PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
En insistant sur la dimension préventive à travers la détection des personnes radicalisées, la politique pénitentiaire belge de lutte contre la radicalisation prévoit une politique forte en matière de renseignement. Différents acteurs intervenant en prison sont identifiés comme pouvant participer à un meilleur flux des informations. Parmi ceux-ci, les agents pénitentiaires dont la mission consiste à documenter quotidiennement, à travers des fiches d’observation, tous les aspects de la vie sociale et individuelle des détenus condamnés ou prévenus pour infractions terroristes ou identifiés comme étant radicalisés par l’administration pénitentiaire. Désignés en première ligne pour détecter les suspects d’un islam dangereux, les agents pénitentiaires sont également pris dans des mécanismes de négociation de l’ordre carcéral avec les condamnés. Au moyen d’une enquête ethnographique menée dans trois établissements pénitentiaires, cet article montre combien la lutte contre la radicalisation impacte le rôle et les missions du personnel de surveillance et met, plus spécifiquement, en lumière les effets du régime d’incarcération, selon qu’il relève d’une politique de concentration ou de dispersion des « publics cibles », sur la gestion de l’ordre carcéral ainsi que les dynamiques relationnelles entre détenus et surveillants.
Article de Gilles Chantraine, David Scheer, Clément Beunas
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 273-287.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Administration pénitentiaire, Radicalisation, Religion, Intégrisme, Islam, Terrorisme, Détenu, Détention, Pratique religieuse, Prévention, Accompagnement, Belgique, France
À la suite des attentats djihadistes perpétrés durant la décennie 2010, la « lutte contre la radicalisation » s’est imposée comme une préoccupation majeure des États d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord, et a suscité le développement d’un vaste arsenal visant à endiguer ce phénomène. Au cœur de ces stratégies politiques, les administrations pénitentiaires occupent une place cruciale qui s’explique en partie par les critiques sévères qui leur ont été adressées quant à leur rôle supposé dans la radicalisation des détenus. Dans ce cadre général, ce numéro thématique de Déviance et Société vise à étudier ce que la lutte contre la radicalisation fait à la prison, et analyse, sur la base d’études de cas, les manières dont l’impératif de lutte contre la radicalisation a été décliné par les administrations pénitentiaires belges et françaises. Il relève, au-delà de leurs spécificités nationales, les multiples points de jonction, les paradoxes similaires et les tensions communes qui caractérisent la lutte contre la radicalisation en détention.
Dans notre démocratie, rien n'interdit de croire en un dieu ni de le blasphémer. Par contre, être agressé pour avoir exercé l'une ou l'autre de ces libertés est lourdement condamné. Car ce qui fonde le lien social qui nous permet de vivre ensemble, c'est la cohabitation des convictions religieuses, politiques ou philosophiques qui peuvent débattre, voire s'affronter, mais dans le respect de la loi commune. Combattre les forces qui s'opposent par la violence à cette tolérance réciproque nécessite d'abord de comprendre les racines du fanatisme qui recourt à la terreur. Cela passe aussi par le décryptage d'un islamisme qui constitue l'une de ses pires représentations, comme en témoigne depuis septembre dernier le procès des attentats commis en 2015 à Paris. Ces éclairages doivent permettre d'apporter quelques pistes aux professionnels de terrain confrontés à la menace de radicalisation.
Article de Tristan Renard, Mathilde Coulanges, Jean Marc Joussellin
Paru dans la revue Empan, n° 123, septembre 2021, pp. 13-20.
Mots clés : Justice-Délinquance, Radicalisation, Implication personnelle, Violence, Passage à l'acte, Psychopathologie, Religion, Terrorisme, Récit de vie
Peut-on penser la problématique des radicalités sans tomber dans des jugements normatifs (« la radicalité, c’est mal ») ? Comment penser le lien potentiel entre radicalité et violence ? L’objet de cet article est de présenter la trajectoire de construction du champ d’intervention de l’équipe du CRESAM-Occitanie qui a consisté à questionner la problématique de la radicalisation autour des notions de radicalités, violences extrêmes et configurations.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 44, n° 4, Décembre 2020, pp. 633-663.
Mots clés : Justice-Délinquance, Terrorisme, Droit pénal, Droit des étrangers, Radicalisation, Religion, Islam, Culpabilité, Suisse
Cet article analyse le cas de Sami, un demandeur d’asile irakien condamné en Suisse pour appartenance présumée au groupe « État islamique » (EI). Sur la base de documents judiciaires, cliniques et administratifs ainsi que d’entretiens approfondis avec les personnes concernées, il analyse comment peut progressivement se cimenter l’image d’un dangereux terroriste de l’EI et en discute les principaux enseignements qui peuvent en être tirés pour notre compréhension des dysfonctionnements du système pénal (miscarriages of justice) et notre engagement en tant que chercheurs avec le phénomène dit « terroriste ».
Paru dans la revue Forum, n° 155, septembre 2018, pp. 6-11.
Mots clés : Justice-Délinquance, Terrorisme, Radicalisation, Raisonnement, Sciences humaines et sociales, Religion, Croyance, Légitimité, Comportement, Folie
Face à l'inexplicable à priori, nous nous retranchons souvent derrière des explications, des arguments qui tendent bien souvent à rabattre sur le terrain de la "folie", "la déraison" des comportements qui défient notre démocratie et les droits de l'homme. Le sens commun qualifie de "fou", de "folie", "d'impensable" les actes terroristes criminels qui ont émaillé l'actualité ces dernières années. Aussi, le modèle dit de la raison permet de donner des explications plausibles et "logiques" à des actions qui à priori défient notre entendement. C'est ce cadre théorique général que nous mobilisons pour approcher une explication de comportements criminels qui, lui aussi, se donne de bonnes raisons pour agir.
Paru dans la revue Forum, n° 155, septembre 2018, pp. 12-22.
Mots clés : Justice-Délinquance, Terrorisme, Radicalisation, Islam, Religion, Rite de passage, Prévention, Travail social, Adolescent, Prévention de la délinquance, Séparation, Identité
Cet article se propose d'étudier le phénomène du djihadisme sous l'angle des conversions que l'on dirait violentes ou interdites. Les rites de passage, qui scandent les parcours de jeunes, les entraînent vers l'effroi, vers l'inhumain. C'est pourtant là qu'ils construisent leur identité et, cependant, ils basculent progressivement vers le hors soi. Pour des travailleurs sociaux ce sont là des pratiques à risque qu'il convient de prévenir, pour sinon les éviter du moins, les réduire.
Paru dans la revue Lien social, n° 1200, 2 au 15 février 2017, pp. 32-33.
Mots clés : Justice-Délinquance, Terrorisme, Quartier, Religion, Jeune, Islam, Groupe de parole, Radicalisation, Marseille
Anthropos-cultures associées a répondu en 2016 à un appel à projet sur la "lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes". L'action : faire émerger une parole, une analyse, des pistes de travail en échangeant avec les habitants des quartiers populaires. Clotylde O' Deyé qui l'a encadrée, explique sa démarche.
Article de Abdelhafid Hammouche, Carine Guérandel, Eric Marlière, et al.
Paru dans la revue Hommes et migrations, n° 1315, juillet-août-septembre 2016, pp. 1-87.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Justice-Délinquance, Immigration, Religion, Islam, Intégrisme, Terrorisme, Interaction, Discours, Média, Vie politique, Analyse de contenu, Liberté d'expression, Analyse critique, Jeune en difficulté, Délinquance juvénile, Banlieue, Représentation sociale, Appartenance sociale
Les attentats sanglants de 2015 et 2016 nous ont plongés dans la stupeur. Des débats contradictoires ont tenté depuis de nommer et d’expliquer ces évènements tragiques. La revue Hommes et Migrations interroge plus spécifiquement les relations établies, explicitement ou non, entre terrorisme, islam et immigration. A travers l’analyse des discours médiatiques, des trajectoires chaotiques des terroristes et des conditions actuelles de l’action publique dans les territoires urbains dégradés, ce dossier contribue à identifier des pistes d’action (travaux de recherche et politique publique) pour les années à venir.
Pourquoi des jeunes de chez nous partent-ils faire la guerre en Syrie ou se font-ils exploser, ici, dans des attentats suicides? Face au phénomène du radicalisme violent coexistent la tentation de ne rien faire, voire du déni, ou celle de croire que le sécuritaire suffira. Pour notre part, nous avons choisi de tenter de mieux comprendre pour désamorcer, prévenir et, au-delà de l’urgence, construire une société plus inclusive.
Ce numéro a été conçu pour aider les travailleurs sociaux, et tous ceux qui se sentent concernés, à déjouer les pièges des amalgames et à réinvestir dans des actions préventives.
Longtemps, nous avons hésité à consacrer un numéro de l’Observatoire à la question du radicalisme violent. N’allions-nous pas encore alimenter la surmédiatisation d’un phénomène qui ne concerne, directement, qu’une petite minorité de jeunes? N’allions-nous pas risquer d’encore attirer les regards inquiets sur une population musulmane déjà fortement stigmatisée?
Nous avons néanmoins fini par franchir le pas. Parce que, à diverses occasions, nous avons pu constater que les travailleurs sociaux se posent de nombreuses questions sur ce sujet complexe et sensible, tout en évitant de trop "s’en mêler" car craignant la maladresse, l’erreur d’interprétation, l’amalgame... Parce que, aussi, la prévention du radicalisme, à condition qu’elle soit clairement dissociée de la répression et du contrôle - ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas -, implique d’en revenir à certains fondamentaux du travail social.
Nous avons construit ce dossier en nous appuyant sur les rencontres co-organisées par le Centre Régional d’Intégration de Charleroi (CRIC) et le Centre Régional de Verviers pour l’Intégration (CRVI), en collaboration avec la Direction Générale Opérationnelle de l’Action sociale de la la Région wallonne (DGO5), "Prévention du radicalisme violent. Osons en parler", programmées en octobre et novembre 2015.
Celles-ci nous ont servi de point de départ - vous retrouverez plusieurs orateurs conviés à ces journées dans nos contributeurs - mais nous avons aussi étoffé ce dossier, que nous avons conçu en deux parties, en nous appuyant notamment sur les avis pertinents de Thierry Tournoy, Directeur du CRIC et de Daniel Martin, Directeur du CRVI.
La première partie pose cette terrible question : pourquoi des jeunes de chez nous se laissent-ils séduire par les discours de Daesh et partent-ils faire la guerre en Syrie ou se font-ils exploser dans des attentats suicides ici, en Europe? Pour y répondre, nous avons sollicité une palette de contributeurs qui, par leur expertise, décortiquent ce qui se joue derrière cet embrigadement criminel des jeunes dans le radicalisme violent.
La seconde propose des pistes et des réflexions sur ce qu’il y a lieu de mener, d’inventer, de soutenir comme actions pour prévenir cette radicalisation. Si les travailleurs sociaux ne peuvent certes agir sur la variable géopolitique ni révolutionner notre contexte sociétal actuel, ils peuvent jouer un rôle important dans divers domaines : aider le jeune à se construire comme sujet et comme acteur de son devenir; reconstruire le lien décousu entre celui-ci et la société, sa famille, l’école...; consolider son esprit critique et sa résistance morale face aux tentatives d’endoctrinement; promouvoir l’interculturalité et le vivre-ensemble; lutter contre les inégalités et les discriminations;... Et, au-delà de l’urgence, participer par leurs convictions et leurs idéaux à une société davantage inclusive et porteuse de signes positifs, d’émancipation, d’espoir.