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L’espace Claude-Chassagny est un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) spécialisé qui propose une approche thérapeutique pluridisciplinaire du décrochage scolaire chez les adolescents (de 12 à 20 ans). D’un point de vue systémique, le décrochage scolaire est envisagé comme le symptôme qui témoigne d’une situation de mal-être d’un adolescent et d’un niveau d’alerte du fonctionnement du système familial. Au sein du CMPP, la mise en articulation du travail individuel avec un travail familial permet à l’adolescent d’accéder à l’autonomie en se libérant de loyautés aliénantes. Cette prise en charge psychothérapeutique s’inscrit également dans un travail de réseau qui implique la mise en articulation de l’ensemble des intervenants dans la situation de l’adolescent : école, famille, intervenants sociaux et institutions soignantes.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIV, n° 2, juillet-décembre 2021, pp. 189-196.
Mots clés : Petite enfance-Périnatalité, Césarienne, Urgence, Relation soignant-soigné, Relation enfant-parents, Traumatisme, Image mentale, Anxiété
Nous soutenons ici l’hypothèse que la naissance d’un bébé, et singulièrement la césarienne réalisée en urgence, est l’occasion de vivre une expérience régressive, résonnant avec les vécus primaires du sujet. Les expériences archaïques vécues par les parturientes durant l’enfance sont alors reconvoquées et la césarienne risque d’être vécue comme un moment de détresse. La position parentale soignante de l’équipe obstétricale peut toutefois permettre que la césarienne soit l’occasion d’une illusion positive, ce qui soutient l’intégration psychique de cet événement. À défaut, une rencontre ultérieure avec un soignant, inscrit dans une préoccupation soignante primaire, peut permettre d’apaiser la détresse. C’est ce que nous étudierons à travers trois vignettes cliniques.
Article de Aurore Plat, Bernard Golse, Marion Griot
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIV, n° 2, juillet-décembre 2021, pp. 169-188.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Enfant handicapé, Annonce du handicap, Développement sensoriel, Parentalité, Relation enfant-parents, Subjectivité, Fratrie, Traumatisme, Handicap moteur
À partir d’observations cliniques, nous nous interrogeons sur ce que nous montrent certains enfants porteurs de handicap moteur diagnostiqué en période périnatale, et leur famille. La complexité du lien est mise en perspective avec le traumatisme que peuvent représenter l’annonce du handicap et les difficultés de séparation/individuation chez ces enfants et leurs parents. Les champs du développement perceptif, de la sensorialité et du pulsionnel sont également abordés à la faveur de l’accès de ces jeunes à leur subjectivité. Le corps, le psychisme et la parole se lient. Le travail thérapeutique et pluridisciplinaire par leur contenance et leur fonction tierce pourraient étayer ces processus de parentalité et de subjectivation.
Dans le cadre de cet article les auteurs exposent le fil de leurs études respectives, et parfois communes, qu’ils ont réalisées durant ces quinze dernières années, portant sur différentes configurations d’homoparentalité (parentalité lesbienne, coparentalité, gestation pour autrui pour des pères gays). Plus précisément, les auteurs démontrent, en s’appuyant sur la présentation de vignettes cliniques, comment ils ont abordé l’expérience de la parentalité chez des sujets homosexuels à travers le prisme de réactualisation des conflits intrapsychiques préœdipiens et œdipiens et en recourant aux concepts psychanalytiques de la fonction de tiers, de bisexualité psychique, du fantasme de scène primitive. Cette perspective d’analyse intrapsychique s’inscrit par ailleurs aussi bien dans le lien aux générations antérieures que dans le lien de couple, le lien au tiers de procréation, le lien aux enfants.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIV, n° 2, juillet-décembre 2021, pp. 3-36.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Enfant, État limite, Trouble de la personnalité, Traumatisme, Relation enfant-parents, Attachement, Développement, Psychologie du développement, Mécanisme de défense
Le diagnostic d’un trouble de la personnalité limite dans l’enfance s’avère controversé. Dans une perspective développementale de la psychopathologie, Pine (1974, 1986) a proposé la notion de l’enfant borderline-en-devenir. Il suggère que ce dernier soit caractérisé par la survenue de traumas dans le contexte relationnel à la figure de soins, ce qui aurait altéré sa capacité à s’engager dans un développement normal et entraîné l’utilisation de mécanismes défensifs permettant d’assurer sa survie psychique. Les propositions de Pine trouvent des résonances avec les écrits contemporains. Elles sont ainsi revisitées au travers des concepts tels que les traumatismes relationnels précoces et l’attachement. L’intégration des résultats empiriques issus des recherches scientifiques actuelles à la théorie de Pine permet de proposer un modèle explicatif de l’enfant borderline-en-devenir.
Cette étude avait pour objectif d’explorer les caractéristiques personnelles du parent qui impactent le sentiment de compétence parentale (SCP). Des questionnaires en ligne évaluant le SCP (QAECEP) et le style d’attachement du parent (RSQ), ainsi qu’un questionnaire sociodémographique, ont été proposés à 139 participants issus de la population générale (dont 60 pères). Les parents ayant un style d’attachement insécure rapportent un SCP plus faible que les parents sécures. L’âge des parents et le nombre d’enfants vivant au domicile sont corrélés positivement au SCP. Les parents ayant un style d’attachement insécure sont donc susceptibles de rencontrer plus de difficultés dans la perception de leur rôle parental. Cette étude révèle que, au-delà des caractéristiques personnelles du parent, d’autres variables influencent le SCP. Dans le cadre d’une prise en charge pour difficultés à assumer le rôle parental, il est nécessaire de considérer le style d’attachement du parent et les caractéristiques de l’enfant.
Article de Céline Chamaillard, Sarah Coquery, Sandrine Jaffres, et al.
Paru dans la revue Cahiers de la puéricultrice, n° 350, octobre 2021, pp. 35-39.
Mots clés : Santé-Santé publique, Petite enfance-Périnatalité, Nourrisson, Allaitement, Relation enfant-parents, Hospitalisation à domicile, Thérapie, Neurologie, Maladie infantile, Puéricultrice, Suivi médical
L’ictère est le symptôme le plus fréquemment observé durant la période néonatale. Sa surveillance standardisée et son traitement, par photothérapie si besoin, permettent d’éviter les séquelles neurologiques irréversibles. Un programme d’hospitalisation à domicile (HAD) spécifique, pour les nouveau-nés de trois jours et plus à risque d’ictère sévère, a été mis en place par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris grâce à l’expertise du Centre national de référence en hémobiologie périnatale (CNRHP). La puéricultrice facilite la collaboration avec le service hospitalier, le CNRHP et l’équipe pluridisciplinaire de l’HAD dans ce projet innovant. Le lien parents-enfant est favorisé, le retour à domicile est plus rapide, tout en garantissant la sécurité de ce suivi médical spécialisé.
Paru dans la revue Dialogue, n° 233, septembre 2021, pp. 137-158.
Mots clés : Enfance-Famille, Nourrisson, Épidémie, Hôpital, Maternité, Relation enfant-parents, Enfant malade, Famille, Maintien du lien, Covid-19
Les mesures sanitaires prises dans les hôpitaux durant l’épidémie mondiale de Covid-19, notamment au cours de la « première vague », sont venues questionner l’auteure dans le cadre de sa pratique au sein d’un service de réanimation néonatale. La fermeture de l’institution hospitalière aux visiteurs au nom de la sécurité sanitaire a ainsi conduit à fermer les services de suite de couches aux pères et à limiter, voire interdire, les visites des parents auprès de leur nouveau-né hospitalisé. Comment inventer des moyens de faire famille au moment où la famille se constitue ou se réaménage dans des conditions aussi extrêmes ? Au travers de quelques observations et de l’analyse d’un cas clinique, l’auteure invite à repenser les pratiques limitant les visites des parents mais également des frères et sœurs auprès des bébés hospitalisés.
L'objectif de notre article est d'enrichir la compréhension de l'évolution de la coparentalité postrupture conjugale. En essayant de comprendre "le rôle de l'enfant dans la qualité de la relation coparentale après la séparation parentale", nous avons analysé le témoignage de huit professionnels habitués à intervenir auprès des familles en situation de coparentalité hautement conflictuelle (HC). L'analyse thématique théorique (Braun et Clarke, 2006) nous a permis d'approfondir nos précédents résultats (Stolnicu et Hendrick, 2019) au regard des connaissances théorico-cliniques mais aussi du savoir d'expérience des experts. Nos résultats visent à promouvoir la conceptualisation des processus familiaux impliqués dans l'évolution de la coparentalité à travers une meilleure compréhension du caractère bidirectionnel des relations parents-enfants.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 42, n° 3, septembre 2021, pp. 203-223.
Mots clés : Enfance-Famille, Divorce, Séparation, Recherche, Approche historique, Famille recomposée, Idéologie, Déviance, Littérature, Beau-parent, Relation enfant-parents, Approche clinique
"De la déviance à la variance", nous empruntons cette formule à Neyrand (2001) parce qu'elle résume en quelques mots l'évolution de la recherche à propos des foyers post-divorce. Elle-même, sans aucun doute, tributaire de l'évolution sociale. Nous proposons ici de discuter les grandes tendances qui ont fait la recherche sur les foyers post-divorce depuis la seconde moitié du XXe siècle jusqu'à nos jours. Après avoir connu une mise en avant des déviances de ces foyers, il est aujourd'hui essentiel d'en comprendre les variances. Au passage, nous questionnons ici la perte de sens de l'approche par comparaison déficitaire et le danger des recherches issues de la clinique.