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Article de Nicolas Leblé, Mireille Cosquer, Lilia Mezghiche, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIV, n° 2, juillet-décembre 2021, pp. 149-167.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Enfant, Autisme, Parentalité, Relation familiale, Diagnostic, Témoignage, Prise en charge, Étude de cas
Le parcours de soin d’un enfant avec autisme impacte fortement l’expérience parentale. Par ailleurs, les parents sont les interlocuteurs principaux des professionnels prenant en charge ces enfants. Enfin, ces parents, à l’échelle individuelle ou collective, mènent des actions et influent sur la perception de l’autisme dans le champ social. Nous tentons d’appréhender leur vécu du parcours diagnostique et de soin de leur enfant, à partir d’une étude qualitative fondée sur des témoignages de parents ayant consulté pour une évaluation dans un Centre de Diagnostic Autisme entre 2007 et 2015. Nous décrivons certains aspects saillants de ce parcours, depuis leurs premières inquiétudes jusqu’à l’évaluation diagnostique de l’enfant, et rapportons les difficultés rencontrées ainsi que les mouvements psychiques qui s’y associent. Enfin, nous discutons ces résultats qui mettent en lumière l’impératif, pour le professionnel, d’associer les parents aux prises en charge dans une position active.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIV, n° 2, juillet-décembre 2021, pp. 3-36.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Enfant, État limite, Trouble de la personnalité, Traumatisme, Relation enfant-parents, Attachement, Développement, Psychologie du développement, Mécanisme de défense
Le diagnostic d’un trouble de la personnalité limite dans l’enfance s’avère controversé. Dans une perspective développementale de la psychopathologie, Pine (1974, 1986) a proposé la notion de l’enfant borderline-en-devenir. Il suggère que ce dernier soit caractérisé par la survenue de traumas dans le contexte relationnel à la figure de soins, ce qui aurait altéré sa capacité à s’engager dans un développement normal et entraîné l’utilisation de mécanismes défensifs permettant d’assurer sa survie psychique. Les propositions de Pine trouvent des résonances avec les écrits contemporains. Elles sont ainsi revisitées au travers des concepts tels que les traumatismes relationnels précoces et l’attachement. L’intégration des résultats empiriques issus des recherches scientifiques actuelles à la théorie de Pine permet de proposer un modèle explicatif de l’enfant borderline-en-devenir.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXIV, n° 1, janvier-juin 2021, pp. 143-152.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Enfant, Précocité, Enfant idéal, Symptôme, Psychologie, Société, Modèle familial, Éducation familiale, Surdoué, Réussite sociale, Quotient intellectuel
Dans la littérature psychanalytique, la précocité se présente comme un symptôme transnosographique, indépendant de toute catégorisation diagnostique. Pour autant, cette même littérature tend à dresser un portrait homogène des enfants précoces. Prenant à rebours la psychologie populaire qui postule une différence intrinsèque entre ces enfants et les autres, cet article vise à inscrire le symptôme précoce dans son contexte social. Le symptôme précoce est à comprendre comme un phénomène sociétal aux conséquences psychiques. L’enfant précoce apparaît comme le modèle et le paradigme de l’enfant idéal dans nos sociétés contemporaines, et il témoigne d’un mode d’éducation parentale et institutionnelle dépassant la question précoce.
Article de Marion Thevenet, Régine Machabert, Nicolas Georgieff
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 2, juin-décembre 2019, pp. 395-416.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Enfant, Autisme, Théorie, Recherche-action, Méthodologie, Relation enfant-parents, Image mentale
Nous laissant surprendre par la singularité de la rencontre avec des enfants présentant un « Trouble du spectre autistique » (TSA) sans déficience intellectuelle, nous avons souhaité interroger le concept de « Théorie de l’esprit » (Theory of Mind, ou ToM), déjà complexifié par certains auteurs comme ToM d’autrui co-substantielle d’une auto-ToM, ou ToM de soi (Georgieff et Speranza 2013). Nous avons mené une recherche-action auprès de sept familles d’enfants avec TSA âgés de 6 à 10 ans. Notre posons comme hypothèse que certaines manifestations autistiques ne sont pas expliquées par un déficit en ToM de l’enfant mais par un inter-fonctionnement spécifique des ToM entre parents et enfant, ce que nous proposons de nommer « inter-ToM ». Nous avons alors construit un double dispositif clinique associant une psychothérapie inspirée des thérapies basées sur la mentalisation pour les enfants et un espace d’observation et d’accompagnement des représentations parentales pour leurs familles. Une recherche en méthodologie qualitative par IPA (Interpretative Phenomenological Analysis) a été réalisée. Elle a mis en évidence que, dans un dispositif donné, il était possible d’observer certaines modifications des ToM des parents d’enfant avec autisme et de permettre une modulation de ces représentations parentales. Selon nous, ces données permettent de complexifier les notions de ToM en précisant leurs caractères inter-intentionnels, dynamiques et non figés, ainsi que leurs potentialités de changements intersubjectifs.
À l’heure où l’école s’interroge sur son autorité face à l’indiscipline grandissante de ses élèves, la pédopsychiatrie enregistre une hausse des cas diagnostiqués hyperactifs. Entre un élève un peu turbulent et un enfant reconnu porteur du « handicap » nommé par le DSM-V « TDAH » (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), il n’y a pas de confusion possible, mais entre ces deux extrêmes il existe des variations qui interrogent en son cœur le passage du normal au pathologique. Si un certain nombre de situations demeurent problématiques, la création d’un partenariat entre l’institution scolaire, la pédopsychiatrie et les organismes relevant du sanitaire et social encourage un tel diagnostic à l’aide de tests qui, comme le test de Conners, visent à quantifier des écarts de comportement. Ainsi l’enseignant ayant recours à ces questionnaires se fait « auxiliaire paramédical », en retour de quoi les autorités médicales, sanitaires et sociales apportent une réponse où le médecin lui-même peut être placé en position de « conseiller pédagogique ».
Le 14 juillet 2016, la ville de Nice a été le théâtre d’une attaque terroriste d’une extrême ampleur. Cet événement traumatique collectif a nécessité la mise en place en pédopsychiatrie d’un dispositif de soins spécifique au psychotraumatisme, adapté à une population de jeunes enfants. L’impact du « trouble de stress post traumatique » (TSPT) sur le plan neurocognitif, émotionnel et sensorimoteur venant bousculer la course développementale des jeunes enfants, une réponse thérapeutique rapide a été nécessaire. Un groupe thérapeutique à médiation sensorielle a ainsi été créé afin de relancer le processus d’intégration et de régulation sensorielle dans ce contexte d’effraction développementale liée au psychotraumatisme.
Nous nous proposons de décrire le suivi thérapeutique d’une enfant de 15 mois prise en charge dans notre service hospitalier à la suite du meurtre de sa mère par son père. L’accompagnement thérapeutique dans un contexte aussi dramatique (perte brutale des deux figures d’attachement, placement en urgence) soulève des problèmes spécifiques, notamment du fait de l’intensité de la charge émotionnelle et des effets de sidération induits par l’événement traumatique, aussi bien pour l’entourage de l’enfant que pour les thérapeutes eux-mêmes. Le cadre thérapeutique que nous présentons ici, tenant compte de ces spécificités, a permis un travail en direction de l’enfant, portant sur l’intégration de son vécu catastrophique de perte et de rupture. Mais il a également favorisé un travail plus indirect autour des interactions avec le caregiver, en l’occurrence la grand-mère paternelle, elle-même aux prises avec des processus traumatiques. Le processus thérapeutique qui s’est engagé avec la dyade a ainsi ouvert la voie à une possible narrativité.
Article de Flaviana Maroja Cox, David Martinez, Laura Duprey, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 2, juin-décembre 2019, pp. 227-239.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Santé mentale-Souffrance psychique, Homicide, Femme, Mère, Enfant, Mort, Psychothérapie, Violence conjugale
Cet article décrit le processus thérapeutique d’une fratrie de trois enfants de cinq ans, trois ans et demi et deux ans et demi, hospitalisés puis suivis en consultations de pédopsychiatrie au décours du meurtre de leur mère et de leur grand-mère par leur père, dont ils ont été témoins. La perte d’une mère dans ce contexte est probablement le traumatisme le plus terrible auquel un enfant puisse être confronté. Nous analysons également les mouvements psychiques des enfants doublement confrontés au traumatisme et à la perte de trois figures d’attachement primordiales. Enfin, dans cette situation singulière, nous nous intéressons à ce qui se joue dans la rencontre entre les enfants endeuillés et les thérapeutes, au cours d’une psychothérapie qui se déroule au sein d’un hôpital.
Article de Thomas Rabeyron, Océane Saumon, Noémie Dozsa, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 147-171.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Musique, Musicothérapie, Autisme, Enfant
Le sonore apparaît comme un élément sensoriel aux propriétés particulièrement adaptées à la prise en charge des enfants souffrant de troubles du spectre autistique. Pour autant, les évaluations portant sur la médiation musicothérapique auprès de cette population se font relativement rares, en particulier quand elles sont référées à un cadre théorique psychanalytique. Ce travail présente les résultats d’une étude menée dans cette perspective sur l’évaluation de cette médiation et des processus qui la caractérisent.
Le 12 janvier 2010, un terrible séisme détruit Port-au-Prince et affecte trois millions et demi de personnes. Cet événement constitue une crise majeure dans le parcours des parents français ayant, à l’époque, entrepris les démarches pour adopter un enfant né en Haïti. À la suite à la mobilisation de collectifs de parents, le gouvernement français décide fin janvier le transfert d’enfants pour lesquels un jugement d’adoption était prononcé. Les parents adoptants rencontrent alors pour la première fois leur enfant aux aéroports d’Orly et de Roissy, sous le regard des journalistes et des politiques. Grâce à une étude qualitative de type phénoménologique, nous avons exploré, six ans après, les représentations que les parents adoptifs ont construites autour des premières rencontres avec leur enfant et proposé des recommandations en cas de nouvelle catastrophe naturelle. À notre connaissance, aucune recherche équivalente n’a été menée sur le sujet. Conformément à la législation internationale, l’adoption ne peut pas être une réponse à l’urgence. La préparation de l’enfant et du (ou des) parent(s) adoptant(s) est primordiale pour éviter un traumatisme surajouté. Ces adoptions marquées par le séisme incitent à penser de manière plus fine les difficultés auxquelles sont confrontés les parents adoptants, et donc l’ensemble des questions filiatives.