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Article de Daniel Derivois, Emilie Charpillat Richard
Paru dans la revue Dialogue, n° 218, décembre 2017, pp. 111-123.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Filiation, Traumatisme, Placement, Enfant placé, Protection de l'enfance, Fantasme, Violence conjugale, Affectivité, MECS, Contre-transfert, Relation enfant-mère, Psychothérapie
L’élaboration de la filiation traumatique vers une filiation affective nécessite la mise en place de dispositifs adaptés permettant le travail de retissage des liens intrapsychiques et intersubjectifs chez l’enfant et sa famille. L’étude rapportée par cet article est réalisée en mecs (maison d’enfants à caractère social) à partir du cas d’un enfant issu d’un viol. Trois entretiens mère-enfant répartis en trois temps ont été mis en place pour permettre à la mère, victime de violences conjugales, de renouer le contact avec son fils en perte de repères. Les résultats montrent que l’enfant a beaucoup investi le dispositif en faisant appel à son imaginaire de la scène originaire et en mobilisant les professionnels dans les mouvements contretransférentiels. La souplesse du dispositif et la capacité des professionnels à se laisser utiliser ont servi de garant à la reconstruction de l’origine.
Cette réflexion vise à ouvrir une possible réponse à l’interrogation : « Limite ou échec thérapeutique ? ». À travers la vignette clinique d’un patient reçu deux fois en consultation, cet article se propose d’interroger les éprouvés contretransférentiels d’effroi et de sidération en regard avec son histoire. Des traces internes traumatiques de son histoire familiale entraveraient la subjectivation, amoindriraient son insight. Comment, dans de telles conditions psychiques, un travail d’élaboration serait-il envisageable si le sujet n’a pas une reconnaissance, une acceptation, même partielle, de sa propre souffrance ?
L’objet de la recherche présentée dans cet article est l’analyse des situations d’échec ou d’impasse en institution de soins éducatifs et de soins psychiques avec les enfants de la Protection de l’enfance présentant des troubles sévères de l’attachement. La méthode utilisée repose sur l’analyse qualitative d’observations cliniques, réalisées en contexte de soins psychiques individuels et institutionnels. Fondé sur une approche psychodynamique référée à la métapsychologie psychanalytique, cet article présente quelques-unes des sources intersubjectives de ces échecs, en mettant en exergue les logiques propres à la relation transféro-contretransférentielle qui s’engage entre ces enfants, les professionnels et le groupe-institution. Il présente comment l’élaboration individuelle et groupale des éléments fantasmatiques des enfants et des professionnels peut permettre la relance du soin.
Cet article traite d’une expérience clinique auprès d’aidants conjoints de patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Patients et conjoints aidants ont été des enfants juifs cachés pendant la Shoah. Ces interventions s’inscrivent dans le cadre des activités d’une association juive (l’ose). La maladie d’Alzheimer se caractérise par des troubles de la mémoire effaçant les souvenirs les plus récents et réveillant les plus anciens parmi lesquels les souvenirs infantiles. Le réveil de ces souvenirs et les attitudes qui les accompagnent entraînent des bouleversements familiaux, en particulier dans le couple. Il est question ici des ébranlements au sein du couple quand ses membres partagent une histoire infantile commune. La réactivation des souvenirs liés à l’évolution de la maladie chez l’un entraîne chez l’autre la même réactivation par écho. Le soin consistant en des visites à domicile permet un travail clinique auprès de l’aidant, patient « doublement caché », dont les effets lui sont bénéfiques, ainsi que pour son couple et sa famille.
Ce travail, orienté par les concepts lacaniens, aborde la notion de ravage comme expérience subjective catastrophique dans le lien mère-fille, au travers le cas clinique d’une jeune femme, aux prises avec les réminiscences d’une insulte à son encontre. Il présente le cadre de ce suivi et son évolution thérapeutique, en ayant au préalable développé la notion de ravage. Celle-ci peut être précisée dans sa définition et, dans cette perspective, l’auteur nous propose l’hypothèse selon laquelle le ravage relève d’une expérience traumatique sans pouvoir se soutenir de ses effets, soit un trauma privé des ressources névrotiques du traumatisme.
Cet article se propose de montrer comment un crime de masse tel que le génocide entraîne des répercussions psychiques sur plusieurs générations, ce que l’on peut considérer comme une catastrophe de la filiation. Comment s’inscrire dans un lien de filiation pour écrire son propre roman des origines lorsque l’horreur vécue musèle à jamais la vie de la mémoire, de la parole et de la transmission ? C’est à travers la médiation projective de la libre réalisation de l’arbre généalogique que l’article tentera d’explorer ces questions par une étude de cas. Dans l’espace intermédiaire de la rencontre, tout en respectant les aménagements défensifs du sujet, le travail de perlaboration se rend possible. L’article montre comment la dimension médiatrice et projective du dispositif se met au service du travail d’historicisation et de remémoration de l’histoire familiale et collective chez un descendant d’un survivant de la Shoah.
Paru dans la revue Dialogue, n° 212, juin 2016, pp. 93-104.
Mots clés : Petite enfance-Périnatalité, Prématurité, Parentalité, Intimité, Séparation, Groupe, Traumatisme, Relation enfant-parents
La séparation imposée par la prématurité ou la maladie d’un nouveau-né est potentiellement traumatique pour les parents contraints de rencontrer leur bébé au sein du service de néonatologie sous le regard permanent des soignants, des autres parents, coupés de leur groupe familial. Cet article analyse d’abord les effets délétères de l’inversion des valeurs des espaces intimes ou publics sur la parentalité naissante. Les auteures ont proposé au sein de la salle de néonatologie un temps de rencontre entre parents pour les soutenir dans la création du lien avec leur bébé et de leur identité parentale. À l’appui de vignettes cliniques, elles tentent de montrer que ce dispositif groupal in situ restaure une illusion d’intimité et de communauté sociale permettant aux parents de négocier les paradoxes psychiques liés à l’état de prématurité et à la séparation contrainte d’avec leur bébé.
Article de Anne Valérie Mazoyer, Laurène Menet, Daniel Derivois
Paru dans la revue Dialogue, n° 211, 1er trimestre 2016, pp. 95-108.
Mots clés : Filiation, Traumatisme, Protection de l'enfance, Parentalité, Placement
Cet article propose de considérer la complexité du vécu psychique de mères d’enfants placés. À partir d’un cas unique, les auteurs cherchent à évaluer le rôle de la qualité des processus associatifs dans le vécu du placement, et ce dans une approche métapsychologique. La méthodologie mise en place s’inscrit ainsi dans une démarche qualitative étayée par des entretiens cliniques et par la passation d’une épreuve projective (tat). À travers la situation clinique d’Alice, cette étude tente de repérer les facteurs favorisant l’élaboration de la séparation et la mise au travail psychique du placement et de son histoire de vie. Elle conclut sur les conditions d’un potentiel transformateur du placement et ses effets de réorganisation psychique.
On rencontre en consultation en CMPP ou en pédopsychiatrie des enfants qui, dès la crèche, inquiètent leur environnement du fait de conduites témoignant souvent de traumas interactifs qui sidèrent toute tentative d'élaboration et complexifient tous les projets de soin. Pour ces enfants pour qui l'élaboration en consultation de type classique est difficilement accessible, il s'agit de travailler autour des liens parents/enfants les problématiques qui renvoient aux premières expériences d'attachement et d'appropriation subjective. A partir d'une consultation parents/enfant avec une petite fille de 3 ans, les auteurs, psychologues cliniciens, mettent en perspective ce travail où il est question de cheminer avec les parents et l'enfant pour progressivement scénariser et historiciser les recouvrements traumatiques. Il devient possible alors de se figurer un vécu jusqu'alors informe ouvrant petit à petit la voie à une symbolisation et donc à des changements dans les liens parents/enfants.
Paru dans la revue Dialogue, n° 209, septembre 2015, pp. 121-132.
Mots clés : Transmission, Exil, Traumatisme, Guerre, Filiation, Histoire familiale, Phénoménologie, Psychanalyse, Immigration, Symptôme, Relation enfant-mère, Corps
Les descendants aux prises avec le passé familial traumatique et exilaire se voient bien souvent tiraillés par des enjeux identitaires paradoxaux, manifestés par des symptômes étranges, sans en posséder les signifiants historiques qui les motivent. Partant d’une étude de cas appréciée sous l’angle de la phénoménologie et de la psychanalyse, les auteurs mènent leurs réflexions sur l’histoire d’une descendante de parents algériens qui ont immigré en France pendant la guerre d’Algérie. Au creux des pages sinistrées du vécu familial, brisé par le traumatisme de guerre et l’exil, seul un « objet métaphoriseur » sera le témoin du désir inconscient ultime de reliaison filiale.