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Cette contribution à deux voix s’est construite comme un dialogue qui enchâsse des perspectives, macro, méso et micro concernant l’éducation et les apprentissages à travers la diversité des apprenants. La diversité culturelle au sein du système français est un élément important dans l’appréhension de la situation de handicap, car elle donne à lire des phénomènes de société, des incompréhensions, des non-dits, qui ne facilitent pas le quotidien des personnes. Sur le plan épistémologique, l’objet de cet article est de situer les travaux scientifiques dans une entrée contextuelle au sein de laquelle les dimensions culturelles anthropologiques seront des sources explicatives (Sabatier, 2014). La situation territoriale envisagée est celle de Mayotte, en tant qu’illustration exemplaire et critique des liens entre classification du handicap et processus de désignation d’une situation de handicap. Ce dialogue imaginé entre des cultures et des contextes permet d’intégrer des paradoxes et des différences, en vue de les articuler en un tout ; c’est ce qu’on pourrait appeler la psychologie des contacts de cultures (Denoux, 2004). Nous tentons en même temps de contextualiser les questions posées par la classification du handicap, de les décontextualiser et de les recontextualiser, tels que le font S. Genevois et N. Wallian en 2020 dans le champ didactique, à partir de Mayotte ou du champ du handicap. L’intérêt de notre article ne réside donc pas dans une perspective centrée sur Mayotte, mais plutôt dans l’art de croiser autisme, handicap et contexte mahorais.
L’article interroge, à travers une vignette clinique, le désir d’enfant et l’infertilité secondaire en étant à l’écoute des enjeux inconscients et des représentations socioculturelles gabonaises. Il repère comment le recours à l’AMP n’exclut pas l’adhésion aux croyances traditionnelles de la malédiction. La recherche s’appuie sur une méthodologie qualitative et intègre la libre réalisation de l’arbre généalogique. L’utilisation de la médiation projective permet d’investiguer les liens familiaux, conjugaux et la place fantasmatique de l’enfant dans l’espace généalogique. L’analyse souligne, sur le plan intrapsychique, une conflictualité œdipienne non résolue. Elle pointe le passage obligé par la maternité pour accéder à un statut social valorisé soutien de l’identité féminine.
Dans cette publication, les diasporas africaines sont abordées sous l’angle de leur créativité. Les diasporas africaines ont construit des passerelles culturelles entre l’Afrique, l’Europe, les Amériques malgré les violences destructrices de la traite esclavagiste et de la colonisation, qui sont réactivées par les circulations migratoires dans le sillage de la décolonisation. Jacques Barou et Jean-Baptiste Meyer, en guise d’introduction du dossier scientifique, démontrent comment le transnationalisme des diasporas est un facteur déterminant de création culturelle, d’engagement politique et d’innovation. La créativité résulte des efforts de décentrement et d’adaptation aux nouveaux contextes de vie. Les carrières des intellectuels et des artistes, plus visibles que celles des travailleurs immigrés, s’enrichissent de leurs déplacements, souvent à la marge des institutions, et de la confrontation avec l’altérité. Les talents se bonifient à l’extérieur du continent en inventant les contours d’une africanité, faite d’hybridation et de syncrétisme, qui s’inscrit en terre étrangère dans la modernité culturelle. Les liens diasporiques tissés avec le continent africain – symbole du foyer original des diasporas et espaces de ressources plurielles – favorisent aussi les volontés d’y entreprendre à rebours des projets économiques ou culturels.
Paru dans la revue Forum, n° 162, février 2021, pp. 29-38.
Mots clés : Travail social : Métiers, Empowerment, Intervention sociale, Interculturel, Culture, Vulnérabilité, Travail social, Médiation, Art
Certaines pratiques culturelles collectives comme les danses traditionnelles font intervenir l’héritage culturel individuel, familial et communautaire, un ensemble patrimonial et mémoriel à « activer » en tant que savoir et savoir-faire. Ces « capacités » peuvent être mobilisées au sein d’une intervention sociale interculturelle par la mise en place d’un processus d’appropriation du pouvoir d’agir respectant la culture de la personne.
Paru dans la revue SAS Sciences et actions sociales, n° 14, Année 2021, pp. 9-27.
Mots clés : Alimentation, Migration, Aide alimentaire, Immigration, Pays d'accueil, Cuisine, Précarité, Culture, Tabou, Droit d'asile
La culture culinaire d’une région intègre les héritages du passé et expériences du présent, et est à l’image de ses ressources et contraintes. Si les voyages sont propices à la découverte de nouvelles saveurs, le contexte migratoire est souvent associé au maintien des habitudes alimentaires du pays d’origine, marquant le rattachement à l’identité nationale. Vu le flux important de demandeurs d’asile en France, leur grande précarité et dépendance des dispositifs d’aide, cet article questionne, par la mobilisation de données collectées via une enquête immersive au sein d’une association d’aides alimentaires, les modalités d’adaptation de cette dernière aux demandes d’un public émergeant.
Livre de David Le Breton, édité par Payot, publié en 2021.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Émotion, Concept, Affectivité, Lien social, Pleurs, Culture, Groupe, Socialisation, Théorie, Corps, Communication non-verbale, Langage, Langue des signes, Interaction, Rite, Norme sociale, Intimité, Regard, Symbolique, Enfant sauvage, Comédien
Les émotions ne sont pas spontanées, mais rituellement organisées. Reconnues en soi et signifiées aux autres, elles mobilisent un vocabulaire et des mouvements précis du corps qui diffèrent selon les cultures. C'est ce que montre David Le Breton dans cette anthropologie des émotions, où il analyse, entre autres, le statut du corps dans la communication, les ritualités du regard, ou encore le métier de comédien, qui offre une étonnante illustration de la façon dont les hommes se saisissent des signes pour vivre et donner à voir leurs émotions.
Des publics scolaires perçus comme difficiles, des familles considérées comme démissionnaires et des problématiques vues sous l'angle des risques dessinent un tableau bien sombre des réalités scolaires actuelles. La tentation de resserrer la vis ou de lisser les disparités oppose à la « menace islamiste », à la diversité culturelle des élèves, aux inégalités sociales et scolaire, des réponses réductrices marquées par la méfiance. Cet ouvrage restitue la complexité des enjeux actuels de l'institution scolaire. Il convoque des auteurs qui s'accordent à souligner la dimension éducative de ces nouveaux défis et à proposer une approche pédagogique située, sous le signe de la prévention et de la reconnaissance.
Paru dans la revue Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVII, n° 68, 2021, pp. 101-125.
Mots clés : Travail-Emploi, Psychologie du travail, Travail, Salarié, Bien-être, Analyse comparative, Management, Culture, Japon, France, Etats Unis d'Amérique
La controverse au sujet de l’universalité du bien-être au travail est à l’origine de cette étude. Tant qu’elle n’est pas assurée, la validité externe des pratiques managériales recommandées pour la main d’œuvre occidentale est sujette à caution. Nous cherchons plus précisément à savoir si la conception générale, mais aussi la manière dont les salariés japonais ressentent le bien-être au travail, sont différentes de celles de leurs homologues occidentaux. Le cas des salariés japonais est pour ce faire comparé à celui des salariés américains et français. L’hypothèse générale est que la conception du bien-être au travail est similaire en orient et en occident tandis que son ressenti – exprimé par les combinaisons originales de ses dimensions constitutives – est contingent. Pour la tester, une approche statistique centrée sur les variables puis sur les personnes est réalisée. Les résultats obtenus auprès de 612 salariés japonais tendent à conforter notre hypothèse. Si les dimensions constitutives du bien-être au travail sont similaires à celles observées en occident, certains regroupements de salariés opérés en fonction de la manière dont ils combinent ces dimensions sont en revanche spécifiques. Ces profils originaux sont ceux dominés par a) la compatibilité des différents temps sociaux, b) par la qualité des relations aux collègues et au manager, et enfin, c) par des rapports favorables aux temps sociaux et à l’environnement matériel de travail. Ainsi, les pratiques managériales préconisées pour développer toutes les dimensions du bien-être du personnel occidental pourraient ne pas être efficaces dans les établissements employant un personnel japonais.
Paru dans la revue Agora, n° 87, 2021 [1], pp. 25-38.
Mots clés : Ecole-Enseignement, Enseignant, Parents, Relation famille-institution, Groupe d'appartenance, Culture, REP, Éducation familiale, Norme sociale, Ethnographie
Dans le cadre d’une enquête ethnographique de plus de deux ans dans un quartier prioritaire de la politique de la ville, nous avons rencontré des équipes enseignantes et des familles afin de mieux comprendre les objectifs des projets visant à faire venir les parents à l’école. La notion de culture, très présente dans les discours des enseignant∙e∙s, fait l’objet de cet article. Nous mettons ici en évidence les contextes dans lesquels elle est évoquée : c’est souvent le comportement des élèves, jugé non « normé », qui débouche sur des lectures ethnicisantes, car il suscite des interrogations relatives à l’éducation familiale. L’intrication des registres explicatifs des difficultés familiales, mêlant classe sociale et origine culturelle, s’ancre dans une dialectique « eux /nous » et favorise des pratiques visant l’acculturation des parents. En effet, l’origine étrangère (parfois supposée) ouvre la voie à des tentatives de normalisation des pratiques éducatives familiales par les équipes enseignantes.
Article de Laura Perichon, Charlotte Cisterne, Isabelle Duret
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 42, n° 1, janvier 2021, pp. 59-77.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Deuil, Culture, Mort, Approche systémique, Thérapie, Accompagnement, Famille, Psychologie, Jeu de société, Émotion
Afin de mieux comprendre et accompagner les familles endeuillées, la combinaison de deux courants théoriques du deuil - l'un ethnopsychologique, l'autre systémique - est exposée, invitant ainsi à penser l'existence et la transformation des relations entre vivants et morts suite à un décès. L'analyse d'une situation familiale rencontrée dans le cadre d'une recherche illustrera comment l'inclusion de la représentation et du lien avec le défunt dans l'accompagnement de familles endeuillées peut avoir une portée thérapeutique significative. Dans le cas présenté, le défunt est mobilisé comme agent du dispositif thérapeutique à l'aide d'un objet flottant (Dixyst), conduisant à une transformation conjointe du statut du défunt et du système familial.