Article de Marie Clémence Le Pape, Elise Tenret
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 64, n° 3, juillet-septembre 2023, pp. 443-470.
Mots clés : Enfance-Famille, Sociologie, Famille, Relation enfant-parents, Fratrie, Aide financière, Argent, Inégalité, Justice, Norme, Jeune, Reproduction sociale, Roman familial
Cet article explore les pratiques et les normes d’aide parentales lors du passage des enfants à l’âge adulte, au moment où les destins se singularisent au sein de la fratrie et que les aides financières et matérielles données à chacun·e se diversifient. À partir d’entretiens avec des parents de jeunes adultes, il met en évidence une tension entre, d’une part, des pratiques d’aide hétérogènes, voire inégalitaires et, d’autre part, l’attachement des parents à une norme égalitaire. Il montre comment le recours à la notion de « fiction égalitaire » permet de penser cette tension et de tenir ensemble l’analyse des pratiques (ce qui est distribué) et les règles qui organisent ces échanges, avec des variations selon les ressources économiques et le statut conjugal des parents. Plus précisément, il analyse comment la fiction égalitaire en famille se construit, se déploie et est entretenue : à la fois par une mise en scène de l’égalité lors de moments ritualisés qui renvoient en coulisse les pratiques inégalitaires, et par un travail relationnel des parents pour susciter l’adhésion autour du script et des termes de la fiction.
Accès à la version en ligne
Article de Tom Chevalier
Paru dans la revue Revue française de sociologie, n° 60-1, janvier-mars 2019, pp. 13-42.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Confiance, Institution, Union européenne, Jeune, Citoyenneté, Comportement politique, Intégration, Insertion sociale, Insertion professionnelle
Depuis le début de la crise économique, les partis radicaux ont engrangé de plus en plus de voix partout en Europe, notamment chez les jeunes. Et les électeurs de ces partis, qu’ils soient de droite ou de gauche, partagent un faible niveau de confiance politique, notamment dans les institutions. Or les niveaux de confiance institutionnelle des jeunes diffèrent grandement d’un pays à l’autre en Europe. Comment donc rendre compte de ces différences ? Nous affirmons dans cet article que ces différences sont dues à l’action publique. À partir d’analyses multiniveaux sur les données de l’European Social Survey, nous montrons que plus les politiques de citoyenneté économique sont inclusives et/ou plus les politiques de citoyenneté sociale sont individualisées, et plus la confiance à l’égard des institutions est prononcée chez les jeunes en général.
Accès à la version en ligne
Article de Camille PEUGNY, Cécile VAN DE VELDE
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 4, octobre-décembre 2013, pp. 641-664.
Mots clés : Sociologie, Inégalité, Génération, Jeune, Conflit, Marché du travail, Emploi
Par une mise en perspective de ses apports et de ses limites actuelles, cette introduction tente d'ouvrir la voie à un renouvellement de la sociologie des inégalités entre générations. Une première partie revient sur l'émergence et l'évolution du concept même de « génération » en sociologie tout au long du XXe siècle : avant d'être approchée par le prisme des « inégalités », la génération a prioritairement été définie comme élément moteur du changement social et culturel, investie sous l'angle de la « conscience » dans les travaux de Mannheim, puis sous celui des « valeurs » dans les travaux des années 1950 et 1960. La seconde partie met en perspective la montée du thème des inégalités entre générations, portée par le grand retournement des années 1970 qui affecte durablement les conditions dans lesquelles les jeunes entrent sur le marché du travail. Au-delà de ces difficultés croissantes dans le champ économique, les jeunes générations semblent tenues à l'écart des positions dominantes et des leviers du changement social, ce qui nourrit les discours autour de l'existence d'une « génération sacrifiée ». Tout en soulignant l'importance des acquis de ces travaux, une troisième partie en révèle quelques limites et appelle à l'ouverture de nouveaux fronts de recherches : penser l'articulation entre plusieurs générations pour sortir de l'opposition entre deux générations, celle des premiers-nés du baby-boom, et celle née dans les années 1960 ; penser ensemble inégalités inter- et intragénérationnelles ; articuler inégalités sociales et solidarités familiales entre générations ; poser la question d'une éventuelle conscience de génération et de ses manifestations politiques. Cette introduction se termine par une présentation des articles du numéro spécial qui, sur chacun de ces fronts de recherche, soumettent de nouveaux éléments au débat scientifique.
url
Article de Ingrid TUCCI, Arianne JOSSIN, Carsten KELLER, et al.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 54, n° 3, juillet-septembre 2013, pp. 567-596.
Mots clés : Enfant de migrant, Immigration, Analyse comparative, Emploi, Travail, Marché du travail, Insertion professionnelle, Jeune, FRANCE, ALLEMAGNE, TURQUIE, MOYEN ORIENT, MAGHREB, AFRIQUE DU SUD
Les trajectoires professionnelles des descendants d'immigrés ont été jusqu'à présent peu étudiées dans une perspective de comparaison internationale. Cette contribution souhaite combler ce manque en analysant les parcours d'entrée dans l'âge adulte de descendants d'immigrés en France et en Allemagne. Pour cela, les auteurs s'appuient sur une articulation de données statistiques représentatives et de données qualitatives issues d'une enquête de terrain menée dans quatre quartiers défavorisés de Paris et Berlin auprès de jeunes descendants d'immigrés de quatre origines : Turquie et Moyen-Orient en Allemagne, Maghreb et Afrique subsaharienne en France. Le recours à cette méthodologie mixte permet non seulement de s'intéresser aux différences entre la France et l'Allemagne en termes d'inégalités entre descendants d'immigrés et descendants de natifs, mais aussi de montrer l'effet du contexte national (système scolaire, professionnel et social, « conception de l'intégration ») sur les trajectoires. L'enquête de terrain permet par ailleurs, au-delà de la prise en compte des contraintes pesant sur les parcours des descendants d'immigrés en quartiers défavorisés, de se pencher sur les logiques d'action individuelles qui sous-tendent ces trajectoires idéales-typiques.
url