De nombreuses personnes, lorsqu’elles prennent connaissance du taux horaire demandé par un assistant maternel ou se renseignent sur le coût de la garde, jugent que le salaire horaire sollicité est élevé ; elles n’imaginent pas la responsabilité qui incombe à ces professionnels, ni les compétences dont ils doivent faire preuve. Certaines familles se disent que le montant à verser chaque mois sera important, mais elles ne prennent pas en compte les aides qu’elles percevront. Il leur arrive également de penser que les assistants maternels doivent vivre très confortablement lorsqu’ils accueillent trois ou quatre tout-petits, mais elles ne tiennent pas compte de leur amplitude horaire quotidienne.

Rares sont les salariés qui connaissent relativement bien leur convention collective et sont à l’affût des changements susceptibles d’impacter leur salaire ou leur organisation de travail. C’est le cas de la majorité des assistants maternels. À la parution de la nouvelle convention collective nationale des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile applicable au 1er janvier 2022, ils ont dû mettre à jour leurs connaissances. Si quelques-uns des changements apportés améliorent leurs conditions de travail, d’autres ont suscité nombre de débats ou font encore l’objet de diverses interprétations.

Il est parfois demandé à l’assistant maternel de décrire la journée type qu’il propose alors même qu’il ne connaît pas encore l’enfant qui va lui être confié. De fait, le professionnel s’adapte quotidiennement afin de répondre le plus rapidement possible aux besoins de chacun. Il lui est donc impossible de suivre un programme établi à l’avance tout en respectant le rythme de chaque tout-petit, son individualité, ses besoins, ses envies, qui eux-mêmes doivent pouvoir être conciliés avec ceux des autres enfants accueillis

À l’heure où la presse spécialisée évoque le déclin du métier d’assistante maternelle – ce que corroborent le recensement du nombre d’abandons de la profession et la baisse d’activité –, il est temps de se pencher sur ses causes. Pourquoi ce métier est-il sous-estimé, parfois même stigmatisé, et pour quelles raisons semble-t-il écarté des politiques familiales ? Bien qu’en perte de vitesse, l’accueil individuel reste le premier mode d’accueil en France. Mais si rien n’est fait, cela risque de ne pas durer.

Avec la publication de l'ordonnance du 19 mai 2021, les relais assistantes maternelles ont changé de nom et ont vu le périmètre de leurs missions s'élargir. Auparavant principalement orientés vers l'accompagnement à la professionnalisation des assistante maternelles, ce sont devenus des relais petite enfance, amenés dorénavant à recevoir davantage les parents et à les informer sur les différents modes d'accueil existant sur leur territoire. Dans son avis datant de mars dernier, le Conseil économique, social et environnemental préconisait d'orienter encore plus la fonction de ces structures vers celle d'un guichet unique. S'interroger quant à leur positionnement vis-à-vis des assistantes maternelles devient donc impératif

Qui sont les professionnels de l'accueil de la petite enfance ? Alors que le secteur traverse une crise, ce dossier s'intéresse à ce qui fait le cœur de ces métiers, les forces et les atouts de ces équipes, constituées de nombreuses femmes, et qui sur le terrain déploient des compétences spécifiques indispensables au développement de l'enfant.

Depuis le début des années 2010, le nombre d’assistantes maternelles ne cesse de baisser. La crise sanitaire de la Covid-19 a encore accentué la tendance. Les professionnelles voient leurs pratiques bouleversées et se posent de multiples questions sur leur métier, la façon dont elles le pratiquent, les attentes des parents et ses évolutions possibles. Il est aujourd’hui primordial de s’interroger sur le devenir d’une profession qui s’est battue pour obtenir une vraie reconnaissance. Cela notamment dans un contexte insécurisant où prendre soin des enfants est plus que jamais essentiel.

Tout au long de leur carrière, les assistants maternels enrichissent leurs connaissances, et adoptent les pratiques pédagogiques et éducatives qui leur correspondent. Ces dernières sont parfois alternatives ou basées sur les nouvelles découvertes neuroscientifiques. Plusieurs voies sont possibles pour s’approprier ces savoirs. Certains professionnels suivront une formation auprès d’un organisme dédié quand d’autres se documenteront et évolueront en autodidacte. Les applications sont elles aussi diverses : des assistants maternels vont s’inspirer d’éléments clés de ces approches pédagogiques, d’autres en appliqueront la globalité à la lettre.

La pédagogie a longtemps été l'apanage de l'école. Lorsque les professionnels de la petite enfance ont commencé à se préoccuper des questions d'apprentissage, les pratiques pédagogiques mises en œuvre pour les élèves ont d'abord été transposées aux plus petits, avec l'ambition sous-jacente de les préparer à l'école. Il existe pourtant une différence fondamentale entre les bébés et les plus grands scolarisés : le langage. Cette particularité dessine une frontière entre l'enfant préverbal, immergé dans le présent sensorimoteur, et l'enfant verbal, capable de se projeter dan l'avant et l'après, dans l'imaginaire et dans l'abstractions. Ce ne sont pas les mêmes mondes.

Pour les assistantes maternelles, passer d’une pratique éducative de la stimulation par des activités d’éveil à une pédagogie de l’accompagnement par l’expérimentation libre de l’enfant constitue un cheminement qui impacte tous les aspects du quotidien. En effet, leur lutte de longue date pour valoriser leur travail et le faire accepter comme relevant de compétences professionnelles les a conduites à se positionner en faveur de la production de créations visibles. Aujourd’hui, leur orientation pédagogique évolue dans le sens d’un plus grand respect de l’autonomie du tout-petit.