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Paru dans la revue Déviance et société, vol. 41, n° 3, septembre 2017, pp. 447-505.
Mots clés : Travail-Emploi, Violence, Profession médicale, Victime, Enquête, Sociologie, Agressivité, Conflit, Soutien psychologique, Besoin, Demande, Établissement de santé, Profession paramédicale, Accompagnement, Risque professionnel, Nord
La réalisation d’une enquête de victimation, demandant à des professionnels de santé les violences qu’ils avaient subies, a permis de repérer les situations dans lesquelles elles s’inscrivent, à en définir les formes et la fréquence, ainsi que les enjeux. L’expérience de violence est étudiée à partir du vécu du professionnel qui est réinscrit dans les rapports sociaux de travail. L’analyse des données recueillies auprès de 444 soignants fait apparaître que les déclarations de victimation constituent non seulement la manifestation d’un vécu éprouvant mais qu’elles sont aussi expression d’une identité professionnelle et moyen pour peser sur les rapports sociaux au sein de l’organisation.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 41, n° 2, juin 2017, pp. 273-304.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Territoire-Logement, Jeune, Éducation populaire, Quartier, Politique de la ville, Enquête, Sociologie, Citoyenneté, Usager, Démocratie participative, Police, Élu local, Enfant de migrant, Discrimination, Précarité
Cet article est fondé sur les apports d’une enquête sociologique menée dans un quartier parisien intégré à la géographie prioritaire de la Politique de la ville. Les opérations d’éducation à la citoyenneté mises en œuvre dans ce contexte révèlent que celui-ci constitue à la fois, pour la jeunesse locale, une force de reconnaissance et une force de dénégation de « sa » diversité. Les interactions à l’œuvre lors de ces opérations entre participants et publics associatifs, élus et policiers sont observées. Ces observations montrent que la présente contradiction est liée à la coexistence de la diversité en tant qu’ensemble de caractéristiques et de pratiques sociales différenciées confirmées et renforcées par les associations – la « diversité sociale » – et de la diversité comme thématique politique mobilisée et mise en forme par les autorités locales – la « diversité politique ». Sur la base du lieu de résidence et de la couleur de peau, la « diversité politique » assigne ces jeunes des classes populaires à une unité « négative ».
Le quartier de Hyde Park à Chicago, fief d’une des plus importantes universités privées du pays, est le théâtre d’une situation inédite en matière de gestion de l’ordre public : les policiers privés du University of Chicago Police Department (UCPD) ont peu à peu supplanté leurs confrères du public suite à la signature de récents accords municipaux laissant aux policiers privés la possibilité de gérer activement le territoire à l’intérieur et à l’extérieur du campus. Le travail ethnographique exploratoire auprès des policiers du UCPD entrepris en 2013 et présenté dans cet article analyse les rapports entretenus par les agents du UCPD avec l’espace public et avec les populations sur le territoire, suite à l’extension de leur juridiction. Se pose la question de l’égalité de traitement des populations par les policiers, puisque ces derniers prennent en charge à la fois les membres de la communauté académique, majoritairement « blancs », et les non-affiliés à l’université, résidents du ghetto « afro-américain » alentour. Au fil des sessions d’observations participantes et des entretiens semi-directifs menés lors des patrouilles, on verra l’adaptation de pratiques policières dites « classiques » à la situation locale de Hyde Park, notamment à travers l’utilisation par les policiers à la fois d’un vocabulaire assorti de termes racialisés, mais aussi de jeux langagiers d’euphémisation et de substitution qui mobilisent les catégories locales et masquent la frontière « ethno-raciale ». Ce vocabulaire « écran » est utilisé pour distinguer les individus perçus comme des clients « légitimes » des utilisateurs « non légitimes » du service, et traduit toute la prégnance du racisme institutionnel invisibilisé sur le terrain.
Cet article est basé sur des entrevues semi-dirigées faites auprès de 16 participantes engagées dans le travail d’escorte. La plupart sont ou ont été escortes indépendantes et plusieurs d’entre elles ont aussi une expérience de danseuse ou de masseuse érotique, ainsi que de travail en agence d’escorte. L’article présente et discute les résultats obtenus quant à leurs motivations à entrer dans l’industrie du sexe, leur expérience des différents milieux et des conditions de travail, l’impact de leur travail sur leurs relations amoureuses et leur consommation de drogue ou d’alcool. Concernant ces aspects, leur parcours s’avère assez semblable à celui qu’elles auraient pu avoir dans tout autre secteur d’emploi, à la différence des relations amoureuses qui sont souvent plus difficiles.
Cet article propose une synthèse des résultats d’un certain nombre d’enquêtes françaises et internationales récentes portant sur les relations entre la police et le public en France, en s’appuyant sur la théorie de la justice procédurale. Les enquêtes d’opinion convergent pour montrer que ce sont les jeunes et les membres des minorités visibles qui ont l’image la plus négative de la police et lui font le moins confiance. L’article rapproche cette image négative des enquêtes qui se sont intéressées aux relations concrètes de ces groupes avec la police, marquées par l’hostilité réciproque et la discrimination policière. L’article propose ensuite une explication de cette situation en se fondant sur l’histoire de la police française et s’efforce de cerner ce qui fait la spécificité du « style » policier français dans le domaine de la sécurité publique.
Article de Arnaud Frauenfelder, Eva Nada, Géraldine Bugnon
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 39, n° 4, décembre 2015, pp. 477-500.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Enfermement, CEF, Enquête, Pluridisciplinarité, Légitimité, Intervention sociale, Surveillant de prison, Travailleur social, Profession médicale, Rivalité, Suisse
Sur la base d’une enquête réalisée dans un CEF de Suisse romande, cet article éclaire le rôle des transformations récentes du champ d’intervention professionnelle dans le processus de recomposition du sens de l’enfermement. À partir de l’analyse des « rivalités » de territoires opposant groupes installés, éducateurs et maîtres socio-professionnels, et nouveaux entrants, agents de détention et corps médical, cet article vise à montrer que la nouvelle économie morale de l’enfermement s’explique moins par les mutations de l’« esprit » des lois pénales que par l’augmentation des rapports d’interdépendance et de concurrence entre les groupes concernés qui s’accompagnent d’une légitimation « savante » du cadre contenant.
Article de Nicolas JOUNIN, Fatine AHMADOUCHI, Aurélie BACHIRI, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 39, n° 1, pp. 3-29.
Mots clés : Contrôle, Discrimination, Contrôle d'identité, Police, Image, Ethnie, Groupe d'appartenance, Jeune, Étudiant, Mode de vie, Transport, Loisir, Sociologie, Enquête, Questionnaire, GENRE, ILE DE FRANCE
Cet article interroge les modalités des contrôles d'identité menés par les forces de l'ordre et notamment la sélection qui y préside, à partir d'une enquête par questionnaire auprès d'étudiants. Le look et le sexe ont des liens significatifs avec la probabilité d'avoir été contrôlé au moins une fois. La race présente également un lien significatif lorsqu'on opère un contrôle par des variables indiquant des pratiques de transport et de loisir. Au-delà de cette disparité, on voit apparaître des écarts, voire la formation d'une « clientèle policière », à travers la répétition et la manière dont se déroulent les contrôles.
L'objet de notre travail est de proposer une approche spatiale du bien-être à l'école sur la base d'une enquête de victimation et de climat scolaire. Une focalisation sur les vestiaires d'EPS permet d'examiner un lieu singulier qui échappe la plupart du temps au regard et à la vigilance de l'adulte. Mille quarante-neuf élèves, issus de 13 collèges ont été interrogés. Les résultats montrent qu'il y a bien des lieux propices aux manifestations de violence au sein du collège selon le point de vue des élèves. Les victimations dans les vestiaires apparaissent singulièrement élevées dans cet espace et en particulier les moqueries, le voyeurisme, les bagarres collectives ou encore les dissimulations d'objets.
Article de Dominique BODIN, Sophie JAVERLHIAC, Stéphane HEAS
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 1, pp. 5-26.
Mots clés : Violence, Sport, Enquête, Entretien, HISTOIRE INDIVIDUELLE, Comportement social, Groupe, Groupe d'appartenance, Bande, Identité, Motivation, Sociologie
Très souvent, le hooliganisme est analysé à travers les facteurs de risques qui conditionnent son émergence ou sous l'angle de la construction des identités collectives. Aucune analyse n'a pris en compte la question des carrières déviantes à long terme et la signification des comportements violents dans leur dimension diachronique, en s'intéressant à trois étapes particulières : l'intégration, la sortie et le retour dans le groupe hooligan. C'est à cette perspective que s'attache cet article en cherchant à comprendre, à partir de 7 entretiens sur 31 réalisés, comment interpréter les différentes phases d'une carrière hooligan.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 1, pp. 27-50.
Mots clés : Stage, Prison, Sanction pénale, Éducation, Prévention de la délinquance, Innovation, Responsabilité, Détenu, Adaptation, Enquête, Entretien, Pédagogie, Justice, Évaluation, Système, Sociologie
Le législateur a consacré depuis 2003 un nouveau type de sanction pénale, sous la forme de « stages », dont l'objectif est d'articuler éducation, prévention et sanction. Ces innovations pénales sont présentées comme un moyen d'adapter qualitativement les sanctions aux infractions de petite et moyenne gravité. A partir d'une étude quantitative et qualitative, cet article vise à mettre en évidence les tensions entre cette finalité pédagogique et des pratiques judiciaires centrées sur la gestion des flux, la systématisation et l'accélération à moindre frais de la réponse pénale..