Nous assistons, depuis de nombreuses années, à un changement du paysage social qui interroge nos pratiques professionnelles et, plus radicalement, le fondement institutionnel de nos établissements sociaux. Les politiques sociales, et notamment celle de 2002-2, pas seulement autour du droit des usagers, mais sur la police des établissements, les évaluations internes et externes, les incitations aux mutualisations de moyens, les regroupements_, sont inscrites dans une période traversée par une crise de l'institution en général, par des contraintes économiques, une évolution des populations accueillies, de l'articulation complexe du collectif et de l'individu, et la perte de la fonction d'autorité : autant d'éléments qui nous convoquent à re-penser le territoire d'hospitalité que nous sommes en devoir d'offrir aux jeunes et à leurs familles. La proposition de ce texte s'attache délibérément à questionner, plutôt que de poser la question de l'autre, à formuler la problématique, ou plutôt la dialectique qui est à l'ouvre dans notre rencontre à l'autre, obligée pour lui et qui nous oblige.

Les mecs se trouvent aujourd'hui confrontées à la question de leur propre « adaptation ». Le caractère « collectif » de leur modalité d'accueil est de plus en plus pointé comme une limite et l'individualisation de l'accompagnement du jeune devient un principe obligé. Ce changement d'orientation est déployé dans une relative confusion conceptuelle qui a renforcé le trouble des identités de métier présentes dans ce champ d'intervention, singulièrement la fonction éducative. Cet article revient sur cette dernière par un effort de définition qui montre les tensions qui y sont nécessairement à l'ouvre, entre intervention directe sur l'usager et intervention indirecte sur le cadre, entre omniprésence du collectif et prise en compte du sujet dans sa singularité, posant son rapport à l'institution comme un objet à travailler.

Notre mecs est une petite structure. Il semble logique que le quotidien, proche d'une « vraie vie », soit favorable à un travail éducatif de qualité. Mais le fait de le penser ne le justifie pas, on est simplement dans un imaginaire d'idéal institutionnel. Nous observons que les adultes qui travaillent dans cette mecs sont arrivés avec des projections positives qui donnent consistance à un Autre. Les enfants sont dans une position diamétralement opposée. Comment créer un quotidien où chacun va concilier avec un semblant, savoir s'y prendre avec l'Autre pour « renégocier » son a priori de départ.

Le cdef accueille toutes les urgences sociales, affectives, psychiques. Cette fonction d'accueil au sens noble distinguera des urgences symptomatiques des urgences structurelles, l'urgence fondamentale devant situer les paramètres de la construction psychique du bébé. L'expérience non traitée psychiquement persistant dans le noyau de l'être, ce qui ne s'est pas noué dans la petite enfance, on le retrouvera à l'adolescence.