasse le seul cadre d’une sociographie des pratiques des soins et rend compte du contexte normatif qui cherche à réguler la production du pathos porteur de label médical. Étudiées au prisme des normes véhiculées dans la revue Prescrire, les relations soignants/soignés en œuvre dans les cabinets des généralistes participent de la fabrique des « anormaux », au même titre que les représentations qui parcourent les récits de ces soignants. L’article montre alors la place centrale que la médecine générale occupe au sein de ce processus, face à l’obsession contemporaine de la normalité, recouvrant à la fois l’élaboration collective des conduites individuelles, jugées non conformes selon un état de santé estimé pathologique, et le projet sociomédical de les « corriger ». Signaler la déviance biologique suffirait-il alors pour générer de la déviance sociale ?
Article de Axelle François, Anne Marie Nolet, Carlo Morselli
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 42, n° 2, juin 2018, pp. 389-419.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Détenu, Sociabilité, Réseau d'information et de communication, Internet, Réinsertion sociale, Interaction, Québec (Province du), Montréal
Prenant appui sur les recherches actuelles dans le traitement de la délinquance et mobilisant l’analyse des réseaux sociaux, cet article interroge l’influence de la sociabilité carcérale sur les perceptions individuelles à l’égard de la réinsertion. Les résultats d’une enquête menée auprès de 22 résidents d’une maison de transition située à Montréal suggèrent que plus le niveau de sociabilité carcérale est élevé, plus les résidents ont une vision négative de leur réinsertion, et inversement. En cohérence avec le phénomène général d’institutionnalisation, ce résultat et l’étude dans son ensemble autorisent la réflexion quant aux interventions conduites auprès de personnes contrevenantes.
Article de Adeline Bouchet, Alix Garnier, Olivier Vors
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 42, n° 2, juin 2018.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Harcèlement moral, Bouc émissaire, Concept, Analyse comparative, Sociologie, Victime, Élève, Violence, École, EPS, Étude de cas
L’originalité de cet article s’inscrit dans la différentiation des phénomènes de harcèlement scolaire et bouc émissaire au sein même de la classe. Cette étude de cas a pour but d’étudier in situ les processus victimaires à l’œuvre auprès d’un élève, Younes, au sein des cours d’éducation physique et sportive (EPS). Selon un ancrage situé de l’action, nous décrivons et analysons les faits de violence et leurs significations pour les acteurs. Les résultats montrent que la victime de harcèlement scolaire subit de nombreux actes de violences, tant physiques que psychologiques. De plus, cette analyse met en évidence que la victime de harcèlement peut aussi être un bouc émissaire en acceptant, de manière inconsciente, d’entrer dans un processus de dépersonnalisation.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 42, n° 2, juin 2018, pp. 277-323.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Détention, Coût, Évolution, Financement, Suisse
Cet article étudie l’évolution du coût de la détention dans le canton de Vaud entre 1845 et 2015. Il met en lumière que les prisons sont loin d’entraîner un coût exorbitant pour les finances publiques. En effet, le travail des détenus et la vente de produits qui en résulte permettent à l’État de dégager des recettes importantes ; certaines années, des établissements de détention parviennent même à couvrir la quasi totalité de leurs frais de fonctionnement grâce au travail des prisonniers. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, malgré l’augmentation du coût de la détention, notamment provoquée par la hausse des salaires du personnel pénitentiaire, le budget des prisons continue à absorber une part modeste du Produit intérieur brut. Ce constat permet de questionner les discours répandus autour du prétendu coût exorbitant de la détention, ainsi que leurs potentielles instrumentalisations politiques.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 42, n° 2, juin 2018, pp. 243-275.
Mots clés : Justice-Délinquance, Sanction pénale, Opinion publique, Sociologie, Droit pénal, Évolution, Légitimation, Victime, Théorie, Justice, Canada
Cet article porte sur les références à la notion d’opinion publique dans les débats parlementaires canadiens visant l’adoption de lois pénales plus sévères. La confiance du public dans l’administration de la justice est alors au cœur des préoccupations législatives et engendre une stratégie de « séduction » qui va jusqu’à loger au second rang l’objectif de la protection de la société. Cette stratégie parait s’appuyer sur des fondements du droit de punir différents de ceux auxquels les théories de la peine de la « rationalité pénale moderne » de Pires (1998, 2001) avaient pu nous habituer depuis le milieu du XVIIIe siècle. Nous y voyons, au cœur même de cette rationalité pénale, l’émergence d’une théorie de l’approbation publique et de nouveaux obstacles à l’évolution du droit criminel moderne.
Article de Florent Castagnino, Julien Larregue, Kamel Boukir, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 42, n° 1, mars 2018, 239 p..
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Sociologie, Recherche en sciences sociales, Chercheur, Objet de recherche, Criminologie, Contrôle, Trafic de drogue, Police, Criminalité, Réseau, Comparution immédiate, Prison, Détenu, Participation
Déviance & Société a choisi d’organiser un concours pour les jeunes chercheurs, ceux qui ont soutenu leur thèse postérieurement au 1er janvier 2011 ou qui sont encore en train de la rédiger. Manifestement, l’initiative a trouvé un écho : le Groupe de travail a reçu 17 propositions. Dix articles ont passé la phase d’admissibilité...
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 41, n° 4, décembre 2017.
Mots clés : Justice-Délinquance, Femme, Détenu, Prison, Mère, Maternité, Enquête, Sociologie, Enfant, Maintien du lien, Souffrance psychique, Culpabilité, Projet de vie, Motivation, Turquie, Istambul
Le nombre des femmes incarcérées est en augmentation rapide dans les populations carcérales du monde entier tout comme en Turquie. Dans la sphère carcérale, le féminin désigne avant tout le féminin maternel : l’une des différences fondamentales de celles-ci avec les hommes est le fait que la plupart des femmes détenues sont des mères. Les femmes incarcérées – avec leur enfant ou non – sont attachées à leur identité de mère même si elles ne se trouvent pas dans un environnement idéal pour materner. La prison complique radicalement l’exercice de la maternité alors que la « condition maternelle » leur procure des ressources matérielles et symboliques pour la vie quotidienne des femmes détenues. Elle représente une source d’espoir et de motivation pour le changement personnel tout en provoquant également les sentiments de culpabilité, de souffrance et d’échec partagés sans exception par toutes les mères incarcérées. À partir des données d’un travail de terrain mené dans l’unique prison pour femmes d’Istanbul – la prison de Bakırköy – entre les mois d’avril 2011 et de mai 2012, cet article traite de l’exercice de la maternité des femmes détenues en Turquie en utilisant les outils de la sociologie carcérale.
Cet article présente quelques considérations méthodologiques, épistémologiques et éthiques concernant une utilisation « décalée » des statistiques en justice pénale. Un tel usage est qualifié de « décalé » en ce qu’il cherche à identifier, non pas les prédicteurs relatifs à la récidive des infracteurs, mais les prédicteurs relatifs aux activités (avis et décisions) des décideurs pénaux. Produire un tel type de données statistiques peut s’analyser comme une contre-conduite (de la part du chercheur) cherchant à en produire d’autres dans le chef des détenus et des décideurs. L’article illustre cet usage décalé à partir d’une recherche relative à la prise de décision en matière de libération conditionnelle en Belgique.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 41, n° 4, décembre 2017, pp. 511-540.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Médicament, Psychotrope, Consommation, Sociologie, Risque, Motivation, Enquête, Représentation sociale, Anxiété, Stress, Trouble du sommeil, Travail scolaire, Créativité, Jeune, Typologie, Addiction
Cet article porte sur le détournement de médicaments psychotropes chez les jeunes. Il est issu d’une recherche conduite en 2015 et financée par l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies. Ces pratiques méritent d’être examinées dans un contexte de diffusion massive des produits médicamenteux et de trouble des frontières entre leurs fonctions thérapeutiques et leur mobilisation dans le cadre d’usages récréatifs, de pratiques dopantes ou de conduites addictives. S’agissant des jeunes en particulier, les fonctions attribuées à ces substances dans le cadre d’usages détournés demeurent très peu documentées alors que ces pratiques interviennent à un moment crucial de la formation personnelle. À partir d’une revue de la littérature internationale réunissant les connaissances actuellement disponibles et d’une enquête qualitative inédite conduite directement auprès de jeunes, l’article se penche sur ces conduites d’usages détournés de médicaments en les mettant en perspective avec les épreuves de la vie juvénile. Globalement, il s’agit de mieux comprendre quelle est l’expérience de ces jeunes qui font un usage détourné de médicaments et quelle est la dynamique de leurs trajectoires de consommation.
Cet article s’intéresse aux expertises médico-légales des victimes de violences sexuelles et aux relations entre les policiers demandeurs de ces rapports et les médecins légistes qui les rédigent. Notre analyse distingue deux situations : celles où le certificat médical fait état de constats de lésion, et celles où le certificat ne constate aucune lésion physique. Cette dernière situation met à l’épreuve les rapports entre policiers et médecins légistes, et montre que chacun des deux groupes professionnels entretient des rapports différents à la victime.