Cet article s’appuie sur une étude de terrain menée auprès de salarié·es et de bénévoles qui travaillent au sein de recycleries et de ressourceries ainsi que sur l’observation participante de l’une d’entre elles. Ces structures, dont la grande majorité sont des associations, reflètent les logiques de marchandisation publique à l’œuvre dans le monde associatif ainsi que l’hétérogénéité des positions à leur égard. Les réticences et les résistances à ces dynamiques seront abordées au travers des différents modèles existants et de leurs financements respectifs. En effet, si certaines associations s’adaptent aux évolutions du secteur en développant leurs activités économiques et en changeant d’échelle, d’autres se tiennent à la marge de ces transformations, que ce soit pour préserver leur vision de la culture associative ou bien parce qu’elles n’ont pas les moyens ni les compétences requises pour se « moderniser ». Il sera alors question des marges de manœuvre à leur disposition ainsi que des conséquences de cette mise à l’écart.

Dans un contexte de renforcement des politiques d’insertion et du tout inclusion dans l’emploi, face à la segmentation des missions et responsabilités des salariés permanents de l’insertion par l’activité économique, la question de la professionnalisation des encadrants techniques n’est-elle pas un enjeu fort pour la cohérence et la qualité des parcours des salariés en insertion ?

Vu la propension de l’économie sociale à engager des personnes bénéficiant d’un contrat d’insertion (article 60 § 7) ou d’une aide à l’emploi, l’économie sociale constitue à la fois un agent de la mise en œuvre des politiques du workfare et une street-level organization. Toutefois, son équilibre dépend également d’une certaine rentabilité de ses activités productives. L’enjeu de cet article est de saisir comment les logiques non marchandes et marchandes se combinent dans la fonction d’encadrement de ces travailleurs ; celle-ci étant peu codifiée, elle laisse une certaine discrétion à ceux qui l’endossent. L’article se centre sur des situations problématiques, et s’appuie sur une observation ethnographique menée entre 2017 et 2019 dans une structure d’économie sociale d’insertion en Belgique francophone.

« Territoire zéro chômeur de longue durée » (TZC) est un projet dont l’initiative revient à un acteur de l’insertion par l’activité économique, Patrick Valentin, qui, s’attachant avec ATD Quart Monde le soutien de diverses organisations (parmi lesquelles Emmaüs, le Secours Catholique, la Fédération des acteurs de la solidarité, le Pacte civique) et de parlementaires, fait voter une loi le 29 février 2016. Cette loi n° 2016-31 du 29 février 2016 d’expérimentation sociale territoriale vise à résorber le chômage de longue durée. Dix territoires de petite taille sont sélectionnés fin 2016 au terme d’un appel à candidatures. Cette expérimentation a priori modeste puisqu’elle concerne environ 70 000 habitants et vise à créer 2 000 emplois ambitionne de « démontrer », par l’expérimentation, qu’il est possible de résorber le chômage de longue durée par la production d’emplois supplémentaires, à proportion des besoins des demandeurs d’emploi et de ceux du territoire, sans coût supplémentaire pour la collectivité publique.

S'appuyant sur une expérience de direction d'un centre social englobant une entreprise d'insertion et un réseau de circuit-court, une AMAP, l'article interroge les limites et les écueils des dispositifs de l'économie sociale et solidaire, sans pour autant renier l'enjeu politique de ceux-ci. Comment éviter le cloisonnement entre des activités d'économie sociale et les logiques économiques traditionnelles ? Les politiques compensatoires permettent-elles une émancipation durable des actions de l'économie sociale et solidaire ou participe-t-elle d'une marginalisation de celles-ci et de ses acteurs ?

Les profondes modifications des politiques publiques dans le champ social nourrissent le sentiment que les institutions actives dans le domaine du handicap et de l'insertion par l'économique deviennent des brancardiers de l'économie dominante. Ce qui a pu être perçu, durant une période, comme des innovations a pris progressivement une dimension palliative qu'il est devenu important de dépasser. Pour cela, il s'agit de pouvoir articuler un engagement à court terme dans les prestations nécessaires pour les bénéficiaires avec un engagement à long terme pour une économie plus sociale et plus solidaire. En tant que dirigeants d'organisations, dont les missions s'inscrivent pleinement dès l'origine dans ces valeurs, les auteurs déclinent leur prise de position au regard des processus de management et du développement de nouveaux projets.

Au vu de la conjoncture économique actuelle et du développement de l'Economie sociale et solidaire, les spécificités des Structures d'insertion par l'activité économique (SIAE) sont caractéristiques des enjeux qui animent le champ de l'ESS. En effet, prises en étau entre des logiques économiques et sociales, les SIAE tentent de trouver leur équilibre face à cette dualité. Après neuf mois d'enquête de terrain, nous avons pu constater que l'organisation financière peut être contraignante et que l'accompagnement professionnel et social est parfois difficile à mener. Nous apporterons des explications sur cette dualité qui nous paraît centrale au fonctionnement des SIAE et nous essaierons de mettre en relief les conséquences de ce système.

L'article repose sur une recherche qualitative menée en 2009 auprès de 17 personnes immigrantes établies à Québec et impliquées dans l'économie sociale, soit en tant que créatrices d'une entreprise de cette nature, soit en tant qu'employées dans ce secteur de l'économie. Des entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés auprès de ces immigrants avec comme objectif d'explorer comment ils perçoivent leur place et leur emploi dans le secteur de l'économie sociale. De nombreux aspects positifs sont mentionnés quant à leur emploi. Les obstacles et les difficultés rencontrés ont principalement à voir avec la précarité financière aiguë et la complexité des rouages administratifs à laquelle il faut faire face, mais aussi à la compétition et au rejet que certains ont vécu de la part de la société en général ou d'autres acteurs du milieu.