Documentation sociale

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"Des petites heures par-ci par-là" : quand la réforme des rythmes scolaires réorganise le temps des professionnels de l’éducation

Article de Francis Lebon, Maud Simonet

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 220, décembre 2017, pp. 4-25.

Mots clés : Travail-Emploi, Temps, Travail, École, Rythme scolaire, Conditions de travail, Enquête, Bénévolat

À partir d’une enquête menée en région parisienne et dans une commune rurale, cet article, à distance du problème social des « rythmes scolaires et biologiques de l’enfant », prend pour objet la transformation des rythmes professionnels induite et révélée par la réforme des rythmes scolaires de 2013. Polyvalence, travail gratuit et concurrence sont les thèmes récurrents des entretiens formels et des observations réalisés auprès des différents acteurs de la « communauté éducative » dont les territoires professionnels se redéfinissent. Avec des effets différenciés en fonction des différentes catégories de travailleurs éducatifs, une même logique de l’emploi semble s’imposer à tous, faite d’amplitude horaire et de morcellement, avec la prégnance des « heures » comme unité de temps débattue et ressentie par tous les professionnels. Ces résultats interpellent ainsi sur les effets d’une réforme, vus du côté des professionnels qui forment et encadrent les enfants.

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Le chômeur et le chronomètre : course contre la montre à Pôle emploi

Article de Hadrien Clouet, Jean Marie Pillon

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 220, décembre 2017, pp. 26-47.

Mots clés : Travail-Emploi, Pôle emploi, Profession, Temps, Aménagement du temps, Chômeur, Durée, Entretien, Organisation du travail

La rationalisation de l’action publique découle de deux contraintes, la contraction des budgets et l’accroissement du public de l’administration. À Pôle emploi comme ailleurs, elle requiert la participation des conseillers. Sous une pression temporelle forte, et dans le cadre de plannings construits au quart d’heure près, ils livrent une lutte quotidienne pour dégager du temps et limiter le travail caché qui déborde sur les temps morts (pauses, interstices entre les entretiens, repas, heures supplémentaires voire hors travail). Ils luttent également pour intercaler leur propre définition de l’efficacité dans le jeu entre le discours de l’institution et l’appropriation du public. Dans l’impossibilité de remettre frontalement en cause le management par objectif et la rationalisation de leur administration, ces derniers cherchent au contraire à accroître leur rendement pour bénéficier de temps libre, dont ils maîtriseraient le cadrage, notamment dans les coulisses des agences. Mais cette lutte quotidienne se heurte à plusieurs difficultés, qui réduisent les opportunités d’encadrer les temps de travail en présence du public. Le maintien de l’ordre institutionnel, les irruptions biographiques et la pédagogie des prestations, chacune adaptées à différents publics cibles, menacent le monopole des conseillers sur le déroulé des interactions. La rencontre entre des espaces administratifs normés et des personnes aux caractéristiques non-anticipées par les lignes directrices, rétifs ou ignorants de l’institution, tend alors à paralyser l’action publique.

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L’aggiornamento d’un département d’économie : conversion à la gestion et marginalisation des savoirs critiques

Article de Brice Le Gall

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 220, décembre 2017, pp. 48-67.

Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Économie, Université, Analyse critique, Gestion

Cet article étudie la façon dont la gestion a phagocyté les savoirs économiques critiques à l’université. En nous appuyant sur le cas d’un département, l’analyse révèle que l’intensification de la concurrence entre formations économiques et la réorientation des flux étudiants sont au principe d’un déclin structural de l’institution qui a été interprété par les enseignants comme une crise des vocations pour l’économie critique. Combinées aux recompositions du corps enseignant (liées aux modes de génération des générations), ces transformations permettent de comprendre plusieurs conversions à la gestion et donc pourquoi les prises de position sur l’enseignement ne sont pas nécessairement ajustées aux orientations scientifiques et politiques des économistes.

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La noblesse scientifique : jugements scolaires et naturalisation des aspirations en classes préparatoires aux grandes écoles

Article de Marianne Blanchard, Sophie Orange, Arnaud Pierrel

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 220, décembre 2017, pp. 68-85.

Mots clés : Ecole-Enseignement, Enseignement supérieur, Sélection, Réussite scolaire, Examen scolaire, Enquête, Genre

La production d’une « noblesse scientifique », à travers les concours scientifiques de l’ENS, et, en amont, pendant les deux ou trois années de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) scientifiques, produit un ordre scolaire, non seulement social mais aussi sexué. Les mécanismes qui président au maintien de ces bastions de l’élitisme scolaire comme entre-soi bourgeois et masculin sont ici analysés à l’aune de la définition de l’excellence scolaire qui y a cours, à partir d’une enquête par questionnaire conduite auprès de 2 270 élèves de classes préparatoires scientifiques. Dans ces classes, les caractéristiques du bon élève de lycée ne constituent que des conditions nécessaires de la réussite scolaire, non des conditions suffisantes. Ces dernières sont alors à trouver dans un ensemble de qualités naturalisées esquissant une idéologie du don. Celle-ci se voit intériorisée par les élèves et l’urgence scolaire caractéristique des CPGE la justifie sous couvert de l’impliquer.

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Des classes sociales européennes ?

Article de Etienne Penissat, Yasmine Siblot, Cécile Brousse, et al.

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 219, septembre 2017, pp. 4-141.

Mots clés : Action sociale : cadre institutionnel et juridique, Classe sociale, Communauté européenne, Inégalité, Sociologie, Recherche en sciences sociales, Analyse comparative, Ouvrier, Nation, Culture, Loisir, Classification, Enquête, Qualification professionnelle, Bourdieu (Pierre), Grande-Bretagne, France, Portugal, Allemagne, Espagne, Europe

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Plages, territoires contestés

Article de Jennifer Bidet, Elsa Devienne, Isabelle Bruno, et al.

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 218, juin 2017, pp. 4-103.

Mots clés : Territoire-Logement, Tourisme, Laïcité, Commune, Législation, Privatisation, Économie, Vacances, Immigré, Mobilité sociale, Couple mixte, Los Angeles, Var, Brésil, Algérie, Tanzanie

Les arrêtés municipaux pris durant l’été 2016 afin de réglementer les tenues vestimentaires sur les plages de certaines communes du sud de la France ont rappelé que les plages, espaces touristiques par excellence, sont au centre de rivalités et de luttes pour contrôler qui y a accès, selon quelles normes et à quel prix. Au cours du XXe siècle, la démocratisation du tourisme balnéaire, l’urbanisation rapide des littoraux et la fragilisation des espaces côtiers ont conféré à l’espace « plage » une valeur croissante, aussi bien économique que symbolique.
L’ambition de ce dossier est de se démarquer des approches de la plage en sciences sociales qui se sont contentées d’en faire un espace à part autorisant la suspension des rapports sociaux. À rebours d’une telle vision, il s’agit ici de politiser la plage, c’est-à-dire de comprendre la manière dont cet espace particulier peut être approprié par certaines fractions de l’espace social au détriment d’autres. Logiques politiques, économiques, environnementales et sociales s’articulent pour faire de cet espace littoral un enjeu de luttes entre groupes sociaux au croisement des rapports sociaux de classe, de sexe et de « race ». Depuis le début du XXe siècle, le relâchement progressif des codes vestimentaires sur cet espace a fait de la plage un territoire propice aux interactions sexualisées, venant révéler et rejouer les rapports sociaux de sexe – ceux-ci concernant aussi bien les relations entre femmes et hommes que la stigmatisation de sexualités jugées déviantes. L’appropriation privée de portions du littoral et leur utilisation comme critères de valorisation d’opérations immobilières soulignent à quel point ces espaces sont un enjeu de luttes entre groupes sociaux aux ressources économiques inégales. Par ailleurs, destination aujourd’hui privilégiée de séjours touristiques générant des circulations internationales de vacanciers, cet espace porte en lui la capacité à faire se rencontrer des groupes sociaux appartenant à différentes hiérarchies sociales nationales, mais aussi des groupes construits comme antagonistes dans les rapports sociaux de « race » c’est-à-dire construits sur une différence supposée d’origine rapportée à des critères indistinctement culturels et phénotypiques.
Cette ambition est portée par un dossier pluridisciplinaire dont le propos est ancré dans des terrains nationaux contrastés. Analyse historique de la mise en place d’une législation spécifique sur les plages californiennes ou de l’éviction des populations africaines américaines du littoral de la côte Est des États-Unis, étude des luttes de pouvoir politique et économique dans l’appropriation du littoral de Saint-Tropez ou du Nordeste au Brésil, analyse des interactions à la plage comme révélateur de formes de mobilité sociale articulées à des processus de racialisation des différences sociales à Zanzibar ou en Algérie, tels sont les différents modes d’entrée pour penser la plage comme territoire contesté.

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Se voir « avec les yeux des autres » : ou comment de jeunes ouvriers se sont laissés imposer des représentations dominantes d’eux-mêmes

Article de Martin Thibault

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 216-217, mars 2017, pp. 104-123.

Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Lien social-Précarité, Jeune travailleur, Ouvrier, Représentation sociale, Classe sociale, RATP

« Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Cette question qui semble banale et qui vient souvent rapidement dans l’économie des rapports sociaux recèle nombre d’interrogations que le chercheur peut se poser sur les relations que les agents entretiennent avec leur condition car elle engage bien souvent à se présenter par son activité professionnelle, comme si l’identité sociale était chevillée à son identité professionnelle. Essayer de comprendre la manière dont on met en mot sa condition sociale invite donc à ne pas euphémiser l’apparence banale de cette question pour mieux mesurer comment elle révèle, notamment lors d’échanges entre personnes de différents milieux sociaux (ce dont les relations avec l’enquêteur peuvent aussi être révélatrices), la présence quotidienne des rapports de classe. À partir de l’étude des représentations de soi d’un groupe ouvrier spécifique dans un atelier de la RATP, nous essaierons de montrer en quoi une partie des jeunes ouvriers a été gagnée par des représentations de sa condition « avec les yeux des autres » quand d’autres groupes s’en tiennent à distance. Dès lors, se pencher sur les manières de dire sa condition invite à réfléchir au sentiment de classe à l’intérieur d’un atelier, ce qui illustre des tensions plus larges au sein des classes populaires contemporaines.

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Les garages à ciel ouvert : configurations sociales et spatiales d’un travail informel

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 216-217, mars 2017, pp. 80-103.

Mots clés : Travail-Emploi, Emploi précaire, Crise économique, Milieu urbain, Roubaix

Cet article est issu d’une enquête ethnographique collective portant sur l’organisation de la vie quotidienne des classes populaires à Roubaix, ville désindustrialisée qui connaît depuis plusieurs décennies un déclin démographique et urbain ainsi qu’un reflux des anciennes dynamiques de valorisation du capital. Les habitants des quartiers pauvres y effectuent des activités telles que la mécanique automobile, qui concerne principalement les hommes. Source de revenus, de qualification et de travail pour différentes générations, la réparation automobile se déploie dans la rue, sur des parkings, dans des garages « à ciel ouvert », plus ou moins clandestins, révélant la porosité de la frontière entre l’informalité et la formalité du travail. Cette activité se réalise au prix d’une plus grande emprise de la division sexuelle et raciale du travail, régulatrice de la distribution des postes et des statuts. Elle s’inscrit, plus largement, dans un système de travail de subsistance que doivent quotidiennement réaliser les hommes et les femmes des classes populaires aux marges du marché du travail formel. L’inscription spatiale de ces pratiques révèle la centralité populaire de Roubaix alors qu’elle est habituellement perçue comme une ville périphérique et reléguée.

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La fabrique des dispositions urbaines : propriétés sociales des parents et socialisation urbaine des enfants

Article de Clément Rivière

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 216-217, mars 2017, pp. 64-79.

Mots clés : Enfance-Famille, Socialisation, Enfant, Milieu urbain, Transport, Éducation familiale, Mobilité géographique

S’appuyant sur une approche par entretiens de l’encadrement parental des déplacements et des activités des enfants au sein d’espaces publics urbains, cet article contribue à mettre au jour les ressorts de la différenciation sociale de la socialisation urbaine des enfants. En montrant comment ce processus de socialisation s’encastre dans des logiques éducatives et des ressources contrastées, il s’inscrit dans une réflexion plus large sur la différenciation sociale de l’enfance. La distinction idéal-typique de trois « manières d’encadrer » la mobilité des enfants met en lumière le rôle joué par le volume et la structure des différentes formes de capitaux (économique, culturel, mais aussi social) détenus par les parents. Les contrastes observés invitent à envisager les effets de cette socialisation différenciée en termes d’inégalités, l’encadrement parental s’érigeant en dispositif contribuant à la formation des habitus par le biais de l’incorporation de dispositions sociales et spatiales.

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Gouverner le vote des « pauvres » : champs experts et circulations de normes en Amérique latine (regards croisés Argentine/Mexique)

Article de Hélène Combes, Gabriel Vommaro

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 216-217, mars 2017, pp. 4-23.

Mots clés : Lien social-Précarité, Vote, Démocratie, Pauvreté, Citoyenneté, Politique sociale, Mexique, Argentine

En Amérique latine, le vote des classes populaires est aujourd’hui au cœur de débats et de controverses sur le fonctionnement démocratique. Aux croisements de préoccupations expertes et académiques, s’est imposée l’idée que les allocations versées à des populations ciblées, en fonction de critères socio-économiques, sont massivement « manipulées », monnayées contre des voix en période électorale. Cet article revient sur la genèse de cette association au sein d’organismes internationaux et certains courants dominants de la science politique, notamment américaine. Il montre ensuite comment des milieux experts nationaux se sont saisis de cette préoccupation et l’ont traduite en dispositifs de contrôle et de « protection » du vote des « pauvres ». L’article analyse deux programmes développés à l’échelle locale au Mexique et en Argentine. La spécificité de cet article est donc de tenir ensemble cette configuration reliant des individus, des institutions et des dispositifs d’intervention sur les politiques publiques et sur les pratiques électorales et d’analyser de manière critique la production normative, son élaboration intellectuelle ainsi que son application de terrain. Ce faisant, il montre comment est né « un gouvernement du vote des pauvres ».

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