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L’auteur propose un retour sur certains travaux de sciences humaines à propos des familles homoparentales, son objectif étant d’interroger les notions qui nous permettent de rendre compte des changements dont ces familles sont porteuses. Il examine notamment deux notions souvent rencontrées dans les travaux sur les nouvelles formes de familles : la désinstitutionnalisation et la désexualisation. La première, spécifiquement sociologique, semble échouer à décrire le travail complexe de réinstitution de la famille qui est à l’œuvre tant dans le droit que dans les familles homoparentales elles-mêmes. La seconde montre sa pertinence dans le champ socio-anthropologique mais pose question si l’on s’appuie sur les recherches d’orientation psychanalytique auprès de ces configurations familiales. En effet, si, du point de vue anthropologique, l’instauration de la disjonction entre sexualité et reproduction ne fait pas de doute, il en va tout autrement du point de vue des processus psychiques inconscients qui accompagnent le devenir parent en appui sur la représentation d’une scène primitive et sur des fantasmes de bisexualité psychique.
Paru dans la revue Cahiers de la puéricultrice, n° 360, octobre 2022, pp. 16-18.
Mots clés : Enfance-Famille, Famille, Homoparentalité, Sociologie, Stéréotype, Procréation médicalement assistée, Parenté, Rôle social, Accueil, Modèle, Respect
Les enfants en situation de famille homoparentale ont vu leur nombre croître sans discontinuer depuis plus de trente ans. Cette progression devrait se poursuivre, notamment avec l’ouverture à toutes de la procréation médicalement assistée (PMA) en France. Les nouvelles parentalités questionnent les stéréotypes concernant les rôles des hommes et des femmes. L’homoparentalité est la suite logique d’une série d’évolutions sociétales et scientifiques, qui ont dans un premier temps dissocié sexualité et procréation, puis procréation et parenté. Les cartes du “devenir parent” ont été redistribuées avec les nouvelles méthodes de PMA.
Article de Pascal Barbier, Myriam Chatot, Bernard Fusulier, et al.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 3 & 4, automne 2020, pp. 94-113.
Mots clés : Travail-Emploi, Enfance-Famille, Sociologie, Enquête, Épidémie, Vie quotidienne, Conditions de vie, Bien-être, Famille, Conditions de travail, Relation familiale, Genre, Aménagement du temps, Inégalité
De mars à juin 2020, du début du confinement aux premières phases de déconfinement, un collectif de sociologues a suivi dix-huit familles françaises lors de télé-entretiens réguliers, afin de comprendre les vécus de cette situation inédite et la manière dont ces familles ont réorganisé leurs activités alors qu’elles étaient repliées dans un seul espace : le lieu de résidence. Les auteur·e·s distinguent trois rapports au confinement (heureux, malheureux et mitigé), et observent que si les conditions matérielles d’existence jouent un rôle déterminant dans l’expérience du confinement, elles ne suffisent pas à elles seules à expliquer sa tonalité générale. La répartition sexuée des tâches, l’autonomie dans l’organisation de l’activité professionnelle, et plus globalement le degré de maîtrise de l’emploi du temps, sont des dimensions structurantes de cette expérience, tout comme la place accordée à la vie familiale dans le projet de vie des personnes et des couples.
Article de Patricia Bessaoud Alonso, Juliette Clément
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 30, automne 2020, pp. 83-96.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Approche historique, Autorité parentale, Changement social, Évolution, Famille, Famille monoparentale, Histoire familiale, Homoparentalité, Individualisme, Institution, Intérêt de l'enfant, Mariage, Parentalité, Paternité, Patriarcat, Père, Pouvoir, Recherche, Relation enfant-père, Représentation sociale, Sociologie, Témoignage, Vie institutionnelle
L’institution familiale s’est transformée ces dernières décennies à la faveur d’un processus assujetti à un arsenal législatif, aux mutations sociétales et aux politiques publiques mises en œuvre. L’individualisme prend corps au sein de la famille avec une expression du désir exacerbé autour de la parentalité et plus singulièrement de la paternité. L’institution est revisitée à travers la place du père, biologique ou non, quelles que soient la configuration familiale et l’orientation sexuelle. Les pères sont-ils des analyseurs des familles contemporaines ?
Article de Joanie Cayouette Rembliere, Mathieu Ichou
Paru dans la revue Revue française de sociologie, n° 60-3, juillet-septembre 2019, pp. 385-427.
Mots clés : Sociologie, Enquête, Famille, Classe, Méthodologie, Analyse multivariée
Cet article propose une approche originale pour appréhender la position sociale des ménages, susceptible d'améliorer la description et l'explication sociologiques de nombreux objets d'étude. Cette approche configurationnelle, qui repose sur l'usage successif d'analyse géométrique des données et de classifications, permet de prendre en compte à la fois plusieurs membres d'un ménage et plusieurs dimensions de la stratification sociale. Elle est appliquée à deux enquêtes nationales représentatives : « Trajectoires et origines » (TeO, Ined/Insee, 2008) et le « Panel d'élèves entrant dans le secondaire en 2007 » (DEPP-MEN). En plus des variables classiques comme la profession ou le niveau d'éducation, les configurations construites mettent en évidence le poids des variables résidentielles, ainsi que le rôle de la situation familiale et de l'origine migratoire dans la différentiation sociale des ménages. Pour finir, l'article démontre que les configurations ont un pouvoir explicatif supérieur à celui des approches classiques de la position sociale
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 214, septembre 2016, pp. 94-103.
Mots clés : Enfance-Famille, Famille, Politique familiale, Homoparentalité, Sociologie, Recherche en sciences sociales, Etats Unis d'Amérique
A partir de terrains et de méthodes variés (ethnographie, sociologie historique, cultural studies), Judith Stacey a mené des recherches portant notamment sur les thèmes de la famille, du genre, de la sexualité et du féminisme. Son travail et son engagement pour ce qu’elle appelle « l’activisme intellectuel » l’ont amenée à participer très directement aux débats étasuniens sur la famille, au cœur d’enjeux indissociablement politiques, économiques et raciaux. On assiste à partir des années 1990 à l’émergence dans l’espace public et au déploie-ment à travers l’espace politique d’un nouveau discours familialiste, se revendiquant de la science plutôt que de la religion ou de la morale pour promouvoir les valeurs familiales, le modèle de la famille nucléaire traditionnelle et dénoncer les impacts sociaux des nouvelles réalités familiales. Des effets de la banalisation du divorce et des familles monoparentales à la reconnaissance de l’homoparentalité, les sciences sociales ont été convoquées de manière croissante dans ces débats, tantôt comme outil de légitimation des politiques publiques et des évolutions législatives, tantôt comme argument d’autorité au service des mobilisations de tous bords. Judith Stacey revient dans cet entretien sur 25 ans de « guerres de la famille », les controverses scientifiques qui les ont ponctué et auxquelles son travail a été directement mêlé, ainsi que sur les profondes évolutions culturelles qui en ont été la trame.
Deux populations différentes sont comparées à l’aune des souffrances qui ont pu être observées et parfois exprimées auprès des enquêteurs : des jeunes personnes scolarisées dans un Institut Médico-Professionnel et des adultes qui exercent leurs habiletés physiques comme professionnels (du spectacle, de la parfumerie, de la dégustation, etc.). Deux populations opposées à bien des égards et qui pourtant sont analysées pour mesurer précisément les situations de souffrance vécues par les uns et les autres. La construction identitaire mâtinée de souffrance apparaît comme un commun dénominateur, avec des actions et des profits variés, parfois des résistances qui prennent les contours d’une réussite sociale ou professionnelle.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 3, juillet-septembre 2013, pp. 465-506.
Mots clés : Soutien scolaire, Secteur privé, Famille, Besoin, Demande, Inégalité, Sociologie, Statut social
À l'appui d'une exploitation de la partie « Éducation et famille » de l'« Enquête permanente sur les conditions de vie des ménages » (EPCV, Insee, octobre 2003), la demande de cours particuliers en France est étudiée en considérant ces cours en comparaison avec deux autres formes de shadow education - soutien gratuit et aide des proches - et dans leurs relations avec les autres actes et attitudes participant au façonnement familial des scolarités. L'article avance tout d'abord que les cours particuliers s'inscrivent, d'une part et à la différence du soutien gratuit, dans un halo de pratiques participant à la construction familiale d'un avantage sur la scène scolaire, construction associée à une forte dotation en capitaux scolaire et économique, et qu'ils participent, d'autre part et à l'instar du soutien gratuit, d'un mouvement d'externalisation de l'aide étroitement lié à la configuration du ménage. Le besoin de remédier à des difficultés scolaires perçues et les possibilités matérielles de recours apparaissent ensuite centraux dans la saisie des traits saillants de la population recourant aux cours particuliers.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 37, n° 2, pp. 181-205.
Mots clés : Éducation, Sociologie, Valeur, Modèle, Famille, Relation, École, Enseignant, Professionnel de l'enfance, EDUCATEUR
Selon de nombreux sociologues, on assiste depuis 1970 à un mouvement de transformation des moeurs familiales caractérisées par l'émergence à la fois d'un nouveau régime familial (une famille « relationnelle » basée sur une forte affectivité où chaque partenaire jouit d'une grande autonomie) mais aussi d'un nouveau modèle de savoir éduquer (fondé sur une autorité plus souple, négociée entre parents et enfants). Or, du fait de leur diffusion sociale inégale, ces transformations des moeurs alimentent des malentendus, dans la rencontre qui se noue au quotidien entre professionnels de diverses instances éducatives et certaines familles populaires à faible capital scolaire. En se basant sur divers matériaux (entretiens qualitatifs, analyse de dossiers), cet article vise à mieux comprendre ceux-ci en montrant ce qu'ils doivent à la position sociale des acteurs en question.