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Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 44, n° 4, décembre 2023, pp. 271-293.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Suicide, Relation soignant-soigné, Thérapie, Approche clinique, Psychothérapie, Empathie, Famille
Le suicide est souvent appréhendé comme un droit individuel, comme une décision à laquelle le sujet aboutirait par une délibération de soi à soi. La clinique nous donne tout autre chose à voir et à penser. D’une part, le suicide apparaît comme l’une des plus douloureuses blessures affectant les liens et la fiabilité dans les familles. D’autre part, il survient très souvent là où l’appartenance du sujet à son contexte interhumain est « mortellement » touchée. Plutôt que d’en appeler à l’autre auquel il ne croit plus, le sujet blessé se retourne contre lui-même, mais meurtrit indirectement les siens. L’un des enjeux de l’intervention thérapeutique vise alors à retrouver le champ interhumain originaire du mouvement suicidaire, et à y travailler les vécus d’injustice sans créer de nouvelles victimes. Il s’agit encore de mobiliser concrètement les proches – dont la présence s’estompe dans l’horizon suicidaire – en sorte de ré-affirmer les liens d’attachement, la solidarité et le soutien mutuel. Les auteurs s’interrogent enfin sur la manière de tenir bon, en tant qu’intervenants, face à ces confrontations éprouvantes à la proximité – ou à l’effraction – de la mort.
Le harcèlement scolaire est un sujet de préoccupation grandissant depuis une dizaine d’années, aux conséquences parfois désastreuses pour la santé physique et psychologique des enfants qui en sont victimes. Il existe de nombreuses approches qui tentent de remédier à ce phénomène, toutefois, elles partent toutes du même postulat : il faut intervenir à la place de l’enfant en souffrance. La grande majorité des stratégies de lutte contre le harcèlement cherchent à intervenir en toute logique entre le harceleur et sa victime pour défendre cette dernière et demander au premier de cesser l’agression. Nous montrerons dans cet article que cette manière d’agir présente des faiblesses et peut se montrer contre-productive, en toute logique interactionnelle. Nous proposerons une lecture systémique du problème qui permettra de développer une autre stratégie d’action, celle de travailler avec l’enfant ou l’adolescent harcelé afin qu’il trouve en lui les ressources nécessaires pour faire cesser l’agression. Afin de montrer l’efficacité de cette approche, nous analyserons les 79 cas qui ont été suivis dans le cadre d’une thérapie brève et stratégique selon le modèle de Palo Alto.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 43, n° 4, décembre 2022, pp. 331-348.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Écologie, Posture professionnelle, Anxiété, Coopération, Thérapie, Crise, Émotion, Récit de vie, Jeu de société
Face aux bouleversements globaux et systémiques qui s’accélèrent et aux prédictions scientifiques anxiogènes à propos de notre avenir commun, de nombreuses personnes naviguent entre Isolement, Préoccupations, Perte de Sens et Détresse. Comment réinventer nos pratiques face à des enjeux qui nous concernent toutes et tous ? Comment l’approche narrative, initiée par White et Epston, peut nous soutenir dans cette quête et nous guider dans une posture politique et engagée ? Quels récits alternatifs soutiennent l’Espoir et la Dignité ? Pour y répondre, nous explorerons le jeu thérapeutique « Graines de Rêves », un temps suspendu de poésie, visant à offrir des espaces créatifs où dire et vivre ensemble la sensibilité à ce qui nous entoure.
Article de Maud Delahaye, Marie Caroline Saglio Yatzimirsky, Héloïse Marichez, et al.
Paru dans la revue L'Autre, vol. 23, n° 2, juillet-septembre 2022, pp. 185-194.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Traumatisme, Atelier, Thérapie, Care, Empowerment, Création
L'atelier thérapeutique de couture FILAO est un espace hybride, de soins et de socialisation, destiné aux patients de la consultation de psycho traumatisme de l'hôpital Avicenne. Inspiré par l'antipsychiatrie et la psychothérapie institutionnelle, l'une de ses visées thérapeutiques est la réactivation des capacités de penser et d'agir lorsque celles-ci sont entravées par une immobilité mortifère propre au trauma.
L’implication des parents dans le milieu scolaire est un moyen important de soutenir la réussite des élèves. Les collaborations entre parents et enseignants sont de plus en plus reconnues comme vitales dans ce processus, et ce plus particulièrement lorsque les enfants présentent des difficultés scolaires. Les approches multifamiliales et multisystémiques ont démontré leur intérêt dans la prise en charge des troubles des conduites de l’enfant. Dans cet article, nous partagerons notre expérience de mise en place d’un dispositif de « classe des familles » (CDF) dans une école du Val-de-Marne (Ile-de-France, Paris). Nous tenterons d’en dégager les intérêts et les limites pour envisager de nouvelles perspectives et innovations en pédopsychiatrie.
Dans cet article, une intersection entre thérapie systémique individuelle et approche systémique interculturelle sera illustrée par l’étude de cas d’une patiente franco-vietnamienne. Au départ, nous constatons peu de demandes d’aide psychologique émanant de la population asiatique présente en France et par conséquent le peu d’écrits ou de matériels théoriques disponibles. Cette observation nous amènera à concentrer notre intérêt sur la population d’Asie du Sud-Est et leur place particulière en France. Nous présenterons le suivi de Kim, d’origine vietnamienne, pour lequel les questions des violences intrafamiliales, du secret et de l’impact de la migration sur les relations se nouent.
Le recadrage constitue une démarche centrale dans la thérapie systémique et notamment dans les thérapies narratives et orientées solution. Dans cet article, nous présentons une technique particulière dénommée mise au carré. Nous en envisageons le déploiement au service du recadrage dans un contexte d’intervention systémique. Fondée sur le repérage des « liaisons », la mise au carré permet de visualiser les associations existantes dans un discours et d’explorer celles qui sont en germe mais non exprimées par la personne. Elle vise le déploiement de nouvelles associations potentielles au service de l’évolution du client. L’article présente une étude de cas qui vient illustrer la démarche. Les implications pour la pratique thérapeutique sont discutées en fin d’article.
Notre équipe a mis en place il y a quelques années une recherche visant à évaluer l’effet thérapeutique de pratiques de réflexivité, standardisées sous forme d’une interview réflexive semi-structurée (cf. Auberjonois et al., 2011). Dans ce texte, nous souhaitons rendre compte de la manière dont la pratique de cette interview a été vécue par les thérapeutes impliqués dans la recherche. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les données d’une séance de focus group réalisée avec ceux-ci. Nous souhaitons également suggérer, au travers d’un bref rappel historique, que le questionnement sur la réflexivité en thérapie, bien que promu et souvent associé au courant dit « postmoderne », est présent dès les origines des thérapies familiales systémiques.
L’approche systémique des relations blessées, sur un mode autoréférentiel, nécessite un engagement du thérapeute avec tout ce qu’il est, notamment son histoire familiale et personnelle. Dans un groupe de supervision systémique, cette éthique implique une prise en compte, chez chacun-e, de ses propres cartes du monde. Le présent article modélise une forme de supervision que l’auteur a mise sur pied dès 2016 avec successivement six groupes de supervision. Chaque thérapeute, avant d’évoquer une situation clinique, esquisse au tableau son propre génogramme. Dans un deuxième temps, les participant-e-s, y compris le superviseur, s’expriment par des mots ou des métaphores, tout en devant évoquer une résonance dans leur histoire personnelle. Cette supervision, démocratique, « augmentée » par les apports personnels des thérapeutes, est discutée avec l’une des participant·e·s.