PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 47, n° 1, 2023/1, pp. 65-90.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Radicalisation, Religion, Islam, Psychosociologie, Dynamique de groupe, Violence
Nous proposons dans cette contribution d’interroger les processus menant de jeunes français, résidant dans un quartier enclavé d’une ville française moyenne, à la conversion religieuse « radicale ». Pour ce faire, nous partons du postulat suivant : la conversion à l’islam radical répond à une logique psychosociale mêlant des facteurs individuels et sociétaux. Afin de cerner plus précisément ce phénomène, nous nous sommes appuyés sur une enquête de terrain, basée sur une méthodologie qualitative. Composée d’observations et d’entretiens menés auprès de seize personnes engagées dans un processus de conversion, cette étude permet de structurer le processus en cinq séquences : une quête de sens consécutive à un choc biographique ; une rencontre avec un prosélyte ou un prédicateur ; un engagement dans la « carrière radicale » ; un maintien de l’engagement associé à un renversement de stigmate ; et l’adoption d’une posture prosélyte au djihadisme ou au repentir.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 4, 2022/4, pp. 415-451.
Mots clés : Justice-Délinquance, Drogue, Trafic de drogue, Criminalité, Insécurité, Violence, Énergie, Trafic d'être humain, Migration, Exil, Mexique
Cet article présente les résultats d’un travail de recherche exploratoire sur le déplacement forcé au Mexique, à partir du cas de sa région nord-est, frontalière avec les États-Unis, dans laquelle plusieurs municipalités ont été touchées par des dynamiques de violence et de dépeuplement ces vingt dernières années (2000-2020), en pleine « guerre de la drogue ». Basée sur une méthodologie quantitative, l’étude développe une analyse spatiale et statistique qui met en relation le déplacement forcé, produit de la violence criminelle, et la présence d’importants gisements d’hydrocarbures dans cette région. Le principal résultat est que les municipalités qui apparaissent comme étant les plus affectées par la violence se trouveraient dans l’aire du Bassin de Burgos, qui contient la plus grande réserve de gaz de schiste du pays.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 45, n° 1, mars 2021, pp. 59-90.
Mots clés : Harcèlement sexuel, Genre, Féminisme, Milieu urbain, Espace, Comportement social, Incivilité, Violence, Insécurité, Droit pénal
Cet article revient sur la constitution du harcèlement de rue comme problème public en France, et sur la façon dont la notion de « continuum de violence » a été mobilisée au fil de ce processus. L’usage conjoint des notions de continuum et du harcèlement, appliquées aux formes de sexisme prenant place dans la rue, a permis la reconnaissance médiatique et politique d’un phénomène, via la publicisation d’une expérience féminine collective des rapports en public, marquée par un certain type d’offenses et d’atteintes à la liberté. Mais des difficultés se posent au moment d’envisager les réponses publiques apportées au problème ainsi configuré. La réflexion aujourd’hui ouverte sur le traitement politique et judiciaire du harcèlement de rue peut être éclairée par les enseignements issus des théories et politiques visant les incivilités : engagées en France et en Europe depuis les années 1990, elles se sont adossées à des conceptions de l’ordre public urbain, et de l’articulation entre formes mineures de déviance et criminalité, qui ont des traits communs avec les thèses aujourd’hui mobilisées pour justifier la pénalisation du harcèlement de rue. L’identification de ces analogies offre l’occasion d’une mise en perspective des bénéfices et des coûts qu’impliquent les approches aujourd’hui dominantes du harcèlement de rue, et de l’usage politique (et juridique) qui y est fait du concept de continuum.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 45, n° 1, mars 2021, pp. 91-114.
Mots clés : Harcèlement sexuel, Rue, Milieu urbain, Quartier, Genre, Classe sociale, Féminisme, Comportement social, Violence, Insécurité
Les mobilisations contre le harcèlement de rue et la réception favorable récente des pouvoirs publics de ces revendications pourtant anciennes engagent à réfléchir à la façon dont les violences envers les femmes dans les espaces publics ont été conceptualisées durant les dernières décennies. En prenant l’exemple de Paris, cet article entend souligner la façon dont la sécurité des femmes, en sortant de l’invisibilité et de la naturalisation dans laquelle cette question a longtemps été maintenue, s’intègre aujourd’hui dans un paradigme renouvelé des espaces publics qui se doivent d’être propres et dégagés de populations considérées comme indésirables. En adoptant une perspective intersectionnelle, il fait le lien entre la réception favorable de ces politiques sensibles au genre et le processus plus général de gentrification des espaces publics.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 45, n° 1, mars 2021, pp. 115-148.
Mots clés : Harcèlement sexuel, Rue, Espace, Milieu urbain, Genre, Féminisme, Comportement social, Violence, Amérique du Sud, Colombie
Les années 2010 ont vu l’entrée de la notion du harcèlement de rue dans le débat public en Amérique latine avec l’émergence de groupes militants, de législations nationales et municipales et de campagnes de sensibilisation à travers le continent. Ces efforts doivent faire face à une image plutôt positive des commentaires adressés aux femmes dans la rue et portant sur leur apparence physique, communément appelés piropos. Ce mot espagnol, qui désigne des « compliments » ou « flatteries », est révélateur d’une fréquence et d’une acceptation sociale relative dans la région. En étudiant des exemples concrets d’interactions sexuées dans les espaces publics urbains à Bogotá (Colombie), cet article analyse les hiérarchies multiples qui façonnent l’accès aux espaces publics et qui conditionnent les opérations d’interprétation, d’acceptation ou de contestation des interactions communément désignées comme harcèlement de rue. Dans le contexte du cas d’étude, les « piropos » se situent dans un continuum entre violences et interactions positivement perçues. Ce faisant, l’article cherche à contribuer aux réflexions autour des efforts interculturels pour lutter contre le harcèlement de rue.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 44, n° 3, septembre 2020, pp. 347-382.
Mots clés : Justice-Délinquance, Violence, Genre, Analyse comparative, Abus sexuel, Violence conjugale, Viol, Représentation sociale, Justice, France, Allemagne
Cet article propose une analyse des représentations ordinaires des violences de genre en Allemagne et en France. Celles-ci sont étudiées à partir de l’administration de trois cas criminels fictifs décrivant des violences de genre auprès de répondants allemands et français (n = 100) qui doivent attribuer une sanction à chaque cas et justifier leur choix. Il s’agit de déterminer si les citoyens ordinaires allemands et français partagent des représentations similaires des violences de genre. Constatant que les répondants français se montrent plus punitifs que les Allemands, nous expliquons cette différence en nous interrogeant sur le cadrage légal et les débats publics sur la formation des représentations ordinaires des violences de genre. La prise en compte des caractéristiques sociodémographiques des enquêtés permet enfin d’expliquer de manière plus nuancée la demande punitive exprimée dans chaque pays.
Article de Pedro José Garcia Sánchez, Samuel Bordreuil, Arnaud Frauenfelder, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 44, n° 2, juin 2020, pp. 155-338.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Sociologie, Délinquance juvénile, Déviance, Recherche en sciences sociales, Théorie, Méthode, Sociologue, Biographie, Parcours professionnel, Justice des mineurs, Transgression, Violence, Insécurité, Ethnographie, Cicourel (Aaron)
Ce numéro rassemble des contributions de chercheurs francophones stimulés par la sociologie d’Aaron Cicourel, par ses interrogations méthodologiques et ses intuitions heuristiques. La sélection des articles a essayé de garder un certain équilibre générationnel entre les auteurs : jeunes docteurs, chercheurs confirmés et professeurs émérites. Il en va de même avec les traditions intellectuelles dans lesquelles ces auteurs inscrivent leurs travaux pour resituer les innovations théoriques, restituer les défis méthodologiques et mieux identifier l’empreinte des travaux d’Aaron Cicourel dans l’histoire des sciences, à commencer par la porosité interactive entre sciences sociales et sciences cognitives qui la caractérise.
Moins nombreuses que les hommes sans domicile, moins souvent évoquées dans la littérature académique portant sur l’exclusion ou sur le genre, moins repérables dans les représentations sociales et très peu souvent sans-abri, les femmes sans domicile sont relativement invisibles. Cet article combine des analyses qualitatives et quantitatives pour comprendre, dans une perspective de genre, les trajectoires de ces femmes et leur prise en charge institutionnelle. Les femmes sans domicile sont exposées à des formes spécifiques de violences, structurantes dans leurs trajectoires de vie, mais bénéficient également de formes de protection particulières via une prise en charge institutionnelle différente de celle des hommes. Ces violences et ces formes de protection sont fondées sur le genre, qui constitue donc à la fois un facteur de vulnérabilité et de protection pour les femmes sans domicile.
Article de Adeline Bouchet, Alix Garnier, Olivier Vors
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 42, n° 2, juin 2018.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Harcèlement moral, Bouc émissaire, Concept, Analyse comparative, Sociologie, Victime, Élève, Violence, École, EPS, Étude de cas
L’originalité de cet article s’inscrit dans la différentiation des phénomènes de harcèlement scolaire et bouc émissaire au sein même de la classe. Cette étude de cas a pour but d’étudier in situ les processus victimaires à l’œuvre auprès d’un élève, Younes, au sein des cours d’éducation physique et sportive (EPS). Selon un ancrage situé de l’action, nous décrivons et analysons les faits de violence et leurs significations pour les acteurs. Les résultats montrent que la victime de harcèlement scolaire subit de nombreux actes de violences, tant physiques que psychologiques. De plus, cette analyse met en évidence que la victime de harcèlement peut aussi être un bouc émissaire en acceptant, de manière inconsciente, d’entrer dans un processus de dépersonnalisation.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 41, n° 3, septembre 2017, pp. 447-505.
Mots clés : Travail-Emploi, Violence, Profession médicale, Victime, Enquête, Sociologie, Agressivité, Conflit, Soutien psychologique, Besoin, Demande, Établissement de santé, Profession paramédicale, Accompagnement, Risque professionnel, Nord
La réalisation d’une enquête de victimation, demandant à des professionnels de santé les violences qu’ils avaient subies, a permis de repérer les situations dans lesquelles elles s’inscrivent, à en définir les formes et la fréquence, ainsi que les enjeux. L’expérience de violence est étudiée à partir du vécu du professionnel qui est réinscrit dans les rapports sociaux de travail. L’analyse des données recueillies auprès de 444 soignants fait apparaître que les déclarations de victimation constituent non seulement la manifestation d’un vécu éprouvant mais qu’elles sont aussi expression d’une identité professionnelle et moyen pour peser sur les rapports sociaux au sein de l’organisation.