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La situation de ce texte présente un bon exemple des formes de médiation qui se réalisent pendant un conflit politique au Nord-est du Brésil, en observant la manière dont elles sont intégrées à la sphère privée et à la sphère publique. La situation met en évidence l’efficacité symbolique de pratiques et de significations qui se sont construites lors d’une campagne pour la justice et qui se sont déplacées du « monde familial » et du « monde politique » vers la sphère publique locale, nationale et aussi internationale, surtout par la presse. Les mobilisations contre la violence montrent ainsi comment les sentiments s’insèrent dans la politique. Les femmes y apparaissent comme les gardiennes de biens symboliques. Elles permettent la transformation du ressentiment en indignation et en protestation, tout en empêchant que prédominent les rôles traditionnels dictés par l’honneur ou la vengeance. Les différentes formes d’actions familiales s’insèrent ainsi dans un champ symbolique qui traverse de multiples cheminements. Les sentiments, en s’inscrivant profondément dans la sphère publique, façonnent des rituels obligatoires de solidarité, ainsi que des impératifs de punitions et d’oppositions. Les visions du monde concurrentes dont les sentiments sont porteurs peuvent contribuer à expliquer les coulisses de la politique.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 214, septembre 2016, pp. 46-65.
Mots clés : Enfance-Famille, Parentalité, Modèle parental, Inégalité, Travail ménager, Reproduction sociale, Représentation sociale, Famille, [QUOTIDIEN], Statistiques, Mode de garde, Rôle, Divorce
De grandes différences de statuts et de fonctions demeurent entre les hommes et les femmes dans la sphère privée. Cet article souligne l’importance de la présence de l’enfant dans le maintien et la justification de ce déséquilibre persistant. L’enfance – et a fortiori la petite enfance – reste en effet un domaine où la coparentalité est peu active dans les faits. Fortement intériorisée par les parents des deux sexes, y compris chez les jeunes générations, la division sexuelle des rôles parentaux transparaît également dans l’action des politiques publiques menées en France au cours de la dernière période, tiraillées entre le souci affiché de favoriser une plus grande égalité entre hommes et femmes dans les sphères de la famille et du travail et leur « attachement traditionnel » aux spécialisations des rôles sociaux de sexe. L’institutionnalisation des modes de garde a fortiori individualisés, mais aussi paradoxalement les nouvelles lois supposées favoriser un meilleur partage des responsabilités parentales après divorce ont implicitement consacré une place principale aux femmes dans l’exercice de leur rôle maternel. En s’appuyant sur des résultats d’enquêtes sociologiques et sur une exploitation de données statistiques, cet article entend prendre la mesure de la réalité des normes sociales de parentalité à l’aune des représentations sociales et des actions de la sphère publique si étroitement présentes au cours de ces dernières décennies dans la définition sociale (normative) de la sphère privée et des ses relations internes.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 40, n° 1, mars 2016, pp. 25-50.
Mots clés : Justice-Délinquance, Territoire-Logement, Contrôle, Vidéo, Milieu urbain, Rôle, Sociologie, Interaction, Délinquance, Sécurité, Évaluation
Le fort développement de la vidéosurveillance dans l’espace public, en France, à partir des élections présidentielles de 2007, n’a pas fait l’objet d’évaluations scientifiques. Cet article propose une étude de cas et un travail de terrain dans une petite ville dotée d’un système de vidéosurveillance considéré comme exemplaire par les pouvoirs publics locaux. L’étude montre que la vidéosurveillance n’assure ni prévention ni dissuasion des actes de délinquance et qu’elle n’a globalement aucun impact sur le niveau de la délinquance enregistrée. L’étude illustre également le phénomène de déplacement des problèmes. Elle permet ensuite de mesurer la contribution de la vidéosurveillance au travail de police judiciaire, montrant que cette contribution est réelle mais limitée. Au final, la vidéosurveillance apparaît essentiellement comme un outil municipal de gestion urbaine de proximité, qui n’a que peu de rapport avec la politique locale de sécurité et de prévention. L’auteur analyse alors les ressorts politiques du succès de cette technologie, montrant qu’elle a constitué une ressource politique tant pour le gouvernement qui a décidé d’inciter à sa généralisation que pour les élus locaux désireux d’afficher une action dans le domaine, le tout en lien avec le fort développement des industries de la sécurité.
Article de Philippe COULANGEON, Geneviève PRUVOST, Ionela ROHARIK
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 53, n° 3, juillet-septembre 2012, pp. 493-527.
Mots clés : Identité professionnelle, Police, Comportement politique, Idéologie, Enquête, Questionnaire, Sociologie, Profession, Représentation sociale, Opinion, Rôle, Sécurité, Partenariat, Délinquance, Prévention de la délinquance, Répression
En l'absence d'enquête sur le vote policier, l'étude des idéologies professionnelles, qui traduisent une forme de politisation des policiers ordinaires, partie intégrante de la socialisation professionnelle, permet d'approcher les orientations politiques du monde des policiers. A partir d'une enquête par questionnaire auprès de 5 221 policiers de tous grades, on a procédé au relevé des dissensions idéologiques sur la conception du métier policier. L'analyse est fondée sur la méthode des classes latentes, dont l'application fait ressortir trois classes d'opinion que l'on a qualifiées de répressive, médiane et préventive. Ces trois profils permettent de distinguer les policiers sur la question des missions prioritaires de la police, des populations à surveiller, des partenaires avec qui collaborer et des causes de la délinquance. L'analyse des propriétés sociales et professionnelles des policiers relevant de chacune des trois classes d'opinion montre ensuite la prépondérance des caractéristiques professionnelles sur les variables sociodémographiques dans la distribution au sein des trois classes.
La thérapie familiale est reconnue comme étant l'une des approches thérapeutiques les plus efficaces dans le traitement de l'anorexie mentale de l'enfant et de l'adolescent. Pourtant, la fratrie de ces patients a longtemps été « oubliée » par les praticiens et les chercheurs et la littérature clinique ne s'est que tardivement penchée sur l'impact de la maladie sur les frères et soeurs et sur leur rôle étiologique, préventif et curatif possible. En nous appuyant sur les travaux existants ainsi que sur notre propre expérience clinique, nous nous proposons de résumer la littérature sur le rôle de la fratrie dans le développement de l'anorexie mentale, de décrire les influences réciproques (positives et négatives) entre ce sous-système familial et la maladie, pour déboucher sur une conceptualisation du rôle de la fratrie dans les processus de thérapie et de guérison et une proposition d'approches thérapeutiques et de guides pratiques destinés aux thérapeutes familiaux.
L'article présente une étude qualitative menée à Genève, par le biais d'entretiens avec des adolescents et leurs grands-parents. L'analyse, centrée sur l'évolution temporelle de la relation entre grand-parent et petit-fils ou petite-fille, met en lumière les différents enjeux qui traversent la relation, notamment au moment du passage à l'adolescence. L'article distingue différentes configurations de dyades, opposant principalement celles vécues dans un sentiment subjectif de constance (dans la proximité ou dans la distance) à celles portant l'empreinte du mouvement, de la transformation. Face à l'image, en vogue, d'une grand-parentalité épanouie, maîtrisée et à la portée de tous, les auteurs soulignent la diversité des expériences et interrogent les déterminants sous-jacents à cette diversité, relevant notamment la variété des ressources - matérielles, financières, mais aussi symboliques, identitaires - susceptibles d'être mobilisées dans et pour la relation, ainsi que le caractère potentiellement inégal de leur répartition au sein de l'espace social.
Cet article présente la monographie d'une école élémentaire située en milieu urbain et accueillant un public issu des milieux populaires les plus précarisés. Trois ans après l'arrivée d'une nouvelle équipe pédagogique se réclamant de la pédagogie Freinet, cette école, qui était alors fuie pour des problèmes de violence, a non seulement perdu sa mauvaise réputation mais est devenue attractive. L'analyse des données recueillies pendant cinq ans dans cette école et la comparaison avec trente autres écoles font apparaître un effet-établissement reposant sur un travail d'équipe conséquent autour d'un projet pédagogique fort, structurant les pratiques professionnelles et les relations avec les élèves