Après un retour sur la socio-histoire de la prise en charge des jeunes adultes déficients intellectuels, l'article évoque, sur la base des expériences menées dans un dispositif pilote, les modalités d'un accompagnement global vers le milieu ordinaire de travail : autour du jeune, de sa famille, des acteurs de la formation, du monde de l'entreprise, un maillage de ressources et d'outil permet de gérer cette transition dans une logique de continuité.

En 2000, l'Europe réaffi rme la nécessité à tout citoyen en situation de handicap, de mener une vie normale au sein de la société. En 1968 un précurseur, le pasteur Masson, s'inscrivant dans la dynamique de la désinstitutionnalisation, militait pour la création de structures d'accueil proposant un accompagnement social et professionnel. Ainsi fut créée en 1969 une institution protestataire, le Cart de Poitiers. 40 ans plus tard l'établissement mène toujours le combat de l'intégration sociale et professionnelle des personnes handicapées mentales en milieu ordinaire. Si les anciens usagers et leurs familles plébiscitent largement ce type d'établissement, les pouvoirs publics eux sont dans l'expectative, ils s'interrogent sur l'opportunité d'une approche globale dans la mise en oeuvre de leurs propres orientations politiques. Ainsi les perspectives d'insertion pour des jeunes gens de 16 ans en situation de handicap restent soumises au bon vouloir des politiques médico-sociales du moment.

L'éducation de l'enfant sourd a longtemps été regardée par le prisme de l'institution spécialisée. Ce qu'il devenait à la sortie de cette institution restait plutôt fl ou. On tronçonnait le parcours, sans réelle cohérence, et sans réellement se préoccuper de l'après. La loi du 11 février 2005 a permis à la personne sourde de devenir davantage demandeur de systèmes de compensation. En envisageant la personne en situation de handicap dans sa globalité, de nouveaux dispositifs se sont créés, privilégiant la transversalité en intervenant auprès de l'usager de façon personnalisée et contractuelle. Ces services sollicitent chaque fois que possible les dispositifs de droit commun et tout en coordonnant parcours et projets personnalisés, informent, sensibilisent, adaptent ce droit commun à mettre en oeuvre les moyens utiles à l'insertion de la personne sourde ou malentendante. Diapasom est une association de parents qui a oeuvrée pour la création de ce dispositif visant à envisager l'accompagnement de l'enfant en intégrant les besoins de l'adulte qu'il deviendra.

La place des personnes en situation de handicap au sein de l'espace social est un thème aux multiples entrées qui interroge le fondement de toute organisation sociale. Le texte propose une étude de la question à partir de l'observation d'un rite dans une institution spécialisée dont la fonction est de préparer le passage vers l'âge adulte. Ce texte étudie les modalités de l'acquisition de ce nouveau statut d'adulte et interroge son contenu. Il tend à montrer que l'élaboration d'un espace ritualisé organisé à partir d'un critère d'âge, la majorité, modifie l'organisation des prises en charge institutionnelles. Le rite inscrit symboliquement l'initié dans l'espace social, lui donne accès à une pratique favorisant son autonomie. Il répond aux exigences de l'initiation, telle que la défi nit l'ethnologie, en éloignant l'initié du monde de l'enfance. De plus, cette initiative permet une forme d'accompagnement des usagers qui offre de nouvelles perspectives de travail avec les familles. Les relations parents-usagers et parents-professionnels se trouvent modifi ées. Ce travail des professionnels autour de l'âge calendrier des personnes accompagnées va permettre une médiation entre les professionnels, les familles et les usagers, un espace pacifi é entre les générations. Il offre la possibilité aux majeurs d'acquérir de nouvelles compétences et d'envisager un autre rôle dans l'espace social. Mais l'initiation reste ambiguë, car son organisation se limite au sein de l'institution, replaçant ainsi l'individu dans un statut de personne en situation de handicap mental.

Le passage à l'âge adulte est communément considéré comme une période de transition définie selon le franchissement de seuils professionnels et familiaux. L'étape de la décohabitation est inscrite dans ce mouvement d'autonomisation attendu vis-à-vis de la cellule familiale. Nous proposons dans cet article de montrer des processus de décohabitation de jeunes adultes souffrant de troubles psychiques. En nous appuyant sur des résultats obtenus par une enquête longitudinale de trois ans auprès de 21 jeunes adultes usagers des services dédiés à la santé mentale, nous verrons que la décohabitation parentale ne signe pas la fin des solidarités familiales et ceci malgré des supports institutionnels ou l'accès à des ressources fi nancières.

Cet article met en évidence l'importance du concept d'autodétermination dans l'émergence de l'identité personnelle de l'adolescent en situation de handicap. Deux recherches ont été menées. La première décrit la mise en oeuvre d'un nouvel outil pédagogique visant le développement de l'autodétermination de cette population. La seconde décrit les effets bénéfi ques d'une formation au concept d'autodétermination auprès des parents et des intervenants proches des adolescents. Les résultats ont montré un impact positif sur la qualité de vie, le concept de soi, la communication et l'autodétermination. Des perspectives sont envisagées en fin d'article.

L'extension du concept d'accessibilité, d'abord circonscrit dans le champ des locaux et de la mobilité physique, à l'ensemble des situations de handicap et à tous les domaines d'activité sociale peut être mise en relation avec la notion de conception universelle, c'est-à-dire avec le principe d'universalité d'une cité conçue pour tous. Mais si la loi de 2005 consacre officiellement l'accessibilité dans son acception la plus large, il semble que les politiques publiques tardent à aborder les questions liées à l'éducation. De fait, en trouvant une application originale dans le champ éducatif, l'accessibilité pédagogique est de nature à subvertir les représentations des élèves en mettant l'accent sur l'impact l'environnement scolaire plutôt que sur leurs caractéristiques intrinsèques en termes de défi cits et de handicap. Dans cette perspective, la référence aux besoins éducatifs particuliers est une notion controversée, car considérée comme « egocentrée » et proche de la catégorisation diagnostique.

Ce texte présente quelques résultats tirés d'une analyse récente (Gremion, 2012) qui montre comment, sans qu'aucune pathologie ou diffi culté scolaire réelle ne soit décelée, des groupes sociaux spécifi ques (ici, des enfants de familles modestes et immigrées) sont plus particulièrement discriminés du seul fait de leur date de naissance et des stratégies inégales de leurs familles face aux injonctions du système scolaire.

Malgré les diffi cultés qu'ils rencontrent à l'écrit, les Sourds sont nombreux à communiquer quotidiennement via les SMS (Power & Power, 2004). Ils y opèrent des manipulations lexicales spontanées faisant l'objet d'une analyse linguistique dans cet article. Les SMS de 6 adolescents et 4 adultes sourds sévères et profonds ont été recueillis. Deux facteurs permettent de rendre compte de la productivité et des traitements linguistiques observés : l'âge des scripteurs et le statut de leurs interlocuteurs (sourds ou entendants). Il ressort que les participants ont une forte productivité par SMS. Ils opèrent des traitements linguistiques adaptés à ce support, variant en fonction de l'âge et de l'interlocuteur. Les adultes produisent plus de mots corrects que les adolescents, d'autant plus que leur interlocuteur est entendant. Trois études de cas sont présentées pour illustrer et préciser les procédés scripturaux observés.

L'idée principale de cette contribution est que, pour comprendre la pensée, il faut l'analyser comme une activité qui se déroule et se développe dans le temps. Cette étude de la pensée dans sa dimension temporelle est celle que conduit le psychologue et le philosophe, lorsqu'ils s'intéressent aux compétences, conceptions et attitudes qui se forment au cours de l'expérience.
Ces conceptions et attitudes se construisent progressivement, dans l'interaction des médiations d'apprentissages proposées par un tiers et des constructions cognitives du sujet. Le médiateur a comme première responsabilité de choisir les situations à offrir à l'apprenant ; puis de clarifi er le but de l'activité, de contribuer à l'organisation de cette activité, y compris de la prise d'information et du contrôle, de faciliter les inférences en situation ; enfi n, de faire émerger, au moins partiellement, les notions et vérités pertinentes. La mise en mots et en symboles des connaissances et des règles de conduite forme une partie non négligeable de l'activité du médiateur, mais elle n'en constitue qu'une partie. En outre, la communication entre le médiateur et l'apprenant est frappée des mêmes ambiguïtés que toute autre communication : il y a un écart entre, d'une part, les propos tenus par le médiateur et le sens qu'il leur donne en fonction de son propre système d'invariants, d'autre part les propos entendus par l'apprenant, qui leur attribue un sens qui dépend, lui, du système d'invariants de l'apprenant. En résumé, l'appropriation d'une culture par un individu dépend, certes, nécessairement de sa propre activité, y compris de son travail de construction ou de reconstruction des concepts constitutifs
de cette culture. Mais elle dépend aussi fortement de l'aide qu'il reçoit de son environnement et donc de la qualité des médiations dont il bénéficie. [présentation de l'éditeur]