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Si le Maroc passe pour un pays où la sexualité est taboue, force est de constater que sa place au sein des espaces publics reste complexe. À partir de la reconstitution des stratégies littéraires et de « l'entrée en littérature » de Hicham Tahir, jeune écrivain ayant publié en 2012 un recueil de nouvelles très remarqué intitulé Jaabouq, il s'agit de comprendre la nature des positions socialement construites à l'égard des phénomènes considérés comme déviants. En parlant de l'homosexualité sans se déclarer lui-même homosexuel ou bien en évoquant la vie des migrants subsahariens au Maroc en traitant la question de la prostitution, Hicham Tahir s'est socialement positionné dans l'espace littéraire marocain comme un auteur ambivalent, capable de transcender l'opposition entre le « normal » et le « pathologique ».
Pour cet article, à partir d'une observation des moments d'interaction au cours desquels, les élèves, filles comme garçons, sont invités par un ou plusieurs agents scolaires (CPE, un ou des enseignants, chef d'établissement) à rendre compte de leurs attitudes de transgression de l'ordre scolaire, nous nous proposons d'éclairer les processus de co-construction de la déviance scolaire par l'analyse des logiques qui conduisent à l'étiquetage de certains actes et de certains élèves comme déviants.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 34, n° 2, pp. 163-174.
Mots clés : Errance, Rue, Enfant en difficulté, Jeune en difficulté, Danger, Risque, Perception, Représentation sociale, Observation participante, Interaction, État, Contrôle social, Police, Service public, Service social, Sociologie, TRAVAIL DE TERRAIN
Le phénomène dit des « enfants des rues » (Straßenkinder) est une préoccupation sociale controversée depuis plus de quinze ans. Les acteurs sociaux sont le plus souvent décrits de manière compassionnelle comme « jeunes en danger », ou de façon criminalisante comme « jeunes dangereux ». La présente contribution essaye plutôt de définir le phénomène des « enfants des rues » à partir d'une observation participante basée sur plus de six ans de recherches sur le terrain. Elle considère le phénomène comme le résultat de processus d'interactions entre les jeunes et les instances étatiques de contrôle. L'approche ethnographique montre que la réalité sociale de l'espace spécifique qu'est « la rue » est produite par un processus réciproque d'interactions.
En s'appuyant sur une série d'observations ethnographiques, cette contribution s'intéresse à la gestion des conduites sexuelles et de la cohabitation entre les sexes dans un centre de rétention administrative pour étrangers éloignés du territoire. La gestion de la différence sexuelle y est d'autant plus complexe que les centres de rétention constituent des espaces non pénitentiaires où la discipline doit s'exercer souplement. Après avoir présenté le régime « libéral » d'enfermement, l'article revient sur des situations où les gestionnaires du centre ont dû eux-mêmes définir la norme du « bon » rapport entre les sexes. Ils sont alors placés dans une tension entre la stigmatisation des pratiques généralement jugées déviantes - notamment la prostitution - et leur acceptation dans le contexte d'un lieu de confinement prolongé.