L’accompagnement des toilettes est une pratique rarement investie qui peut paraître perdue au milieu des multiples actes éducatifs. Il n’est pour autant aucunement banal. Il engage l’éducateur·rice, dans le partage de l’intimité, dans un corps à corps avec le·la bénéficiaire, souvent dans un seul à seul où les enjeux sont importants. Pour étayer ses interventions dans ce moment délicat, l’éducateur·rice, pour rester bienveillant·e, a tout intérêt à utiliser l’observation de soi.

Au sein du Housing First Namur, Maryline Waterkeyn, éducatrice, accompagne dans leur logement de façon régulière et sur le temps long des personnes issues de la rue fortement désaffiliées. Afin de les aider à améliorer leur vie dans divers domaines (maintien et appropriation de leur logement, santé et hygiène, insertion sociale, finances, etc.), la construction du lien de confiance mais aussi la pluridisciplinarité sont au cœur de son travail. Une pluridisciplinarité qui, loin de s’inscrire dans une division du travail rigide, laisse place à des juxtapositions de fonctions tout en permettant à chaque intervenant, de par son bagage formatif mais aussi sa personnalité, d’apporter un regard à la fois spécifique et complémentaire sur les situations.

Mais que font les éducateurs spécialisés ? La question revient régulièrement à la mesure de ce que le travail social est lui-même fréquemment interrogé, mis sur la sellette, bousculé. Pour répondre à cette question, l’auteur invite à prendre distance par rapport aux référentiels de fonction qui, trop souvent, réduisent ce métier à un inventaire d’actes facilement reproductibles et mesurables. Le métier d’éducateur se définit avant tout comme une manière d’« être ». À l’enfant ou à l’adulte en détresse, il offre avant tout sa présence, son écoute, sa bienveillance, sa patience, sa constance, son engagement, pour que, peu à peu, se crée autour de lui une enveloppe sécurisante et se dessine un espace où se penser, où grandir, où s’affranchir de ses peurs.