S'appuyant sur une expérience de direction d'un centre social englobant une entreprise d'insertion et un réseau de circuit-court, une AMAP, l'article interroge les limites et les écueils des dispositifs de l'économie sociale et solidaire, sans pour autant renier l'enjeu politique de ceux-ci. Comment éviter le cloisonnement entre des activités d'économie sociale et les logiques économiques traditionnelles ? Les politiques compensatoires permettent-elles une émancipation durable des actions de l'économie sociale et solidaire ou participe-t-elle d'une marginalisation de celles-ci et de ses acteurs ?

Les profondes modifications des politiques publiques dans le champ social nourrissent le sentiment que les institutions actives dans le domaine du handicap et de l'insertion par l'économique deviennent des brancardiers de l'économie dominante. Ce qui a pu être perçu, durant une période, comme des innovations a pris progressivement une dimension palliative qu'il est devenu important de dépasser. Pour cela, il s'agit de pouvoir articuler un engagement à court terme dans les prestations nécessaires pour les bénéficiaires avec un engagement à long terme pour une économie plus sociale et plus solidaire. En tant que dirigeants d'organisations, dont les missions s'inscrivent pleinement dès l'origine dans ces valeurs, les auteurs déclinent leur prise de position au regard des processus de management et du développement de nouveaux projets.

Au vu de la conjoncture économique actuelle et du développement de l'Economie sociale et solidaire, les spécificités des Structures d'insertion par l'activité économique (SIAE) sont caractéristiques des enjeux qui animent le champ de l'ESS. En effet, prises en étau entre des logiques économiques et sociales, les SIAE tentent de trouver leur équilibre face à cette dualité. Après neuf mois d'enquête de terrain, nous avons pu constater que l'organisation financière peut être contraignante et que l'accompagnement professionnel et social est parfois difficile à mener. Nous apporterons des explications sur cette dualité qui nous paraît centrale au fonctionnement des SIAE et nous essaierons de mettre en relief les conséquences de ce système.

L'article repose sur une recherche qualitative menée en 2009 auprès de 17 personnes immigrantes établies à Québec et impliquées dans l'économie sociale, soit en tant que créatrices d'une entreprise de cette nature, soit en tant qu'employées dans ce secteur de l'économie. Des entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés auprès de ces immigrants avec comme objectif d'explorer comment ils perçoivent leur place et leur emploi dans le secteur de l'économie sociale. De nombreux aspects positifs sont mentionnés quant à leur emploi. Les obstacles et les difficultés rencontrés ont principalement à voir avec la précarité financière aiguë et la complexité des rouages administratifs à laquelle il faut faire face, mais aussi à la compétition et au rejet que certains ont vécu de la part de la société en général ou d'autres acteurs du milieu.