PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 213, juin 2016, pp. 4-19.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Recherche en sciences sociales, Sociologie
Les univers sociaux passés au crible de la théorie des champs sont aussi variés que nombreux. Dans le lot, pourtant, on ne trouve ni champ carcéral ni champ pénitentiaire à proprement parler. Les travaux inspirés par la sociologie de Pierre Bourdieu ayant porté sur la prison, la pénalité et le domaine judiciaire n’ont pas recouru à de tels concepts et, inversement, ceux qui semblent le faire n’emploient le terme de champ qu’en un sens générique incertain. Cet article problématise cette rencontre manquée, étonnante au vu du regain de vigueur de la sociologie française relative à la prison et à la pénalité depuis une quinzaine d’années. Proposant d’abord une série d’hypothèses pour l’expliquer, il soumet ensuite l’objet à l’épreuve du concept en arguant de l’intérêt de recourir au concept de champ en la matière. Concevoir l’institution carcérale et plus largement le système pénitentiaire comme des champs permet de retrouver le point de vue de la totalité, tout en portant l’attention sur les rapports de force qui les animent. Cette conception ouvre la voie à une reconstruction théorique visant à surmonter des limites et divisions propres au champ concerné, qui déteignent sur les travaux qui le prennent pour objet.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 213, juin 2016, pp. 38-65.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Homosexualité, Représentation sociale, Couple, Enquête, Reconnaissance
Peu d’enquêtes représentatives permettent d’étudier les attitudes gayfriendly en France. L’analyse de Contexte de la sexualité en France montre que les variables de milieu social sont moins prédictives d’un fort niveau d’acceptation de l’homosexualité que le sexe, l’appartenance générationnelle et le rapport à la religion. Les classes supérieures se distinguent sur des positions de principe très abstraites, en étant plus gayfriendly. Mais dès lors que sont mobilisés des indicateurs renvoyant à une acceptation plus concrète, cette spécificité disparaît. L’approche montre aussi l’importance, surtout pour les femmes, de variables biographiques qui renvoient à des expériences individuelles relevant de la vie privée et de l’intimité. Plus ces expériences individuelles renvoient à la diversification contemporaine des conjugalités et des sexualités, plus l’acceptation de l’homosexualité est forte.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 213, juin 2016, pp. 66-83.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Recherche en sciences sociales, Féminisme, Terrain, Enquête, Subjectivité, Sociologue
Il existe en France peu de textes consacrés à l’enquête de terrain qui mobilisent la théorie féministe, et notamment l’épistémologie du positionnement (standpoint). Promouvant une science engagée contre l’invisibilisation de pans entiers du monde social, elle interroge les effets de l’autorité du savant sur la définition de l’objectivité scientifique. Fondée sur une pratique, la théorie féministe fournit aussi des outils pour appréhender concrètement la pluralité des rapports de domination qui structurent la relation d’enquête et sont inscrits dans le dispositif de terrain. Participant à traduire sur un plan méthodologique cette tradition théorique mal connue, l’article propose d’envisager le terrain comme procédant d’un regard socialement situé et inscrit dans des solidarités politiques, mettant ces solidarités à l’épreuve et visant à les nourrir par ses résultats.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 213, juin 2016, pp. 84-103.
Mots clés : Action sociale : cadre institutionnel et juridique, Écrit, Bureaucratie, Administration, Document officiel, Littérature, Gestion
La sociogénétique de l’écrit défendue dans cet article invite à saisir les écrits bureaucratiques en cours de fabrication et en action, à s’intéresser au modus operandi de leur énonciation, à prendre au sérieux la forme écrite comme produit et comme producteur d’un espace et d’une rationalité bureaucratiques donnés. L’écriture bureaucratique, en particulier grâce à la signature et la siglaison, est ainsi comprise comme carburant de dépersonnalisation des rapports sociaux qui la portent et simultanément de personnalisation des institutions, érigées en « auteur ». Dans la gestion documentaire de « l’officiel », par le marquage du document ou sa « fuite », se mettent au jour les tensions entre vie publique et vie privée de l’écrit et ses circuits de légitimation. La sociogénétique des rapports d’expertise donne enfin une prise efficace à une sociohistoire de la rationalité épistémocratique. La piste de recherche proposée incite donc à bousculer les couples d’opposition usuels d’une analyse des formes symboliques (internalisme/externalisme, texte/contexte, auteur/lecteur, émetteur/récepteur, officiel/officieux, public/privé) et à mettre en dialogue des courants d’études dispersés mais tous intéressés aux pratiques documentaires (l’anthropologie de la literacy, la génétique littéraire, la sociologie des champs de production culturelle, la sociologie des textes et des institutions).
Paru dans la revue Les Politiques sociales, 75ème année, n° 1 & 2, juin 2015, pp. 9-16.
Mots clés : Lien social-Précarité, Association, Évolution, Économie sociale et solidaire, Démocratie, Démocratie participative
Le fait associatif est longtemps resté un impensé dans la sphère académique
s’intéressant à l’économie sociale. Invisibilisées, prises entre l’action publique et
le capitalisme, les associations se révèlent pourtant des projets analyseurs des
conflits sociaux qui traversent la société. Instrument d’État ? Projet d’actions collectives ? C’est cette ambivalence que se propose de mettre au jour cet article.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, 75ème année, n° 1 & 2, juin 2015, pp. 17-31.
Mots clés : Lien social-Précarité, Association, Statut, Économie sociale et solidaire, Entreprise
Dans cet article, nous explorons les principales approches conceptuelles qui
englobent le phénomène associatif depuis plus de deux décennies : secteur non marchand, économie sociale, entreprise sociale et entrepreneuriat social. Notre analyse conduit tout d’abord à observer que ces approches évoluent dans le temps : elles reflètent des pratiques en vigueur et – dans un effet retour – conduisent à rendre ces pratiques légitimes. L’analyse permet aussi de remarquer que l’évolution conduit à un phénomène de «blurring boundaries», où les frontières entre catégories d’acteurs économiques semblent progressivement s’estomper. Cet estompement met en péril la reconnaissance a priori des spécificités de chaque type d’organisation, en ce compris la reconnaissance des spécificités associatives.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, 75ème année, n° 1 & 2, juin 2015, pp. 32-51.
Mots clés : Action sociale : histoire et perspectives, Association, Service social, Évolution, Financement, Appel d'offre, CESU, Aide financière, APA, Qualité, Agrément, Pouvoir, Compétition, Territoire, Confiance
Depuis plusieurs années déjà, on assiste, à l’échelle européenne, au développement de quasi-marchés qui combinent principes marchands et régulation publique et ainsi qu’à une remise en cause des régulations traditionnelles dans le champ des politiques sociales. L’objet de notre réflexion est de mettre en évidence et d’analyser les enjeux sous-jacents à l’évolution des modes de régulation vers les quasi-marchés à l’oeuvre dans les services sociaux, en mettant à jour toutefois les formes différentes qu’ils prennent et les enjeux en terme d’intérêt général qui apparaissent, l’ensemble étant remis dans une perspective historique. Dans la première partie, nous rappellerons la nature tutélaire des modes de régulations historiques
des services sociaux. Ensuite, nous examinerons les formes que prend
l’introduction d’une régulation concurrentielle qui vient infléchir cette régulation tutélaire. Enfin, nous analyserons en quoi la présence d’échecs du marché soulève des questions toutes particulières en terme de régulation publique.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, 75ème année, n° 1 & 2, juin 2015, pp. 52-65.
Mots clés : Travail-Emploi, Union européenne, Entreprise, Économie sociale et solidaire, Statut, Association, Législation
L’Union européenne a adopté, le 25 octobre 2011, son « Initiative pour l’entrepreneuriat social ». Son analyse, ainsi que celle du contexte dans lequel elle s’insère, aboutit au constat d’un déséquilibre flagrant entre la volonté de promouvoir les entreprises sociales et l’absence de (re)connaissance du fait associatif, alors que plus de 80 % des entreprises d’économie sociale sont des associations. La réaction des associations sera interrogée sur l’angle de leur capacité à se mobiliser pour induire un changement de paradigme. On conclura sur le piège que constitue cette vision réductrice des entreprises sociales et ses conséquences non seulement pour les associations et les services sociaux, mais également pour l’avenir du modèle social européen.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, 75ème année, n° 1 & 2, juin 2015, pp. 66-77.
Mots clés : Action sociale : histoire et perspectives, Association, Projet, Libéralisme, Management, Rôle, État, Appel à projet
Nous analysons dans cette contribution la « modernisation » régressive à
laquelle est confronté le monde associatif et dont les « appels à projets » omniprésents constituent une manifestation observable. Nous nous référons à la doctrine communaliste de la libre association pour étudier ce qui rend possible une telle attaque et pour indiquer quels en sont les effets potentiels. Le contexte de ces changements profonds est l’avènement d’un « nouvel esprit du capitalisme » qui étend ses violences symboliques et réelles bien au-delà du monde des affaires. Les effets de cette invasion sont des plus préoccupants : la logique de la mobilisation associative est attaquée en son coeur et elle est confrontée de façon structurelle à une transformation de l’Etat qui réendosse dans ce contexte un rôle d’ « anti-production », à l’instar de celui que les contestations des années 60 avaient mis en lumière.