Cet article est un panorama des textes relatifs à la guerre d'Algérie reçus à l'Association pour l'autobiographie et le patrimoine autobiographique. Il fait suite à une première publication, intitulée Maghreb et autobiographie, Lectures du fonds APA (2010), qui présentait les textes concernant cette guerre. Après une brève présentation de l'association et de cette publication, sera évoqué la démarche suivie pour décrire cet ensemble et rendre compte de cette analyse des textes.

L'Algérie et la France ont eu longtemps des politiques mémorielles opposées au sujet de la guerre. La France, incapable de donner un sens positif à ce conflit dont elle était sortie amputée et divisée, s'enfermait dans une politique du silence et de l'oubli et l'Algérie s'imposait une commémoration obsessionnelle du combat qui lui avait permis d'exister en tant qu'Etat et que nation. Dans le contexte de la guerre civile du début des années 1990, cette opposition a semblé en voie de disparition.

Si la guerre apparaît globalement comme un facteur de cohésion sociale, la guerre d'indépendance algérienne est une parenthèse désenchantée. En outre, dans une période où les avancées de la psychiatrie ont permis de reconnaître la souffrance des victimes, il y a un déficit de reconnaissance de certaines d'entre elles et notamment de celles qui renvoient à l'immigration algérienne. D'où un sentiment encore plus exacerbé d'injustice qui peut être, parfois, l'explication des émeutes urbaines.

« Tourner la page, encore faudrait-il l'avoir lue ! » Cette phrase revenait régulièrement dans la bouche d'un ami de l'auteur. Aujourd'hui décédé, l'ancien maquisard algérien, monté au maquis à l'âge de 16 ans, analysait toujours ce conflit avec beaucoup d'intelligence.Dès son retour de la guerre, qu'il avait effectué comme appelé, l'auteur a compris qu'il ne fallait pas parler de ce qu'il avait vécu. Seul son père, ancien combattant de la grande guerre, avait compris son désarroi.

L'auteur a été rappelé en Algérie alors qu'il était étudiant à l'Ecole d'éducateurs spécialisés de Strasbourg (EES) en 1956. Dix ans plus tard, il a été embauché à l'EES comme formateur et enseignant, pour y rester jusqu'à sa retraite en 1997. Aujourd'hui, il intervient à l'ESTES, qui a succédé à l'EES, comme témoin du passé. Ce mot de « témoin » résume à lui seul sa place dans la nouvelle école avec son interrogation sur les comportements humains, interrogation née de son séjour forcé en Algérie.

Tout au long de la guerre d'Algérie, la grande majorité des hommes nés entre 1932 et 1943, soit plus d'un million de personnes, est venue grossir les rangs des appelés. A l'époque, un quart des familles a été impliqué par le départ d'un fils, d'un neveu, d'un petit-fils sous les drapeaux. En dépit de leur nombre, à leur retour, ces hommes ont très peu raconté ce qu'ils avaient vécu. Leurs enfants, « aidés » en cela par leurs mères, ont reçu en héritage leur silence.

Fille de militaire de carrière tué au combat, l'auteur a trouvé son chemin de résilience en coécrivant un livre avec le fils d'un combattant algérien, disparu lui aussi au cours du conflit qui a ravagé des familles, de part et d'autre de la Méditerranée, entre 1954 et 1962. Cet article est un plaidoyer pour le rapprochement entre les peuples et l'apaisement des mémoires douloureuses.

La crise du logement qui partout en Algérie suscite de vives tensions sociales, donnent lieu à des émeutes urbaines dont les causes se ramènent aux modes de distribution des logements sociaux selon des critères jugés par les ayant droits comme injustes et en contradiction avec les principes de justice et d'équité affirmés dans les textes législatifs. Ouled Djellal, ville du sud, en est un exemple concret.

L'aisance financière de l'État algérien ces dernières années a transformé les agglomérations sahariennes en grands chantiers où le logement porte cette dynamique. Le nouveau mode de logement introduit dans les espaces oasiens a véhiculé une nouvelle modernité dans ces espaces, générant de nouvelles pratiques de l'habitat et de comportements de consommation. Ceci se manifeste spatialement, par la modernisation de l'habitat qui est le résultat tant d'une intervention de l'État que de nouvelles pratiques des habitants.

Plus que l'emploi, le logement constitue la préoccupation centrale de la grande majorité des Algériens. Le déficit en la matière, aggravé par la démographie galopante et par l'urbanisation tentaculaire, suscite de graves tensions sociales. Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics pour résorber cette crise récurrente du logement, les demandes restent largement insatisfaites. La mauvaise distribution des logements sociaux réalisés, distribution liée au manque de transparence, à la corruption généralisée, y compris des élus locaux, alimente la crise et entretient le mal-être social.