PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Après une relative désaffection de la recherche en sciences sociales dans les années 1990, les milieux d’affaires et cercles dirigeants connaissent un regain d’intérêt depuis la crise financière de 2007-2008 avec la publication d’ouvrages collectifs et de numéros spéciaux ainsi que l’organisation de nombreux séminaires, journées d’études et sessions dans les grands congrès. Cette question a fait l’objet de nombreux travaux dans la seconde moitié du XXe siècle, dont l’essor a connu une apogée dans les années 1970-1980 en particulier dans le domaine des power structure et interlocks studies. Le reflux coïncide avec le déclin des théories marxistes dans les années 1990 et un revirement théorique. Concentrées dans les business schools, ces recherches menées à l’origine dans une visée critique adoptent une orientation axée sur la performance et le leadership. Le récent renouveau survient à la suite des scandales financiers au tournant des années 2000 (avec notamment les affaires Enron et WorldCom) et surtout de la crise financière. Ce numéro thématique se propose de rendre compte de chantiers rouverts ou initiés dans différentes traditions de recherche en vue de mesurer le chemin parcouru et les défis qui se présentent encore.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 4, octobre-décembre 2022, pp. 239-256.
Mots clés : Travail-Emploi, Organisation du travail, Genre, Masculinité, Pouvoir, Inégalité, Plateforme, Commerce, Concurrence, Agressivité, Emploi précaire, Invisibilité sociale, Travail des femmes
À partir de l’exemple du métier de livreur à vélo et des évolutions récentes des activités avec l’apparition des plateformes de livraison, cet article analyse ce que modifient ces nouvelles organisations du travail en matière de rapports de genre. Loin de confirmer les espoirs placés dans les technologies numériques sur leurs capacités à passer outre les rapports sociaux de domination, la permanence de l’hégémonie masculine dans un secteur d’activité « ubérisé » soulève de nouvelles questions relatives à l’évolution des formes de virilité, faisant écho aux travaux sur la division sexuelle du travail. L’article montre que l’organisation du travail plateformisée renforce les clivages de genre, tout en creusant les inégalités, d’une part parce qu’elle exploite ces dernières pour attirer sa main-d’œuvre et pour tirer le prix des courses vers le bas. D’autre part, parce qu’elle rend beaucoup plus difficile le déploiement d’une pensée politique, en instaurant comme maître-mot le chacun pour soi concurrentiel.
Article de Olivier Cousin, Arnaud Stimec, Jean Pierre Bonafé Schmidt, et al.
Paru dans la revue Les Cahiers du travail social, n° 99, décembre 2021, pp. 3-151.
Mots clés : Travail-Emploi, Médiation, Travail, Évolution, Relation professionnelle, Organisation, Diagnostic, Pouvoir, Évaluation, Résistance, Législation, Conflit, Droit du travail, Éthique, Pratique professionnelle
Ce numéro des Cahiers du Travail Social est issu d'une journée d'étude qui s'est tenue à l'IRTS de Franche-Comté au mois de juin 2021 autour de la médiation dans les relations au travail.
Paru dans la revue Les Cahiers de l'Actif, n° 542-543 ; 544-545, juillet-octobre 2021, pp. 9-31.
Mots clés : Travail-Emploi, Management, Organisation du travail, Profession, Libéralisme, Reconnaissance, Hiérarchie, Objectif, Stratégie, Changement, Souffrance psychique, Confiance, Économie, Leader, Télétravail, Emprise, Épidémie, Pouvoir, Taylor (Frederick Winslow), Ford (Henry)
Le management a développé une stratégie bien huilée : prompt à se remettre en question, il accepte et devance les critiques pour désamorcer, en réalité, toute contestation de sa légitimité. Il revêt ses plus beaux atours, cherche à se rendre plus séduisant, mais reste obsessionnellement tendu vers l'invention de nouvelles modalités de mise au travail destinées à renforcer la subordination des salariés. Le but est, en effet, de les obliger à renoncer à leurs propres valeurs morales, citoyennes et professionnelles pour ne travailler qu'en fonction des critères d'efficacité, performance et rentabilité décidés en dehors d'eux. Il faut qu'ils acceptent de consacrer leur temps, leur énergie, leurs efforts à un travail pensé et organisé selon les seules finalités de ceux qui les paient, au détriment de leur bien-être physique et mental, au détriment du respect des besoins des consommateurs, usagers ou clients, et de l'avenir de notre espèce sur la planète Terre.
Paru dans la revue Actualités sociales hebdomadaires ASH, n° 3227, 01 octobre 2021, pp. 30-31.
Mots clés : Travail-Emploi, Emploi, Émotion, Subjectivité, Rationalisme, Sociologie, Individualisation, Travail, Pouvoir, Homme, Femme, Groupe
Le travail mobilise la subjectivité, le plaisir, la colère, l’ennui… Autant de sentiments qu’il est, selon la sociologue Aurélie Jeantet, difficile d’exprimer face à la rationalité exigée dans le monde de l’entreprise. Un déni qui génère une souffrance accrue.
Dans ses rapports avec l’employeur, le salarié est soumis aux sanctions prévues dans le Code du travail, notamment en cas de non-exécution ou d’exécution défectueuse de sa prestation de travail. Le salarié peut également engager sa responsabilité pénale s’il commet une infraction dans le cadre de son activité professionnelle. Sous certaines conditions strictes, le salarié peut enfin engager sa responsabilité civile en cas de dommage causé à l’employeur, à un autre salarié de l’entreprise ou à un tiers, à l’occasion de l’activité professionnelle.
L’idéologie gestionnaire, mise en exergue par Vincent de Gaulejac, vise à organiser le travail dans les entreprises autour de valeurs telles que contrôle, efficacité et maximisation du rapport coût/bénéfice. Appliqués aux entreprises publiques ensuite et aux institutions de soins en santé mentale enfin, ces principes ont pour effet de pervertir les finalités et les modèles de travail de ces organisations comme en témoignent les exemples cités dans cet article. Au fil de l’analyse se profile une conception des soins en santé (mentale) qui n’a plus de rapport avec les besoins réels des patients et de la société. Cette conception participe au contraire d’une corruption des soins en santé mentale et du vivre ensemble, s’inscrivant dans un plan général visant à soumettre tous les rouages de notre société au primat d’une marchandisation radicale et définitive de tous les rapports sociaux. Un dévoiement en appelant un autre, le risque de dérive totalitaire n’est plus exclu. Des voies d’échappement sont néanmoins possibles comme la résistance non-violente proposée par Omer (2003, 2017).
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 22, automne 2016, pp. 193-205.
Mots clés : Travail-Emploi, Management, Pouvoir, Violence, Aliénation, Travail, Sorcellerie
L’objectif de cet article est de rendre compte, en s’appuyant sur le cadre heuristique de l’anthropologie de la sorcellerie et sur celui de la sociologie pragmatique, de la façon dont des processus qui correspondent dans leur forme à ceux identifiables dans le cadre "d’ensorcellement" se déploient aujourd’hui en organisation entre supérieurs et subordonnés.
Il vise aussi à montrer comment les salariés peuvent procéder pour sortir de ce régime de violence. A partir du cas d’une salariée, cadre d’une administration, il décrit un processus qui tient d’un mauvais sort managérial et fait apparaître le travail qu’opère cette salariée pour se dégager de ce régime de violence en tirant la situation vers un régime de justification. Cette analyse conduit à s’interroger sur la particularité du cas de cette salariée et sur ce qu’il nous dit sur le travail en organisation aujourd’hui.