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Les associations ont pour particularité de reposer sur l'adhésion volontaire de personnes qui forment un collectif avec des visées communes. De ce point de vue, les déterminants et les mécanismes du passage de l'individuel au collectif sont une question cruciale, qui a été jusqu'à présent largement négligée. Cette enquête propose une approche théorique de l'association comme acte, à partir de la notion de bien, courante en économie institutionnelle. L'hypothèse directrice est que les personnes rejoignent une association pour accéder à un bien qu'elles ne sauraient trouver ailleurs, et dont la nature a une incidence sur le statut qu'elles confèrent au collectif. Cette hypothèse est mise à l'épreuve à partir du cas empirique des associations de maladies rares, qui supposent la réunion en un groupe, autour d'objectifs très hétérogènes, d'individus dispersés, peu nombreux et sélectionnés aléatoirement. Cela permet de mettre en évidence quatre motifs d'association et de statut du collectif, correspondant à quatre natures de biens : être consommateur, être efficace, être actif et être ensemble.
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 50, n° 4, pp. 747-773.
Mots clés : Obésité, Alimentation, Consommation, Goût, Sociologie, Comportement alimentaire, Classe sociale, Groupe d'appartenance, Mode de vie, Norme sociale, Catégorie socioprofessionnelle, Interaction, Morale, Liberté, Santé, Identité sociale, HALBWACHS (MAURICE), BOURDIEU (PIERRE)
A partir d'un corpus de 85 entretiens semi-directifs, l'article expose une analyse de l'intégration des normes prescriptives en matière d'alimentation et de corpulence, en s'inscrivant dans les travaux de Halbwachs sur la consommation. Il souligne le maintien d'une forte hiérarchie sociale opposant catégories aisées et catégories modestes, et présente les facteurs d'intégration des prescriptions. L'analyse met également en évidence les inégalités sociales face à la construction des normes et la complexité des échelons intermédiaires, clivés entre une soumission à la pression normative et une forme de réaction populaire. Discutant les analyses de Bourdieu, il montre que les membres des catégories aisées sont soumis à des impératifs diététiques, déterminant un « goût de nécessité » contraint non par des impératifs économiques mais moraux, alors que les membres des catégories modestes expriment désormais dans l'alimentation un « goût de liberté » d'où sont absentes les préoccupations sanitaires. Dès lors, la lecture de l'ordre social à travers la consommation s'enrichit davantage des travaux de Halbwachs : la capacité à produire et à intégrer les normes révèle des appartenances sociales, et la consommation alimentaire constitue un espace où se forgent et se lisent goûts et identité de classe, auxquels peuvent venir se heurter les normes actuelles de santé publique en matière d'alimentation.