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Article de Catherine Taglione, Roland Janvier, Bertrand Dubreuil, et al.
Paru dans la revue Les Cahiers de l'Actif, vol. 468-469, mai-juin 2015, pp. 5-184.
Mots clés : Travail social : Métiers, Sanction, Éducation spécialisée, Relation éducative, Équipe éducative, Pratique professionnelle, Vie quotidienne, Droit, Maltraitance, Management, Interdit, Transgression, Autorité, Jeune, Répression, Responsabilité, Affectivité, Passage à l'acte
Ce numéro se propose donc d’interroger la ou les finalités de la sanction dans la relation éducative, mais également la manière dont les équipes éducatives sont amenées à « jongler » avec cette question dans leur pratique quotidienne. Il s’agira également de montrer qu’entre le « trop de laxisme » et le « tout répressif », il existerait, selon certains auteurs, une voie étroite et complexe, que l’éducateur devrait suivre ; voie le long de laquelle les interdits serviraient de balises, de repères, contre lesquels les usagers viendraient se confronter pour y expérimenter la transgression et son pendant, la sanction, pris comme acte éducatif à part entière.
En 1891, le sociologue finlandais Edward Westermarck publie The history of human marriage, considéré comme l'un des textes fondateurs des études modernes sur la famille dans la mesure où il rompt nettement avec certains présupposés évolutionnistes. Dans cet ouvrage, Westermarck affirme que la prohibition de l'inceste provient d'une aversion innée pour les rapports sexuels entre les personnes ayant vécu ensemble depuis leur prime jeunesse. Très vite, cette affirmation a été contestée, notamment par Emile Durkheim et Sigmund Freud. Il en a résulté une importante discussion, constituant l'une des matrices des débats sociologie/psychanalyse. Nous restituons ici le déroulement et la configuration de cette controverse, pour en dégager ensuite les principaux enjeux : la signification inconsciente de la crainte de l'inceste, la dimension culturelle de la prohibition, le statut social de la transgression. Ceci conduit à souligner les différences dans le traitement de la thématique de l'inceste, non seulement entre les sciences sociales et la psychanalyse, mais aussi à l'intérieur des sciences sociales, entre la sociologie et l'anthropologie. L'aspect nécessairement transférentiel d'une telle problématique est mis en relief.
A partir de quand la transparence devient-elle de l'exhibitionnisme ? A quel moment le plaisir de manger se transforme-t-il en pulsion mortifère ? Quand le goût du risque, d'excitant et agréable qu'il était, devient-il criminel ? Répondre à ces questions, c'est poser la question des limites, c'est-à-dire de l'interdit. Or, cet interdit aujourd'hui n'a pas bonne presse. La transparence est devenue la valeur suprême et le mystère n'a plus la cote. Il faut tout dire et tout montrer. C'est oublier que, sans l'interdit, ni le travail de la pensée ni celui de l'imagination ne seraient possibles. C'est oublier encore que le mépris de l'interdit ne va pas sans dommage collatéral, la violence induite étant inévitable. L'auteur choisit ici d'étudier les interdits pour ce qu'ils nous apportent. En s'appuyant sur les mécanismes à l'oeuvre dans la création artistique ou le développement du jeune enfant, elle montre que les interdits sont la condition de notre épanouissement psychique et les garants de notre liberté de penser. S'il faut condamner ceux qui, pervertis, agissent comme un empêchement à vivre, il nous revient aujourd'hui de transmettre à nos enfants cette capacité à penser les limites, à distinguer le licite de l'illicite... Gabrielle Rubin est psychanalyste membre de la société psychanalytique de Paris et auteur notamment de "Pourquoi on en veut eux gens qui nous font du bien" Payot 2006 et "Il faut sauver les pères" Payot 2006.