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PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.

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Solidarité en Europe : état de l’art sur la criminalisation de l’aide aux personnes en situation irrégulière

Article de Mathilde Du Jardin

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 4, 2022/4, pp. 519-546.

Mots clés : Justice-Délinquance, Droit des étrangers, Immigration, Solidarité, Action humanitaire, Criminalité, Politique sociale, Bibliographie, Droit d'asile, Répression

Le champ des recherches sur la criminalisation de l’aide aux personnes en situation irrégulière s’est développé de manière significative depuis 2015. Des études sont menées à une échelle européenne afin de saisir les enjeux propres à chaque pays de manière comparative, en lien avec l’orientation actuelle des politiques migratoires. Les angles d’approche se diversifient et les chercheurs mobilisent des méthodes multidisciplinaires, s’éloignant progressivement de la dimension juridique du phénomène qui se limitait à recenser les poursuites judiciaires pour aide à l’entrée, au transit et au séjour irréguliers. Du délit de solidarité au policing humanitarianism, les évolutions terminologiques de l’objet de recherche donnent une trame d’analyse qui permet de saisir les origines du phénomène et les différents angles d’approche dans la littérature scientifique. Cette actualité bibliographique se concentre sur la littérature francophone, italienne et anglo-saxonne pour présenter les principales ressources qui rendent compte des processus de criminalisation en Italie, en France, en Belgique et au Royaume-Uni. Ces processus visent à la fois une aide « humanitaire » et une solidarité « militante », et impliquent un panel d’instruments répressifs mobilisés par les autorités publiques pour contrôler celles et ceux qui viennent en aide aux étrangers en situation irrégulière sur leur territoire.

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Stratégies, ruses et dissimulations dans les « quartiers d’évaluation de la radicalisation » (QER) – France

Article de Gilles Chantraine, David Scheer

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 375-407.

Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Administration pénitentiaire, Détenu, Détention, Radicalisation, Religion, Intégrisme, Surveillant de prison, Contrôle, Stratégie, Observation, Évaluation, France

Les « quartiers d’évaluation de la radicalisation » (QER) constituent l’ossature autour de laquelle s’organise la prise en charge des détenus radicalisés dans les prisons françaises. Lors de sessions de 17 semaines, une douzaine de détenus y sont affectés à des fins d’évaluation, avant d’être orientés vers d’autres lieux de détention selon les préconisations qui en résultent. Cette contribution analyse les adaptations secondaires des détenus dans ce type d’unités, sur la base d’entretiens réalisés avec des détenus en cours d’évaluation. Dans un premier temps, nous détaillerons les tactiques quotidiennes d’adaptation au dispositif sécuritaire de l’unité, caractérisé par son haut degré de contrainte, son dispositif de surveillance renforcé, et l’intrication des activités de renseignements au fonctionnement quotidien du QER ; ces tactiques peuvent également prendre une tournure « stratégique », notamment lorsqu’il s’agit d’importer en détention des conflits géopolitiques extérieurs. Dans un second temps, nous examinerons les adaptations des détenus au processus d’évaluation proprement dit. Les refus de participer à l’évaluation sont aussi rares que les formes d’enrôlement enjoué, et ces adaptations se laissent davantage décrire comme des formes de « conformité tactique », au cours desquelles les détenus, dans un effort permanent d’autocontrôle, tentent d’éviter les faux pas, d’anticiper et de réagir à des questions et des observations dont ils font l’objet.

Stratégies, ruses et dissimulations dans les « quartiers d’évaluation de la radicalisation » (QER) – France

Négocier l’ordre carcéral : les particularités du traitement pénitentiaire des détenus CelEx en Belgique

Article de Charlène Crahay

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 349-374.

Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Administration pénitentiaire, Détention, Détenu, Radicalisation, Religion, Islam, Contrôle, Surveillant de prison, Terrorisme, Observation, Ethnographie, Enquête, Belgique

En insistant sur la dimension préventive à travers la détection des personnes radicalisées, la politique pénitentiaire belge de lutte contre la radicalisation prévoit une politique forte en matière de renseignement. Différents acteurs intervenant en prison sont identifiés comme pouvant participer à un meilleur flux des informations. Parmi ceux-ci, les agents pénitentiaires dont la mission consiste à documenter quotidiennement, à travers des fiches d’observation, tous les aspects de la vie sociale et individuelle des détenus condamnés ou prévenus pour infractions terroristes ou identifiés comme étant radicalisés par l’administration pénitentiaire. Désignés en première ligne pour détecter les suspects d’un islam dangereux, les agents pénitentiaires sont également pris dans des mécanismes de négociation de l’ordre carcéral avec les condamnés. Au moyen d’une enquête ethnographique menée dans trois établissements pénitentiaires, cet article montre combien la lutte contre la radicalisation impacte le rôle et les missions du personnel de surveillance et met, plus spécifiquement, en lumière les effets du régime d’incarcération, selon qu’il relève d’une politique de concentration ou de dispersion des « publics cibles », sur la gestion de l’ordre carcéral ainsi que les dynamiques relationnelles entre détenus et surveillants.

Négocier l’ordre carcéral : les particularités du traitement pénitentiaire des détenus CelEx en Belgique

Un soutien spirituel sous surveillance : les conseillers islamiques en prison à l’ère de la lutte contre la radicalisation

Article de Laure Kervyn de Meerendré

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 321-348.

Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Administration pénitentiaire, Détenu, Radicalisation, Religion, Pratique religieuse, Islam, Médiation, Accompagnement, Spiritualité, Contrôle, Prévention, Belgique

En Belgique, l’implication des conseillers islamiques en prison a été jugée nécessaire pour la lutte contre la radicalisation. De ce fait, le statut des conseillers islamiques, des aumôniers et conseillers moraux a été revu et finalisé dans l’arrêté royal du 17 mai 2019 qui leur est relatif. La mission d’assistance spirituelle en prison, qui s’inscrivait jusqu’alors dans le respect de la liberté de religion, se voit quelque peu redéfinie et place les conseillers islamiques dans une série de dilemmes, entre aide et surveillance des détenus. Par l’analyse d’entretiens semi-directifs, cet article parcourt quelques-uns des dilemmes qui découlent de cette situation pour ces intervenants.

Un soutien spirituel sous surveillance : les conseillers islamiques en prison à l’ère de la lutte contre la radicalisation

Des acteurs religieux dans la boîte à outils de la politique de lutte contre la radicalisation : aumôniers et médiateurs du fait religieux dans les prisons françaises

Article de Claire de Galembert

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 289-319.

Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Détenu, Radicalisation, Administration pénitentiaire, Médiation, Religion, Pratique religieuse, Éducation religieuse, Intégrisme, Prévention, Laïcité

L’association d’acteurs religieux à la politique de lutte contre la radicalisation reste encore un angle mort des premières recherches sur cette politique publique. Des travaux commencent à documenter la mise en œuvre de cette politique et les catégories d’acteurs qui y prennent part. Mais on en sait finalement peu sur ce « répertoire religieux » au sein de ces dispositifs d’action publique qui ont vu le jour depuis 2014 en France. Prenant acte de ce constat, cet article vise à rendre compte de l’association d’acteurs religieux ou professionnels du religieux dans cette politique en milieu pénitentiaire, dont elle constitue un observatoire privilégié. L’article s’attache dans un premier temps à resituer cette mobilisation d’acteurs religieux comme ressource d’action publique au niveau macrosociologique en la mettant en perspective avec la conversion française à la radicalisation et des transformations récentes de la laïcité. En se situant au niveau plus méso de l’organisation pénitentiaire, il montre ensuite comment la médiation du fait religieux procède de manière incrémentale à la suite des déceptions induites par le pari initial de mobiliser les aumôniers comme des remparts contre l’extrémisme. Il interroge pour finir la division du travail religieux entre aumôniers et médiateurs. Si la conjoncture terroriste des années 2010 a favorisé l’infléchissement d’une certaine doxa laïque ouvrant à la coopération avec des acteurs religieux, la place accordée aux savoirs universitaires, à l’islamologie et aux sciences des religions pour tenter d’opposer une riposte sur le terrain idéologique à la violence politique d’inspiration islamique n’en est pas moins évocatrice de la prégnance du sentier de dépendance lié aux principes de laïcité et de séparation.

Des acteurs religieux dans la boîte à outils de la politique de lutte contre la radicalisation : aumôniers et médiateurs du fait religieux dans les prisons françaises

Sociologie et radicalisation : pour une approche « par le bas » des effets institutionnels de la lutte contre la radicalisation

Article de Gilles Chantraine, David Scheer, Clément Beunas

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 273-287.

Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Administration pénitentiaire, Radicalisation, Religion, Intégrisme, Islam, Terrorisme, Détenu, Détention, Pratique religieuse, Prévention, Accompagnement, Belgique, France

À la suite des attentats djihadistes perpétrés durant la décennie 2010, la « lutte contre la radicalisation » s’est imposée comme une préoccupation majeure des États d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord, et a suscité le développement d’un vaste arsenal visant à endiguer ce phénomène. Au cœur de ces stratégies politiques, les administrations pénitentiaires occupent une place cruciale qui s’explique en partie par les critiques sévères qui leur ont été adressées quant à leur rôle supposé dans la radicalisation des détenus. Dans ce cadre général, ce numéro thématique de Déviance et Société vise à étudier ce que la lutte contre la radicalisation fait à la prison, et analyse, sur la base d’études de cas, les manières dont l’impératif de lutte contre la radicalisation a été décliné par les administrations pénitentiaires belges et françaises. Il relève, au-delà de leurs spécificités nationales, les multiples points de jonction, les paradoxes similaires et les tensions communes qui caractérisent la lutte contre la radicalisation en détention.

Sociologie et radicalisation : pour une approche « par le bas » des effets institutionnels de la lutte contre la radicalisation

De la discrétion dans la sélection des crimes : approche sociologique des déterminants de la correctionnalisation

Article de Rémi Rouméas

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 2, 2022/2, pp. 153-187.

Mots clés : Justice-Délinquance, Droit, Droit pénal, Cour d'assises, Magistrat, Tribunal, Procédure, Procès, Criminologie, Instruction judiciaire, Sociologie

Cet article interroge les usages que font les magistrats du procédé de correctionnalisation pour transformer des crimes en délits, en passant sous silence des circonstances aggravantes prévues par les textes de loi. Il met en évidence que le légalisme en matière de qualification des faits est concurrencé par les standards professionnels d’une « bonne justice », attentive à la valeur des procès, aux résultats judiciaires et à l’efficience des réponses pénales, justifiant pour les magistrats la mise en œuvre d’une sélection des crimes articulée à des critères extra-légaux. Les magistrats apprécient au cas par cas le « mérite » d’un dossier criminel à être jugé par une cour d’assises, dont la procédure se démarque du traitement des délits par son prestige, son potentiel répressif et sa lourdeur gestionnaire. Notre attention se porte sur le sens commun professionnel qui se dégage des caractéristiques typiques des crimes disqualifiés.

De la discrétion dans la sélection des crimes. Approche sociologique des déterminants de la correctionnalisation

La surveillance électronique au Brésil : entre la zone de contrôle, les murs de prison et les territoires de conflit

Article de Ricardo Urquizas Campello

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 1, 2022/1, pp. 67-93.

Mots clés : Justice-Délinquance, Peine de substitution, Sanction pénale, Contrôle social, Enfermement, Prison, Espace, Corps, Violence, Criminalité, Bracelet électronique, Foucault (Michel), Brésil

Cet article étudie l’introduction du placement sous surveillance électronique (SE) au Brésil et son impact sur la vie des personnes qui y sont soumises. Dans une perspective foucaldienne, l’étude s’appuie sur des enquêtes ethnographiques menées entre 2015 et 2017. L’article analyse, dans un premier temps, les aspects spatiaux de la SE et ses liens avec l’enfermement carcéral dans le pays qui possède la troisième plus grande population incarcérée au niveau mondial. Dans un deuxième temps, le texte examine certains effets inattendus de la SE liés au marquage du corps du criminel par l’appareil de localisation, dans des contextes urbains qui font l’objet de conflits entre milices, groupes criminels et agents de la sécurité publique.

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L’ordre moral d’une favela de Rio de Janeiro

Article de Christophe Brochier

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 1, 2022/1, pp. 35-66.

Mots clés : Justice-Délinquance, Norme, Déviance, Norme sociale, Contrôle social, Ordre social, Bidonville, Trafic de drogue, Classe sociale, Morale, Religion, Milieu urbain, Sociologie urbaine, Brésil, RIO DE JANEIRO

Cet article a pour but de décrire certains aspects de l’"ordre moral" d’un groupe de favelas du complexe de la Maré à Rio de Janeiro. On entend par ce terme l’ensemble de valeurs et de principes éthiques qui servent de normes et de guides aux membres d’un groupe donné dans leurs comportements individuels et collectifs. Dans le contexte des favelas cariocas, il s’agit d’un ordre composite, construit à partir des habitudes de vie de membres des classes populaires d’origine rurale, des contraintes matérielles d’un environnement marqué par une grande pauvreté, du contrôle social violent exercé par les trafiquants de drogue et du rigorisme moral qui accompagne la croissance de l’évangélisme dans ces quartiers. On constate donc une opposition entre une grande liberté de comportement promue par les jeunes délinquants et les exigences morales traditionnelles des gens plus âgés et des familles pieuses. Nous postulons que ces contradictions sont cependant atténuées par une trame commune d’interconnaissance, de petits accommodements avec la légalité, de rejet de la police et d’attachement à la communauté qui créent un mode de vie original, façonné depuis des décennies par les situations de mise en marge des favelas par les autorités et les classes moyennes. En ce sens, la ville crée bien des "zones morales" qui caractérisent l’expérience urbaine.

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Femmes en détention. Précarités existentielles et vécus de l'incarcération en Argentine

Article de Natacha Borgeaud Garciandia

Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 1, 2022/1, pp. 3-33.

Mots clés : Justice-Délinquance, Détention, Prison, Femme, Féminité, Enfermement, Marginalité, Corps, Image du corps, Précarité, Argentine

Sur la base de récits de vie et portant sur l’incarcération de trois sœurs issues de milieux sociaux marginalisés, l’article propose une analyse d’expériences de l’enfermement pénitentiaire en Argentine, tout en soulignant les continuités qui se tissent à travers les corps des détenues, l’histoire familiale et la précarité des existences. Après avoir situé le point de vue adopté, le texte retrace la place de l’incarcération dans les trajectoires familiales et individuelles de ces femmes confrontées à de multiples précarités, puis se centre sur le marquage du corps et les vécus charnels de l’incarcération, à la fois par les mortifications subies et les relations complexes qui se développent au sein de cet entre-soi féminin.

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