PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 153, 2025-1, pp. 13-28.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Accompagnement de la personne et identité, Droit d'asile, Couple, Genre, Masculinité, Identité, Projet, Migration, Rôle social, Sociabilité, Relation femme-homme, Vie quotidienne, France, Allemagne
Cet article présente, à partir d’une ethnographie réalisée en France et en Allemagne entre 2017 et 2023, les difficultés avec lesquelles les demandeurs d’asile doivent composer pour se mettre en couple, alors même que la conjugalité est l’une des principales ressources disponibles pour faire face à la dévaluation de la masculinité propre à la demande d’asile. En effet, si la conjugalité peut procurer des ressources à ces hommes, la procédure a des conséquences durables sur leurs (potentielles) relations avec des femmes et leur capacité à se projeter dans une vie conjugale (les enquêtés sont des hommes hétérosexuels, célibataires au moment de leur demande d’asile). L’article permet donc de comprendre que les capacités d’action nécessaires pour « faire le genre convenablement » sont mises en péril par le quotidien de la demande d’asile et perturbent le maintien de soi de ces hommes.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 153, 2025-1, pp. 115-124.
Mots clés : Lien social-Précarité, Exclusion numérique, Accès aux droits, Vulnérabilité, Technologie numérique, Technologie de l'information et de la communication, Dossier administratif, Service public, Usager
En complément des travaux statistiques qui mesurent le poids des facteurs sociodémographiques d’exclusion numérique, l’article s’appuie sur une enquête qualitative menée entre 2021 et 2023 à l’échelle d’un département et visant à rendre compte de l’expérience que font de leur parcours d’accès aux droits les publics de ce point de vue vulnérables. Cette analyse confirme les caractéristiques des profils d’usagers que la littérature disponible décrit comme particulièrement exposés. Elle souligne en outre les difficultés que rencontre une population a priori équipée pour faire face aux exigences de la transformation numérique mais qui se heurte à la complexité persistante des démarches administratives. Cette attention sur des publics dont les compétences numériques ne sont pas en cause éclaire la réflexion des institutions sur la mesure à établir entre des politiques d’éducation au numérique destinées aux plus fragiles et des politiques de simplification de l’accès aux droits conduites pour l’ensemble de la population. Ces dernières contribueront par cette voie à améliorer le sort des plus précaires.
Cet article étudie la manière dont des hommes en viennent à accuser leurs conjointes de les avoir épousés pour obtenir la nationalité française et les usages qu’ils font de la dénonciation d’une union frauduleuse. Dans le cadre d’un master puis d’une thèse en sociologie, des entretiens ont été réalisés entre 2018 et 2020 avec six hommes estimant avoir été victimes de « mariages gris », qui ont tous pour particularité d’avoir été accusés de violence par leurs partenaires. Ils s’emploient à montrer aux différents acteurs auxquels ils ont affaire que la conjointe est une mauvaise épouse, qui ne rembourse pas sa dette migratoire envers l’époux, mais aussi qu’elle est une mauvaise immigrée, une personne qui vient en France dans le but de profiter de l’État français, auquel s’autoassimilent les enquêtés. La compagne se voit inscrite dans le problème public de l’immigration dite « subie » et les liens qu’elle maintient avec sa famille et son pays d’origine sont produits en preuve de l’union frauduleuse, qui nuit au mari et à la France. Les enquêtés souhaitent par ce biais obtenir l’aide de l’État dans leurs démarches, afin de faire annuler leur mariage, d’expulser la conjointe, mais aussi de contrer les accusations de violence conjugale dont ils font l’objet.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 153, 2025-1, pp. 45-59.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Accompagnement de la personne et identité, Migration, Mariage, Vulnérabilité, Précarité, Couple, Langue, Médiation, Association, Travail ménager, Différenciation sexuelle, Emploi, Vie quotidienne, Aide sociale, Soin, Nomadisme, Gens du voyage, Bidonville, Seine Saint Denis
Cet article s’intéresse à la manière dont les expériences de la migration de femmes roms, qui circulent de la Roumanie vers la France, participent à bousculer les organisations au sein des couples et des familles. Il s’appuie sur une enquête ethnographique réalisée en 2018 auprès de familles ayant migré en France et vivant dans deux bidonvilles en Seine-Saint-Denis. Leur vulnérabilité résidentielle et leur précarité économique les conduisent à une situation d’urgence et à des interactions avec des associations d’aide sociale. Ce contexte peut servir de base à la renégociation de l’ordre familial et conjugal. Des femmes deviennent les médiatrices de leur couple et de leur famille auprès des institutions et des associations ou bien les pourvoyeuses principales des ressources économiques de la famille. Toutefois, la division sexuée du travail domestique n’est pas ébranlée par ces nouveaux arrangements : une forte asymétrie persiste au sein des couples dans les responsabilités domestiques et de soin.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 153, 2025-1, pp. 29-44.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Accompagnement de la personne et identité, Migration, Couple, Genre, Différenciation sexuelle, Femme, Homme, Relation femme-homme, Inégalité, Rôle, Travail ménager, Mariage, Vie quotidienne
À partir d’une enquête qualitative menée auprès de couples franco-postsoviétiques résidant en France entre 2012 et 2019, cet article aborde les conséquences croisées de l’expérience migratoire et de la conjugalité transnationale sur le genre. En migrant et en développant une relation intime avec leur partenaire français, ces femmes, originaires d’un ex-pays de l’Union soviétique, changent de régimes de genre. En prenant appui sur leurs étonnements, leurs déceptions ou leurs satisfactions vis-à-vis des transformations intervenues au cours de leur migration et dans leurs expériences conjugales, cet article met en lumière ce que la mobilité d’une nation à une autre fait au genre et à la conjugalité. Certains comptes rendus d’interactions intimes révèlent des décalages et des malentendus entre les partenaires, dans la mesure où ils et elles ne maîtrisent pas les mêmes normes et règles pratiques en matière de genre. Au-delà de ces accidents de l’interaction apparaît un relâchement des injonctions genrées sur ce que signifie être un homme ou une femme, permettant d’éclairer les marges de manœuvre et de liberté offertes par la conjugalité transnationale et l’expérience migratoire.
Article de François Gremion, Lise Gremion, Ghislain Margerotte, et al.
Paru dans la revue La Revue internationale de l'éducation familiale, n° 54, 2024-2, pp. 13-124.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Care, Éthique, Personne handicapée, Polyhandicap, Enfant handicapé, Intégration scolaire, Inclusion, Famille, Accompagnement, Cancer, Dépendance, Enseignement, Protection de l'enfance, TSA, Placement familial
Ce dossier thématique souligne l’importance qu’offrent les éthiques du care dans les situations de dépendance extrême et d’accompagnement de jeunes « autrement capables ». Il invite à questionner les guides de bonnes pratiques, les visions parfois innocentes associées aux politiques publiques d’inclusion et les freins à l’avènement de l’école inclusive. En s’appuyant sur les théories du care – notamment celles impulsées par les travaux des philosophes américaines Carol Gilligan, et Eva Feder Kittay avec sa réflexion sur les contours d’une « vie bonne » – les articles invitent à penser le nécessaire double travail de care de l a famille et des enseignants ; le prendre soin et l’accueil de la précarité des modes d’existence extrêmes ; la problématique de la scolarité à l’épreuve du handicap ou d’une maladie grave comme le cancer ; ou encore l’alliance famille-professionnels dans la perspective d’un habitat inclusif d’adultes en situation de handicap. Sont mises en résonnance des voix jusqu’alors peu audibles ou absentes afin de soutenir la réflexion sur le poids de la norme, les paradoxes des projets d’inclusion, les processus allant de la volonté d’intégration ou d’inclusion à une réalité d’exclusion. Le dossier permet de considérer l’importance des aspérités du travail de care et d’inscrire celui-ci dans le réseau des relations qui le tissent.
Introduction : L’éthique du care, une éthique du concret / Matthieu Laville et François Gremion
L’intégration scolaire entre justice sociale et éthique du care / Lise Gremion et François Gremion
Pour une alliance « family-friendly » entre les familles ayant une personne en situation de handicap et les professionnels des services / Ghislain Magerotte
Face à la maladie grave : de l’intérêt de mobiliser les éthiques du care pour comprendre le travail enseignant / Zoé Rollin
L’intérêt des travaux d’Eva Feder Kittay pour l’éducation familiale / Karima Gacem
Instaurer une « vie bonne » pour son enfant : récits de care de mères d’enfants en situation de dépendance extrême / Matthieu Laville et Anne Pellissier
Le Matthey Generic Mood Questionnaire (MGMQ) est une mesure de dépistage de la santé émotionnelle validée chez des femmes et des hommes anglophones et italophones en période périnatale. Cette étude a exploré sa pertinence pour les femmes arabophones. Il a été traduit, approuvé sur le plan culturel et administré à 354 femmes arabophones en post-partum en Arabie saoudite, en même temps que d’autres mesures de l’humeur. Deux semaines plus tard, 185 de ces femmes ont participé à un entretien téléphonique, en arabe, avec la responsable arabe du projet. Elles ont à nouveau répondu aux mesures d’autoévaluation, ainsi qu’à un entretien de diagnostic des troubles dépressifs et anxieux. Le MGMQ a montré une sensibilité (66,7-73,3 %) et une spécificité (81,3-84,5 %) satisfaisantes par rapport au diagnostic de dépression majeure ou d’anxiété, ainsi qu’une fiabilité satisfaisante et une validité concomitante par rapport à d’autres échelles d’évaluation de l’humeur et de l’expérience. Toutes les femmes ont répondu à la question « Raison de la détresse » du MGMQ. Le MGMQ est donc un outil de dépistage de l’humeur adapté aux femmes arabophones, qui fournissent également des informations utiles aux cliniciens.
Paru dans la revue Devenir, vol. 36, n° 4, 2024, pp. 306-321.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Assistant familial, Attachement, Care, Relation adulte-enfant, Accueil familial
L’accueil familial est vu actuellement comme un dispositif de soins, dans lequel les assistants familiaux doivent être professionnalisés et intégrés à l’équipe pluridisciplinaire. En 2022, la « Loi Taquet » assigne à l’assistant familial une place de travailleur social « à part entière » au sein de l’équipe. Le service employeur aspire à ce que l’assistant familial active son système de caregiving afin de permettre à l’enfant confié de trouver en lui une figure d’attachement prévisible, fiable et cohérente. Permettre à l’enfant de vivre de nouvelles expériences relationnelles sécurisantes et épanouissantes, telle est la mission thérapeutique de l’accueil familial. Il faut s’ouvrir à considérer que l’enfant trouve des figures d’attachement secondaires, complémentaires entre elles, et pas compétitives, soit dans son milieu d’accueil, soit dans son environnement de vie plus large. Inspiré de l’éclairage de la théorie de l’attachement, cet article propose des pistes pour soutenir ces professionnels du « care » et les aider à développer un caregiving répondant au mieux aux besoins fondamentaux de l’enfant confié, notamment le méta-besoin de sécurité. Il explique comment les services peuvent constituer une base de sécurité pour l’assistant familial, afin qu’il incarne une figure d’attachement sécurisante pour l’enfant.
Paru dans la revue Devenir, vol. 36, n° 4, 2024, pp. 290-305.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Attachement, Parentalité, Relation enfant-parents, Accompagnement, Protection de l'enfance
La théorie de l’attachement permet d’éclairer le type de comportements parentaux associé à la sécurité de l’attachement. La recherche nous montre notamment que certains parents peuvent présenter un attachement insécure qui entrave leurs capacités de mentalisation et leurs capacités à s’ajuster aux besoins de leur enfant.. Le vidéo-feedback permet au parent de se faire observateur de ses interactions avec son enfant et de relever ce qu’il est prêt à travailler. Nous pensons que ce type d’intervention, à adapter au cadre spécifique de chaque service au sein d’un conseil départemental, permet d’améliorer la réflexivité parentale et de favoriser le développement d’un attachement sécure chez l’enfant.
Cette étude s’intéresse à l’anxiété maternelle du post-partum et aux liens entretenus avec le vécu de l’accouchement, le sentiment de sécurité postnatal et l’attachement de la mère au partenaire, sa propre mère et son propre père. Un total de 1 560 mères ayant un enfant âgé de moins de 12 mois ont répondu en ligne à un questionnaire sociodémographique, ainsi qu’aux versions françaises du Postpartum Specific Anxiety Scale, du Parents’ Postnatal Sense of Security instrument, du questionnaire d’évaluation du vécu de l’accouchement et du Experience in Close Relationships-Relationship Structures. Les résultats montrent que le sentiment de sécurité postnatal est significativement corrélé à l’anxiété postnatale et à l’évaluation du vécu de l’accouchement, et qu’il prédit significativement l’anxiété postnatale. L’anxiété dans l’attachement au partenaire est la seule dimension de l’attachement qui prédit le sentiment de sécurité postnatal, le vécu de l’accouchement et l’anxiété postnatale. Elle est également médiatrice des relations entre le sentiment de sécurité postnatal et le vécu de l’accouchement avec l’anxiété postnatale. L’anxiété dans l’attachement au partenaire mérite donc d’être davantage investiguée dans son rôle concernant le vécu psychologique de la période postnatale.