PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 375-407.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Administration pénitentiaire, Détenu, Détention, Radicalisation, Religion, Intégrisme, Surveillant de prison, Contrôle, Stratégie, Observation, Évaluation, France
Les « quartiers d’évaluation de la radicalisation » (QER) constituent l’ossature autour de laquelle s’organise la prise en charge des détenus radicalisés dans les prisons françaises. Lors de sessions de 17 semaines, une douzaine de détenus y sont affectés à des fins d’évaluation, avant d’être orientés vers d’autres lieux de détention selon les préconisations qui en résultent. Cette contribution analyse les adaptations secondaires des détenus dans ce type d’unités, sur la base d’entretiens réalisés avec des détenus en cours d’évaluation. Dans un premier temps, nous détaillerons les tactiques quotidiennes d’adaptation au dispositif sécuritaire de l’unité, caractérisé par son haut degré de contrainte, son dispositif de surveillance renforcé, et l’intrication des activités de renseignements au fonctionnement quotidien du QER ; ces tactiques peuvent également prendre une tournure « stratégique », notamment lorsqu’il s’agit d’importer en détention des conflits géopolitiques extérieurs. Dans un second temps, nous examinerons les adaptations des détenus au processus d’évaluation proprement dit. Les refus de participer à l’évaluation sont aussi rares que les formes d’enrôlement enjoué, et ces adaptations se laissent davantage décrire comme des formes de « conformité tactique », au cours desquelles les détenus, dans un effort permanent d’autocontrôle, tentent d’éviter les faux pas, d’anticiper et de réagir à des questions et des observations dont ils font l’objet.
L’association d’acteurs religieux à la politique de lutte contre la radicalisation reste encore un angle mort des premières recherches sur cette politique publique. Des travaux commencent à documenter la mise en œuvre de cette politique et les catégories d’acteurs qui y prennent part. Mais on en sait finalement peu sur ce « répertoire religieux » au sein de ces dispositifs d’action publique qui ont vu le jour depuis 2014 en France. Prenant acte de ce constat, cet article vise à rendre compte de l’association d’acteurs religieux ou professionnels du religieux dans cette politique en milieu pénitentiaire, dont elle constitue un observatoire privilégié. L’article s’attache dans un premier temps à resituer cette mobilisation d’acteurs religieux comme ressource d’action publique au niveau macrosociologique en la mettant en perspective avec la conversion française à la radicalisation et des transformations récentes de la laïcité. En se situant au niveau plus méso de l’organisation pénitentiaire, il montre ensuite comment la médiation du fait religieux procède de manière incrémentale à la suite des déceptions induites par le pari initial de mobiliser les aumôniers comme des remparts contre l’extrémisme. Il interroge pour finir la division du travail religieux entre aumôniers et médiateurs. Si la conjoncture terroriste des années 2010 a favorisé l’infléchissement d’une certaine doxa laïque ouvrant à la coopération avec des acteurs religieux, la place accordée aux savoirs universitaires, à l’islamologie et aux sciences des religions pour tenter d’opposer une riposte sur le terrain idéologique à la violence politique d’inspiration islamique n’en est pas moins évocatrice de la prégnance du sentier de dépendance lié aux principes de laïcité et de séparation.
Article de Gilles Chantraine, David Scheer, Clément Beunas
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 273-287.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Administration pénitentiaire, Radicalisation, Religion, Intégrisme, Islam, Terrorisme, Détenu, Détention, Pratique religieuse, Prévention, Accompagnement, Belgique, France
À la suite des attentats djihadistes perpétrés durant la décennie 2010, la « lutte contre la radicalisation » s’est imposée comme une préoccupation majeure des États d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord, et a suscité le développement d’un vaste arsenal visant à endiguer ce phénomène. Au cœur de ces stratégies politiques, les administrations pénitentiaires occupent une place cruciale qui s’explique en partie par les critiques sévères qui leur ont été adressées quant à leur rôle supposé dans la radicalisation des détenus. Dans ce cadre général, ce numéro thématique de Déviance et Société vise à étudier ce que la lutte contre la radicalisation fait à la prison, et analyse, sur la base d’études de cas, les manières dont l’impératif de lutte contre la radicalisation a été décliné par les administrations pénitentiaires belges et françaises. Il relève, au-delà de leurs spécificités nationales, les multiples points de jonction, les paradoxes similaires et les tensions communes qui caractérisent la lutte contre la radicalisation en détention.
Paru dans la revue L'Observatoire, n° 110, avril 2022, pp. 45-49.
Mots clés : Technologie numérique, Réseau social, Violence, Internet, Radicalisation, Intégrisme, Matériel éducatif, Travailleur social, Adolescent, Média, PRECOBIAS, BELGIQUE, GAND
Le contact avec des contenus extrémistes ou radicaux est un phénomène assez répandu dans notre société. Selon une enquête de 2018 à l'échelle européenne, 77% des adolescents ont déjà été confrontés à des appels à des comportements, violents sur les réseaux sociaux. D'après un récent rapport d'Europol, le risque de radicalisation en ligne n'a fait qu'augmenter depuis le début de la pandémie de la Covid-19, cela montre à quel point le processus de radicalisation est aujourd'hui étroitement lié aux médias en ligne.
Dans le cadre du projet européen PRECOBIAS, l'université de Gand étudie les mécanismes cognitifs qui peuvent amener un individu à se radicaliser et offre des outils de prévention gratuits aux professionnels et aux travailleurs sociaux.
Paru dans la revue L'Observatoire, n° 109, octobre-novembre-décembre 2021, pp. 68-72.
Mots clés : Justice-Délinquance, Radicalisation, Intégrisme, Prévention, Belgique
Depuis deux ans, la crise sanitaire occupe une place importante dans les médias et les débats publiques. Parallèlement, les termes de «radicalisation» et de «terrorisme» se font plus rares. Cela signifie-t-il que les problématiques d’extrémismes violents n’en sont plus? Cet article propose une actualisation des développements des extrémismes violents, depuis le prisme particulier du CAPREV, le Centre d'aide et de prise en charge de toute personne concernée par les radicalismes et les extrémismes violents en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Dans notre démocratie, rien n'interdit de croire en un dieu ni de le blasphémer. Par contre, être agressé pour avoir exercé l'une ou l'autre de ces libertés est lourdement condamné. Car ce qui fonde le lien social qui nous permet de vivre ensemble, c'est la cohabitation des convictions religieuses, politiques ou philosophiques qui peuvent débattre, voire s'affronter, mais dans le respect de la loi commune. Combattre les forces qui s'opposent par la violence à cette tolérance réciproque nécessite d'abord de comprendre les racines du fanatisme qui recourt à la terreur. Cela passe aussi par le décryptage d'un islamisme qui constitue l'une de ses pires représentations, comme en témoigne depuis septembre dernier le procès des attentats commis en 2015 à Paris. Ces éclairages doivent permettre d'apporter quelques pistes aux professionnels de terrain confrontés à la menace de radicalisation.
Article de Samuel Boussion, Mathias Gardet, Elise Delahaise, et al.et al.
Paru dans la revue La Revue internationale de l'éducation familiale, n° 49, 2021/1, pp. 13-136.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Protection de l'enfance, Réfugié, Mineur non accompagné, Accueil, Exil, Guerre, Intégrisme, Assistant familial, Enfant placé, Placement familial, Pays Bas, Suède, Belgique, France
Ce dossier thématique vient interroger les modalités d’accueil et de protection des enfants venus d’ailleurs, ayant un parcours de changement de pays, de lieu de vie et cela à travers 5 contributions apportant un éclairage depuis la Suède, les Pays-Bas, la Belgique et la France. Le point commun entre ces articles est de questionner la prise en compte du mouvement vécu par ces enfants dans l’accueil qui leur est proposé. Dans ce dossier est développé l’accueil dans différentes institutions, en jardins d’enfants ou en protection de l’enfance, accueil questionné sur différents plans : politique, social et pratique.
p.10-16 : La place et les marqueurs des violences intrafamiliales dans les extrémismes violents
p.17-18 : Prendre en charge les mineurs de retour de zones d’opération de groupement terroriste
p.19-23 : La prise en charge psychologique des enfants de djihadistes : modalités et enjeux
p.24-27 : Prévenir la radicalisation : l’exemple d’une maison des adolescents
p.28-32 : Enfant et impact traumatogène des images : quelles protections à l’ère d’Internet ?
p.33-36 : Vivre avec la menace terroriste : comment accompagner au mieux les enfants ?
p.37-42 : Soignants et mineurs radicalisés ou en risque de le devenir : repères juridiques
p.43-46 : Prévenir la radicalisation avec la nécessaire implication de tous
L’ouvrage de David Puaud, "Le spectre de la radicalisation. L’administration sociale en temps de menace terroriste", présenté ici analyse les mécanismes de la radicalisation à partir de l’étude de six cas de radicalisation réelle ou supposée. L’impact sur les modes d’intervention des travailleurs sociaux et les fonctions sociales que l’État veut leur faire jouer à cette occasion est clairement mis en question.
L’adolescence, au-delà de son caractère physiologique, est la période des premiers pas de l’individu sur la scène sociale. Entre révolte et créativité, le point sur les nouvelles formes d’engagement des jeunes.