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Paru dans la revue Déviance et société, vol. 47, n° 1, 2023/1, pp. 65-90.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Radicalisation, Religion, Islam, Psychosociologie, Dynamique de groupe, Violence
Nous proposons dans cette contribution d’interroger les processus menant de jeunes français, résidant dans un quartier enclavé d’une ville française moyenne, à la conversion religieuse « radicale ». Pour ce faire, nous partons du postulat suivant : la conversion à l’islam radical répond à une logique psychosociale mêlant des facteurs individuels et sociétaux. Afin de cerner plus précisément ce phénomène, nous nous sommes appuyés sur une enquête de terrain, basée sur une méthodologie qualitative. Composée d’observations et d’entretiens menés auprès de seize personnes engagées dans un processus de conversion, cette étude permet de structurer le processus en cinq séquences : une quête de sens consécutive à un choc biographique ; une rencontre avec un prosélyte ou un prédicateur ; un engagement dans la « carrière radicale » ; un maintien de l’engagement associé à un renversement de stigmate ; et l’adoption d’une posture prosélyte au djihadisme ou au repentir.
Article de Haouès Seniguer, Romain Gaspar, Brigitte Menguy
Paru dans la revue La Gazette des communes, n° 2/2648, Semaine du 16 au 22 janvier 2023, pp. 20-21.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Laïcité, Religion, Islam, Vie politique, État, Contrôle, Contrôle social
C'était il y a déjà sept ans. Le 13 novembre 2015, des terroristes se revendiquant de l’État islamique ont ouvert le feu sur des terrasses de cafés et de restaurants dans les 10e et 11e arrondissements de Paris et se sont faits exploser près du Stade de France à Saint-Denis. Le bilan des attentats les plus meurtriers jamais commis dans le pays est lourd : 131 morts et des centaines de blessés. Dans son livre "La République autoritaire. Islam de France et illusion républicaine (2015-2022)" (éd. Le Bord de l'eau, 2022), le politiste Haouès Seniguer estime que, depuis, l’État a basculé dans une "politique du soupçon" à l'encontre des musulmans. Il y dénonce une laïcité transformée en "outil de répression", ainsi qu'une "stigmatisation, voire une criminalisation de la pensée des musulmans", allant bien au-delà du simple contrôle du respect des lois.
Dans ses déclinaisons institutionnelles, spirituelles ou sociales, la religion – et singulièrement l’islam – est au coeur des débats de société dans de nombreux pays européens et outre-Atlantique. La crispation à l’égard de l’islam en France se lit dans de nombreux faits divers, dans les déclarations de certains commentateurs politiques et essayistes, et dans les sondages d’opinion. Le dernier sondage sur « les fractures françaises» réalisé en juillet 2018 par Ipsos pour la Fondation Jean Jaurès, Sciences Po et le journal Le Monde montre que, si 92 % des personnes interrogées pensent que la religion catholique est compatible avec les valeurs de la société française et 81 % pensent de même pour la religion juive, elles ne sont plus que 42 % à le penser pour l’islam. Les enquêtés sont également 73 % à trouver que la religion musulmane cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres alors qu’ils ne sont respectivement que 22 % et 21 % à le penser pour le catholicisme et le judaïsme. Ces perceptions relativement négatives de l’islam sont bien entendu influencées par le débat sur la laïcité, et la vague récente d’attentats qui a renforcé l’amalgame entre musulmans et terroristes, et plus généralement la conviction que l’intégrisme et la radicalisation à fondement religieux est propre à l’islam (47 % des personnes interrogées considèrent que l’islam «porte malgré tout en lui des germes de violence»).
Livre de Emmanuel Blanchard, édité par la Découverte, publié en 2018.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Immigration, Approche historique, Travailleur immigré, Attitude, Vie politique, Religion, Islam, Regroupement familial, Couple mixte, Logement, Bidonville, Conditions de vie, Contrôle, Colonialisme, France, Algérie, 1900-1990
Les relations entre la France et lAlgérie sont souvent considérées comme « passionnelles » en raison, notamment, du poids des années de guerre (1954-1962). Or ce sont cent trente ans de colonisation et près de deux siècles de migrations qui ont tissé de multiples liens : avec des départs de la France vers lAlgérie dabord, avant que les traversées dans lautre sens se multiplient à partir des années 1900. Aujourdhui encore, les Algériens forment le principal groupe détrangers installé en France alors même que des générations de descendants dimmigrés ont acquis la nationalité française. Le droit de la nationalité, les politiques dimmigration, les imaginaires, mais aussi les sociabilités populaires ont largement été marqués par cette présence. La prise en compte dune situation coloniale, puis postcoloniale, permet dexpliquer les discriminations structurelles et les luttes quelles ont engendrées. En laissant toute sa place à une histoire sociale ouverte à la diversité des pratiques (religieuses, culturelles, professionnelles...) et des trajectoires, lauteur restitue la diversité dune immigration souvent réduite à quelques stéréotypes ou à sa seule histoire politique.
Emmanuel Blanchard, historien et politiste, est maître de conférences à luniversité de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), il est notamment lauteur de La Police parisienne et les Algériens, 1944-1962 (Nouveau Monde, 2011)...
Article de Khouloud Ben Mohamed Gherbi, Isam Idris, Flora Hollande
Paru dans la revue L'Autre, vol. 18, n° 2, avril-juin 2017, pp. 182-191.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Religion, Rite de passage, Trouble du comportement, AAH, Groupe d'appartenance, Islam, Relation enfant-parents, Représentation sociale
Paru dans la revue Le Sociographe, n° 58, juin 2017, pp. 101-107.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Bibliographie, Religion, Islam, Sociologie, Citoyenneté
L’Islam, dans tous ses états, trouve une forte présence dans les débats actuels d’idées. Il vit sa vie, il lie et délie, il fascine, il fait agir et re (agir), il inquiète, à tort ou à raison... De toute évidence, il questionne plus globalement la place des religions dans nos sociétés contemporaines à l’heure où « les sociétés échappent à ses membres » (Marcel Gauchet). Un panel de lectures sur la thématique
Conséquences d’une plus grande visibilité de l’islam en France, les travailleurs sociaux sont confrontés depuis deux décennies à des pratiques qui constituent pour eux une nouvelle source de questionnements et d’embarras. Qu’il s’agisse en effet de leurs rapports aux personnes accompagnées qui mobilisent des références confessionnelles ou bien de leurs propres collègues dont certains revendiquent ostensiblement leur appartenance à la religion musulmane, les travailleurs sociaux doivent composer avec un nouveau référentiel religieux qui les ramène aux racines chrétiennes du travail social dont ils avaient cherché à s’émanciper en se professionnalisant. D’où le rappel à l’ordre laïc qui s’exprime dans ce secteur où l’islam est vécu comme régressif pour la liberté d’expression et surtout le droit des femmes.
La résurgence, au nom de Dieu, d'expressions hostiles à la libération des mœurs a ravivé les interrogations sur la compatibilité des religions avec la modernité. Leur capacité d'adaptation est cependant une constante de l'histoire.