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Paru dans la revue Déviance et société, vol. 38, n° 1, pp. 55-76.
Mots clés : Discrimination, Droit pénal, Justice, Égalité des chances, Sociologie, BELGIQUE
Le recours stratégique aux cours et tribunaux, dit strategic litigation, fait partie des modes d'action des organismes de promotion de l'égalité des chances en Europe. Centré sur le niveau organisationnel, le présent article se propose d'examiner les modalités et conditions de recours à cette pratique dans le cadre de la lutte contre les discriminations en Belgique, les critères et arguments qui permettent de choisir des cas considérés comme exemplaires, ainsi que les transformations potentielles des usages des cours et tribunaux et de l'arène judiciaire qui en découleraient.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 38, n° 1, pp. 77-102.
Mots clés : PJJ, Délinquance juvénile, Justice des mineurs, Sociologie, HISTOIRE, Éducation spécialisée, Modèle, Contrainte, Responsabilité, Réparation
Au sein d'une majeure partie des pays occidentaux, les systèmes de justice des mineurs sont confrontés à une diversité d'injonctions politiques qui visent un durcissement de l'action pénale à l'égard de la jeunesse délinquante. À partir d'un regard socio-historique, cette contribution interroge la traduction de ces injonctions en savoirs de gouvernement, produits par l'administration du ministère de la Justice qui, en France, est chargée du traitement éducatif des mineurs délinquants : la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Nous décrirons, en particulier, la cristallisation d'un modèle d'éducation sous contrainte, qui tend à transformer l'ambition éducative de cette administration, sous l'effet d'une utopie républicaine revitalisée.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 38, n° 1, pp. 103-121.
Mots clés : Psychiatrie, Santé mentale, Classification, Médicament, Prise en charge, Sociologie
À travers le prisme des critiques au DSM, cet article cherche à dégager une série de questions d'actualité, intéressant tant le public averti que le public plus large, telles que la tendance à privilégier la gestion médicalisée des populations plutôt que les soins à apporter à chaque individu malade ; et l'émergence d'une psychiatrie pour normaux, en relation non seulement avec ladite « médecine pour bien portants », mais aussi avec ce vaste mouvement qui ouvre pour l'« amélioration humaine ».
Cet article est issu d'une recherche consacrée à l'analyse de l'expérience de la formation aux métiers pénitentiaires de travailleurs handicapés. Il montre comment l'entrée de personnes handicapées dans le champ professionnel pénitentiaire français révèle un ordre social et professionnel dominant élaboré en réaction aux relégations dont souffrent cette institution et ces personnels. Il explore les gestes institutionnels qui contribuent à placer les travailleurs handicapés à la marge ou tentent de les assimiler et analyse les gestes individuels de reproduction. Il replace enfin ces gestes institutionnels et individuels dans une logique défensive face à la faiblesse des positions sociales de l'administration pénitentiaire française et de ses métiers.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 463-485.
Mots clés : Génocide, Ethnie, Sociologie, HISTOIRE, Identité culturelle, Récit de vie, Témoignage, Racisme, Totalitarisme, Légitimation, RWANDA
Certes, les massacres de masse perpétrés au Rwanda par les Hutu extrémistes contre environ un million de Tutsi et de Hutu modérés ont fait l'objet de nombreux écrits depuis 1994. Toutefois, outre leur nature biographique et descriptive, certains de ces écrits surestiment la responsabilité des pouvoirs publics et de la communauté internationale. Aussi l'objet du présent article est-il de montrer qu'au-delà de ses fondements politiques, le génocide rwandais repose sur une construction historico-socioculturelle de l'ethnisme. S'appuyant sur une perspective résolument constructiviste, l'analyse concerne des récits de vie et témoignages colligés dans la littérature. Elle révèle précisément comment des schèmes racistes construits par les colons belges s'intègrent dans la culture et la société rwandaises et servent de caution à des régimes politiques totalitaires.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 487-508.
Mots clés : Violence, Sécurité, Légitimation, Sociologie, Secteur privé, Norme
La violence privée peut-elle être légitime ? Apparemment tautologique, cette proposition renvoie à la conception weberienne de l'État en tant qu'« entreprise politique [...] revendiquant avec succès le monopole de la contrainte physique légitime ». Elle mérite cependant une nouvelle analyse à l'aune du développement, récent, des compagnies de sécurité privée construites comme de nouveaux acteurs légitimes sur la scène internationale. Mettant en oeuvre diverses formes de violence physique hors des frontières nationales, ces opérateurs privés sont en effet utilisés aujourd'hui légalement et de manière croissante, par des entreprises, des États ou des organisations internationales. Ces usages massifs et diversifiés indiquent la légitimité nouvelle d'une pratique jusqu'alors condamnée moralement et juridiquement : le mercenariat. Comment comprendre alors un tel processus de légitimation d'une activité vue comme fondamentalement régalienne, mais exercée aujourd'hui par des sous-traitants privés ? Loin d'être anecdotique, l'analyse des pratiques de légitimation mises en ouvre par cette « industrie » illustre, à travers le passage du mercenariat stigmatisé à une identité redéfinie, la question plus générale de la construction d'une norme professionnelle et sociale, mais aussi celle de sa réception et de ses limites alors qu'elle est élaborée en premier lieu par des acteurs privés et qu'elle revient sur les fondements supposés de l'État moderne.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 4, pp. 509-531.
Mots clés : Violence, Armée, Institution, Organisation, Légitimation, Sociologie, TURQUIE
L'objet de ce papier est d'étudier la formation à la violence effectuée dans les casernes turques, en amont de l'expérience combattante, afin de tester l'hypothèse selon laquelle les violences exercées et subies à l'intérieur de l'institution peuvent, par la suite, permettre aux soldats d'endurer la violence des combats. Dans une première partie, nous montrerons que les conscrits de l'armée turque en situation de non-guerre sont confrontés à une violence interne à l'institution militaire qui symbolise la mort par la violence. Nous montrerons, dans une seconde partie, qu'en contexte de guerre, la confrontation réelle avec la mort impose une reconfiguration institutionnelle face à la violence. En effet, il découle de la situation de guerre, une disparition progressive du sentiment de peur, une habituation et une distanciation vis-à-vis des atrocités de la violence guerrière chez les appelés. Parallèlement, les violences internes, qu'elles soient horizontales ou verticales, s'atténuent et sont redirigées vers un ennemi commun.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 2, pp. 131-153.
Mots clés : Sanction, Sociologie, Concept, Épistémologie, Méthodologie, Recherche en sciences sociales, Analyse critique, DAEMS (TOM)
Cet article traite de quelques difficultés d'ordre conceptuel, épistémologique et méthodologique de la sociologie de la punition qui ressortent d'une lecture critique d'un ouvrage marquant de Tom Daems, Making Sense of Penal Change (2008). Ces difficultés font référence (i) au concept de punition et à l'emploi du schéma « causes/effets » ; (ii) à l'absence de différenciation entre explication et prédiction ; (iii) à la question de l'observation à court et à long terme et (iv) à l'emploi de la distinction entre explications unidimensionnelles et pluridimensionnelles. En conclusion, l'auteur se demande si une « position théorique pluraliste » est épistémologiquement possible.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 2, pp. 155-179.
Mots clés : Sanction, Sociologie, École, Collège, Différenciation sexuelle, Ordre social
Dans l'enseignement secondaire français, les retenues sont des « punitions scolaires » prévues pour répondre aux « manquements mineurs aux obligations ». Dans trois collèges représentatifs, nous comparons d'abord les quantités et les motifs de « colle », et essayons d'expliquer les différences. En second lieu, une focalisation sur le sexe et sur la classe fait émerger des résultats favorables aux filles et aux jeunes collégiens. Dans un troisième temps, se pose la question de la répartition des retenues. Loin d'être concentrées sur un petit nombre d'élèves, elles révèlent une logique de maintien de l'ordre (scolaire et statutaire), qui limite beaucoup la réflexion éducative.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 2, pp. 181-205.
Mots clés : Éducation, Sociologie, Valeur, Modèle, Famille, Relation, École, Enseignant, Professionnel de l'enfance, EDUCATEUR
Selon de nombreux sociologues, on assiste depuis 1970 à un mouvement de transformation des moeurs familiales caractérisées par l'émergence à la fois d'un nouveau régime familial (une famille « relationnelle » basée sur une forte affectivité où chaque partenaire jouit d'une grande autonomie) mais aussi d'un nouveau modèle de savoir éduquer (fondé sur une autorité plus souple, négociée entre parents et enfants). Or, du fait de leur diffusion sociale inégale, ces transformations des moeurs alimentent des malentendus, dans la rencontre qui se noue au quotidien entre professionnels de diverses instances éducatives et certaines familles populaires à faible capital scolaire. En se basant sur divers matériaux (entretiens qualitatifs, analyse de dossiers), cet article vise à mieux comprendre ceux-ci en montrant ce qu'ils doivent à la position sociale des acteurs en question.