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La production d’une « noblesse scientifique », à travers les concours scientifiques de l’ENS, et, en amont, pendant les deux ou trois années de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) scientifiques, produit un ordre scolaire, non seulement social mais aussi sexué. Les mécanismes qui président au maintien de ces bastions de l’élitisme scolaire comme entre-soi bourgeois et masculin sont ici analysés à l’aune de la définition de l’excellence scolaire qui y a cours, à partir d’une enquête par questionnaire conduite auprès de 2 270 élèves de classes préparatoires scientifiques. Dans ces classes, les caractéristiques du bon élève de lycée ne constituent que des conditions nécessaires de la réussite scolaire, non des conditions suffisantes. Ces dernières sont alors à trouver dans un ensemble de qualités naturalisées esquissant une idéologie du don. Celle-ci se voit intériorisée par les élèves et l’urgence scolaire caractéristique des CPGE la justifie sous couvert de l’impliquer.
Article de Marielle Le Mener, Denis Meuret, Sophie Morlaix
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 58, n° 2, avril-juin 2017, pp. 207-232.
Mots clés : Ecole-Enseignement, Inégalité, École, Réussite scolaire, Catégorie socioprofessionnelle, Analyse comparative, Enquête, Niveau scolaire, Mathématiques, Père, Mère, Enseignant, Culture
L'ampleur considérable des inégalités sociales de performances scolaires interroge fortement l'équité de l'école. Nous cherchons, dans ce travail, à mettre en lumière les facteurs de l'accroissement récent de ces inégalités par le biais d'indicateurs disponibles dans les données des enquêtes PISA (2003 et 2012). Nous étudions d'abord l'évolution des différentes composantes de l'indicateur multicritère par lequel l'OCDE mesure le plus souvent le milieu social. Ensuite, nous modélisons, par une analyse en pistes causales, la décomposition de l'effet du statut professionnel des parents sur les performances afin de saisir par quoi il transite. Sont mobilisés des facteurs externes et des facteurs internes à l'école. Notre analyse souligne la responsabilité de l'école dans l'accroissement des inégalités scolaires dans le sens où l'école convertit, davantage qu'auparavant, des inégalités sociales qui, elles, ont peu évolué, en inégalités d'apprentissage. En témoignent, entre autres, le rôle de la ségrégation entre établissements ou encore de facteurs culturels, en particulier l'importance de la possession de livres au domicile familial.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 55, n° 1, janvier-mars 2014, pp. 127-162.
Mots clés : Enseignement, Réforme, Inégalité, Évaluation, Niveau scolaire, Réussite scolaire, POLOGNE
La Pologne est le seul pays européen à avoir réformé récemment et profondément la structure de son système d'instruction obligatoire. L'un des principaux volets de la réforme de 1999 fut notamment de prolonger d'un an la scolarité au sein de l'enseignement général de tronc commun et ainsi de repousser à l'âge de 16 ans le premier palier d'orientation. Notre examen de l'expérience polonaise, à partir des évaluations PISA de 2000, 2003, 2006 et 2009, donne un éclairage nouveau sur les effets de l'école unique. Nos analyses suggèrent que la réforme a permis une augmentation du niveau scolaire des élèves et que l'allongement d'une année du tronc commun a entrainé une réduction des inégalités sociales d'acquis scolaires entre les élèves parvenus en fin de scolarité obligatoire. La diminution globale de ces inégalités semble essentiellement provenir de l'homogénéisation des conditions d'apprentissage au sein des établissements du tronc commun prolongé jusqu'à la fin de la scolarité obligatoire. L'expérience polonaise laisse ainsi penser que les changements induits par le prolongement de l'école unique dans les méthodes d'instruction employées par les enseignants et dans les relations entre élèves ont été bien plus profitables aux élèves peu performants et socialement défavorisés qu'ils n'ont été désavantageux aux élèves favorisés.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, other janvier-mars 2013, pp. 5-52.
Mots clés : Enfant de migrant, Scolarité, Réussite scolaire, Sociologie
Cet article a pour objectif de décrire et d'interpréter empiriquement les différences de résultats scolaires qui se constituent tout au long de la scolarité obligatoire entre enfants de natifs et enfants d'immigrés, et au sein des enfants d'immigrés en France. L'étude se fonde sur l'exploitation de deux enquêtes quantitatives : le « Panel 1997 » du ministère de l'Éducation nationale (N= 9 641) et l'enquête « Trajectoires et origines » de l'Ined (N= 21 761). La contribution de cet article à la sociologie des inégalités scolaires tient à quatre éléments : l'usage de catégories d'origines précises, qui montre l'importance de l'hétérogénéité scolaire au sein de l'ensemble « enfants d'immigrés » ; l'usage de la méthode d'appariement exact, qui permet de ne pas supposer un effet uniforme des propriétés sociales sur les résultats scolaires dans tous les groupes ; l'étude de la formation précoce des inégalités scolaires dès la première année de l'école primaire ; l'interprétation des différences de résultats scolaires par la prise en compte de caractéristiques sociales prémigratoires des immigrés.
Cet article analyse les marchés scolaires à partir des catégories de l'économie de la qualité en se basant sur deux enquêtes empiriques (collège et lycée).