Partout, les écoles du travail social s’associent à des centres de formation d’apprentissage ou créent leur propre structure. Les aides financières et les assouplissements administratifs de la loi «  Avenir professionnel  » de 2018 portent leurs fruits : le secteur compte de plus en plus d’apprentis. Une solution pour enrayer la crise du recrutement ?

Enfin !
Enfin un numéro TIERS sur la formation des médiateurs familiaux !
Comme si ça allait de soi d’exercer ce métier si exigeant. Comme s’il suffisait pour transformer le conflit familial d’un peu d’écoute et d’empathie, de sourire, de thé ou de café, d’un cabinet chaleureux et de fauteuils confortables. Ou même de techniques de négociation ou de communication.
Serait-on neutre, impartial, sans jugement, par nature ou comme par enchantement ? Pourrait-on accueillir les familles entendues dans leurs diversités et dans leurs évolutions
sans des enseignements conséquents en sociologie ou en droit de la famille ; en psychologie de l’enfant, de l’adolescent, du couple ou sans étudier de près les interactions familiales ?...

La formation des professionnels de l’accompagnement est un enjeu, avec des spécificités relatives à l’exercice en protection de l’enfance. Au-delà d’une vision moderne qui se voudrait centrée sur l’expertise du symptôme et qui nous semble un leurre, il nous paraît pertinent que les professionnels puissent percevoir leur implication dans le devenir des enfants via l’approche systémique afin d’activer un processus. Pour ce faire nous avons proposé que soient expérimentées et analysées des scènes prototypiques de la vie professionnelle dans un théâtre. Le travail de prise de conscience des émotions et de la dynamique relationnelle qui se met en place dans une rencontre est un levier fondamental permettant d’éviter d’être le support à des répétitions. Ce faisant, nous pensons même que c’est le préalable permettant de faire émerger une créativité en incarnant l’incertitude nécessaire à une réelle rencontre.

Le passage à l’encadrement d’équipes éducatives est parfois un chemin de traverse aux formations différentes. Les compétences en matière d’encadrement sont déterminantes. Deux formations sont ici explorées pour aider les professionnels et futurs managers à choisir celle qui correspond le mieux à leurs aspirations et à leurs projets professionnels.

Éducation spécialisée/travail social. Leurs relations sont évoquées par un éminent acteur du secteur qui, dès 1963, s’était engagé dans un projet d’irts à Rennes et défendait l’idée de regroupement sous un même toit des formations des intervenants sociaux, pour qu’ils apprennent à se connaître et à coopérer tout en conservant la spécificité des métiers. Qu’en est-il de ces rapports au Québec où les formations sont différentes ? Là-bas comme ici, l’hégémonie des gestionnaires provoque mécontentements et crises chez les professionnels.

Éducation spécialisée, travail social, deux notions qui témoignent d’évolutions historiques et sociales, de transformations dans la prise en charge par la société des enfants, adolescents et adultes en difficulté. Elles sont aussi l’objet de confrontations, d’oppositions entre des modes de pensée, d’organisation des structures, de politiques sociales, de formation. Émergeant dans les années 1970, ces questionnements se poursuivent tout au long des cinquante dernières années et restent vivaces.

Se former à la relation éducative implique un travail sur soi mettant en jeu la posture. Le modèle de l’évaluation située propose d’appréhender les contradictions du métier pour se situer face aux problèmes et développer son pouvoir d’agir au sein d’un dispositif de recherche en analyse des pratiques.

Les éducateurs éprouvent des difficultés à articuler les logiques contradictoires de la relation éducative, dans une quête de légitimité exacerbée par le manque de reconnaissance dont ils souffrent. Cette difficulté d’articulation est en partie due aux représentations qu’ont les éducateurs de ces deux logiques et notamment des normes qui s’y rattachent. La conjonction de ces facteurs augmente la souffrance au travail, générant une dérive rationalisante de l’action sociale ainsi qu’une forme de toute-puissance des éducateurs sur l’usager qui entretient la stigmatisation existante et renforce la dépendance.
La dimension éthique de ces incidences pratiques et la relation éducative, entre le clinicien et les sujets, les éducateurs et les usagers, en mimèsis dans les dynamiques de changement sont avancés pour éclairer, identifier et prendre du recul.

Rassemblant diverses observations et travaux récents, l’auteur aborde la forte érosion qui affecte aujourd’hui le système de formation historique aux métiers du travail social. Il analyse d’abord la
dualisation et la hiérarchisation en cours entre cadres et exécutants, puis s’interroge sur l’évolution des représentations de ce travail professionnel de terrain auprès des personnes en difficulté et expose les bases d’une approche plus substantielle que fonctionnelle. S’agissant de la formation proprement dite, il montre les conséquences pratiques et éthiques de la tyrannie de l’employabilité et de l’ouverture délibérée au marché et à la concurrence, faisant disparaitre l’esprit de service public. Le chercheur déplore enfin la confusion entre recherche scientifique, études commanditées et simple réflexivité, avant de présenter, en conclusion, les conditions d’une libération de l’intelligence du travail social.

Stages annulés, fermeture des établissements, mobilisation des étudiants pour renforcer les équipes en difficulté et... continuité de la formation. Les centres de formation en travail social jonglent avec les injonctions paradoxales pour poursuivre leur mission.