Article de Mathilde Sempé
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 4, octobre-décembre 2022, pp. 37-59.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Accompagnement social, Hôtel social, Organisation du travail, Travailleur social, Entretien, Reconnaissance, Accueil d'urgence, Enquête, Plateforme, Rythme, Intervention à domicile, Intimité, Aménagement du temps, Isolement
À partir d’une recherche doctorale, cet article aborde les liens entre les évolutions organisationnelles dans le secteur social et le malaise ressenti par les professionnelles de l’accompagnement social. À partir d’une enquête ethnographique sur une plateforme d’accompagnement social à l’hôtel francilienne, il démontre d’abord comment le déplacement régulier des équipes, couplé aux demandes de restitution d’activité donne lieu à la multiplication des sources d’intensité du travail (demandes extérieures, pressions hiérarchiques, désorganisation temporelle de l’activité, tensions avec le public). Dans un deuxième temps, l’analyse se porte sur les conséquences de ces évolutions organisationnelles sur le vécu du travail. On montre comment le contexte hôtelier affaiblit le sens des accompagnements sociaux et conduit les travailleuses sociales à réaliser des tâches qui leur sont déléguées par divers partenaires du dispositif d’hébergement, créant un sentiment de dévalorisation de leur position. Enfin, dans le contexte de crise sanitaire, les modalités d’intervention font émerger la question de la fragilisation du collectif de travail et de son caractère potentiellement durable.
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Article de Teresa Grande
Paru dans la revue SAS Sciences et actions sociales, n° 15, 2021-2, pp. 7-16.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Épidémie, Santé, Maladie, Isolement, Émotion, Mémoire, Mort, Elias (Norbert), Italie
“Loin des autres” : c’est la règle principale que nous avons tous appris à suivre depuis que Covid-19 a fait irruption dans nos vies il y a plus d’un an.
Dans cet article, l'auteure se propose de réfléchir sur la situation d’isolement que le virus nous impose à partir d’une relecture du célèbre livre que le sociologue Norbert Elias a consacré à "La solitude du mourant". La situation de solitude décrite par Elias au début des années 1980 se reproduit avec une force particulière dans la pandémie actuelle. Comme nous le verrons, les normes de distanciation sociale ont des conséquences sur la façon dont nous nous rapportons aux “autres”, sur notre perception des liens sociaux et sur nos émotions ; ces conséquences sont particulièrement visibles dans la solitude qui caractérise les patients Covid-19. En outre, les personnes décédées de Covid-19 représentent les victimes symboliques de cette pandémie et, en tant que telles, commencent à être commémorées de manière publique. L’article se termine par une brève réflexion sur la “Journée nationale à la mémoire des victimes du Covid-19” (instaurée par l’État italien dans la journée du 18 mars) et sur les mémoires futures des expériences individuelles et collectives de l’urgence pandémique que nous vivons encore.
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