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À travers cet article, nous exposerons notre travail clinique auprès de familles en exil. La demande d’asile s’accompagne souvent de violences, de pertes et de traumatismes, qui peuvent être la source d’un déséquilibre profond au sein de la famille ainsi que d’une fragilisation des liens. En outre, la procédure d’asile, la précarité du séjour, la vie en centre collectif sont autant de facteurs déstabilisants et déstructurants. Dans cet article nous proposerons une modélisation systémique nommée 3R (réhumaniser, retisser, remobiliser) dont l’objectif est de soutenir les familles dans ce contexte difficile en réactivant un sentiment de dignité humaine, d’appartenance familiale et de pouvoir d’action.
Face aux crispations identitaires que l’on observe dans la plupart des sociétés occidentales, la clinique transculturelle montre son inventivité en investissant de nouveaux espaces, en élaborant de nouveaux thèmes et en expérimentant de nouveaux dispositifs. Dans un contexte de mouvements migratoires intenses et face à la complexification croissante des systèmes professionnels de nos sociétés, la médiation transculturelle et l’interprétariat devraient s’imposer comme facilitateurs de l’intégration des populations concernées. Dans le domaine de la santé, notamment face aux maladies chroniques, les migrants sont particulièrement vulnérables et les facteurs socio-économiques ne sont pas les seuls à être en cause (Khlat 2012 ; Bourdillon 2017). En effet, pour certains patients, la situation est aggravée par les difficultés d’accès aux soins en raison des problèmes de communication tenant à la fois de l’obstacle linguistique que de la distance culturelle.
Article de Alexandra Galitzine Loumpet, Marie Caroline Saglio Yatzimirsky, Moayed Assaf, et al.
Paru dans la revue Plein droit, n° 124, mars 2020, pp. 3-38.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Immigration, Exil, Langue étrangère, Droit d'asile, Demande, Dossier administratif, Interprétariat, Besoin, Accès aux droits, Non-recours, Droit des étrangers, Violence institutionnelle, Médiation, Trafic d'être humain
En migration ou en exil, à chaque étape de la demande d’asile, la compréhension dans la langue du pays apparaît cruciale. Pourtant cette centralité peine à émerger, malgré les obligations légales en la matière, comme en atteste l’insuffisance des financements pour des interprètes ou encore le niveau inadéquat de nombreuses traductions. Le déficit d’interprétariat reste ainsi la norme entraînant de graves conséquences pour l’accès aux droits des personnes exilées. Le choix des langues traduites depuis et vers le français révèle de plus les représentations administratives et politiques des différentes cultures. Alors que de nombreux trajets migratoires sont marqués par l’urgence et la vulnérabilité, le manque d’interprètes, leur qualification hétérogène ou le recours à des locuteurs réfugiés mais sans statut adapté, concourt aux malentendus et s’ajoute à la violence institutionnelle du non-accueil en France. La nécessité d’une professionnalisation de médiateurs-pairs ne s’en impose que davantage ainsi que celle d’une véritable politique de traduction.
Article de Laure Woestelandt, Rahmeth Radjack, Fatima Touhami, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, tome LXI, n° 2, juin-décembre 2018, pp. 393-420.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Immigration-Interculturalité, Mineur isolé étranger, Médiation, Objet, Interculturel, Méthode qualitative, Thérapie, Récit de vie
L’accueil et la prise en charge sociale et psychique des jeunes isolés étrangers déroutent, questionnent nos pratiques et nous invitent à modifier nos dispositifs d’accueils et de soins. Cette recherche s’inscrit dans l’étude pilote « Recherche-action sur les compétences transculturelles des professionnels travaillant avec les mineurs isolés » initiée par les universités Paris-13 et Paris Descartes. Le recueil de données, qualitatif, s’est effectué lors de trois entretiens semi structurés. Vingt-quatre jeunes ont été inclus. Une méthode de médiation originale autour de trois objets apportés par le jeune a été pensée pour soutenir sa narrativité, souvent mutilée par le trauma. L’axe de cette recherche évalue les modifications du discours des jeunes pendant cet entretien par une méthode d’analyse qualitative (narrative et thématique) et a établi une grille d’analyse des objets rapportés. Les résultats montrent que cette méthode a facilité l’accès à leurs histoires, à l’expression de leurs vécus et à une représentation singulière de chacun.
Au Foyer culturel de Molenbeek à Bruxelles, une équipe de médiatrices interculturelles propose depuis 23 ans des services de traduction et de médiation. Nous les avons rencontrées pour analyser avec elles ce qui se joue dans la rencontre. Quelles sont les compétences des médiatrices ? Quelles sont celles des migrants ? Au sein de quel paradigme socio-politique interviennent-elles ?
Comment se positionnent-elles entre « intégration » et « communautarisme » ? L’usage de la langue, on le sait, n’est jamais neutre. Derrière des situations de négociations, se cachent des représentations du monde mais aussi des stratégies intimes de survie qu’il convient de décoder.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LIX, n° 2, juin-décembre 2016, pp. 575-616.
Mots clés : Enfance-Famille, Santé mentale-Souffrance psychique, Immigration-Interculturalité, Psychothérapie, Cadre thérapeutique, Psychiatrie infantile, Interculturel, Médiation, Enfant de migrant, Ethnopsychiatrie
Cet article décrit les différentes étapes qui ont amené à la mise en œuvre d’un dispositif psychothérapeutique transculturel dans un service de pédopsychiatrie de la région parisienne. Il s’agissait d’organiser des consultations familiales rassemblant les professionnels engagés dans les suivis des enfants et des familles en présence d’un médiateur interculturel, interprète de langue, mais surtout des coutumes – traduisant à la fois les usages des familles pour l’équipe et ceux de l’équipe pour les familles. Cette réciprocité des traductions, adossée sur une symétrie des rencontres entre les familles et les équipes de suivi, et leur insertion dans le dispositif plus global de prise en charge dans ce service de pédopsychiatrie, a permis de conférer à ces consultations en présence d’un médiateur « interculturel » la dimension d’une médiation psychothérapeutique dans un cadre « transculturel ».