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Avec certains sujets, l’analyste ou le psychothérapeute ressent un vide dans le contre-transfert, consistant en une hallucination négative qui intervient en miroir du travail du négatif chez le patient. Ce contre-transfert rend compte des modalités transférentielles de ce patient, ainsi que d’un trouble limite de la subjectivation relié à une défaillance du miroir interne. Ce miroir interne est alors recherché au dehors, au sein du transfert, mais il l’est aussi à un niveau « transitionnel » dans des prothèses.
Une situation d’urgence en CMPP. Le lâcher-prise du soignant permet, quand cela le nécessite, d’accueillir l’événement là où celui-ci se produit pour en faire un moment clinique agi qui s’inscrit dans le parcours de soin dans un projet de symbolisation. Cela passe par l’événement devenu scénographie temporo-spatiale, véritable médiation dans le suivi des populations d’enfants et de familles présentant des inorganisations identitaires, empêchés de latence.
Paru dans la revue Le Journal des psychologues, n° 408, janvier-février 2024, pp. 65-69.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Personne âgée, Guerre, Traumatisme, Parole, Mort
C’est une expérience singulière qui nous est présentée, celle d’ouvrir les portes d’une maison d’accueil spécialisée à une résidence de danse contemporaine. Si la sensorialité de la danse a permis d’engager une rencontre avec des adultes souffrant de lourds handicaps psychiques, le regard poétique des artistes a aussi fait évoluer celui des professionnels, transformant les mouvements stéréotypiques en gestes créatifs et esthétiques… Mais, au-delà de la réalisation de ce projet, c’est aussi de la trace qu’il laissera et de ses transformations dont il est question ici. Témoignage.
Le travail de groupe est assez fréquent en addictologie. Les groupes d’entraide, en général portés par des associations regroupant des pairs, les groupes de parole pour les patients, les groupes de couples, de conjoints ou d’enfants de personnes aux prises avec l’addiction sont fréquents. Les groupes multifamiliaux sont plus rares. Nous avons voulu montrer à travers cet article quel pouvait être le potentiel thérapeutique de ce type de groupe et quelles étaient les conditions pour que ce potentiel se déploie. Appartenir et se différencier sont au cœur des fonctions d’une famille, le groupe thérapeutique multifamilial peut contribuer à activer ces processus.
Article de Hélène Dellucci, Isabelle Philippe, Michel Silvestre
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 45, n° 1, janvier 2024, pp. 13-30.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Prise en charge, Traumatisme, Corps, Approche systémique, Féminisme, Symptôme, Souffrance psychique, Famille
Notre réflexion cherche à montrer comment la systémique et la psychotraumatologie s’enrichissent mutuellement pour une meilleure prise en charge autant des individus que des systèmes dans lesquels ils évoluent. Nous relevons l’importance primordiale du corps, celle des liens et de l’attachement, la nécessité de contextualiser le trauma, en incluant tant des données sociétales, statistiques, anthropologiques de santé publique qu’une perspective féministe. Nous postulons qu’il faut en même temps penser circularité et linéarité. Nous montrons concrètement comment s’opère une prise en charge psychotraumatique dans une perspective systémique en en clarifiant le vocabulaire et les concepts. Nous nous inscrivons autant dans une optique de détection, de traitement que de prévention.
Le nombre de consultations aux urgences psychiatriques a connu une forte baisse lors de la première vague de Covid-19 en France et dans le monde entier, notamment en population pédiatrique. À partir de novembre 2020, une augmentation de l’affluence aux urgences pédiatriques, avec de nombreuses tentatives de suicide, a été observée, en Île-de-France et sur l’ensemble du territoire. Cette réflexion clinique prend son origine suite au constat d’un doublement du nombre de demande d’avis psychiatriques aux urgences et dans le service de pédiatrie générale à l’hôpital général de Montreuil, de novembre 2020 à avril 2021. Nous nous interrogeons sur l’origine de cette souffrance chez les adolescents qui s’exprime de manière plus bruyante et plus fréquente qu’avant la pandémie. Nous émettons l’hypothèse d’une entrave des processus identificatoires normaux à l’adolescence par la distanciation sociale et les différentes mesures sanitaires en réponse à la pandémie actuelle, touchant à la fois la population générale et celle atteinte de troubles psychiatriques. Nous supposons aussi que les différentes institutions, familiales, scolaires et soignantes en ambulatoire ont été elles aussi ébranlées par la crise sanitaire, ainsi moins en mesure de contenir l’angoisse adolescente, aboutissant à la majoration des prises en charge hospitalières pour ces adolescents.
La beauté peut être un rempart contre l’anxiété. Se détacher de ce dernier est une expérience risquée qui confronte un sujet à une exploration des couches les plus sombres de son corps et de sa psyché. La création ouvre un paysage intérieur que le sujet peut à nouveau regarder et explorer tout en ayant l’illusion de suivre un chemin qui peut être dévié sans danger. L’image, dans laquelle s’invitent des formes, peut alors être du côté de la vie et parfois fournir un refuge dans lequel se blottir, lorsque le risque semble trop grand.
Article de Olivier Taïeb, Heidi Schweinschwaller, Stéphanie Torremocha, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXVI, n° 2, juillet-décembre 2023, pp. 231-244.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Adolescent, Groupe thérapeutique, Psychodrame, Jeu, Utopie, Walter (Benjamin)
Cet article, à partir d’une scène de psychodrame psychanalytique de groupe pour adolescents, cherche à montrer l’intérêt dans la clinique de ce que Walter Benjamin dit du jeu et de son élan utopique dans son célèbre essai L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. En proposant un lieu non-lieu, le potentiel utopique du jeu est, en effet, un outil formidable contre la répétition et le retour du même.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXVI, n° 2, juillet-décembre 2023, pp. 185-194.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Enfant, Psychothérapie, Mathématiques, Créativité, Développement cognitif, Langage, Pulsion
Cet article propose d’interroger un usage possible des mathématiques en séance de psychothérapie. L’abstraction du langage mathématique le situe au plus loin du corps. Mais, précisément par son abstraction qui semble le rendre moins pulsionnel et peu métaphorique, il peut sous couvert de neutralité, a contrario, devenir le territoire d’un plaisir partagé et d’une érotisation permettant de relancer un processus créatif. Cette proposition est présentée à partir d’un cas clinique d’enfant en psychothérapie.
Dossier composé de 5 articles :
- La prévention sociale et le jeune errant : quelle clinique « en » rue possible ?
- Un espace transculturel intermédiaire pour « soigner » des délinquants juvéniles et violents en Nouvelle-Calédonie
- La médecine coloniale en Afrique XIXe-XXe siècles : des soignants au service d’une entreprise politique ?
- Produire des « enfants » dans le cadre de rituels de possession tandroy (Madagascar). Relation thérapeutique et enjeux identitaires collectifs dans un contexte de mobilité
- Les deux médecines : pluralisme thérapeutique et santé mentale en Lorraine