PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Gérontologie et société, vol. 44, n° 167, mai 2022, pp. 85-98.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Inclusion, Personne âgée, Habitat, Logement, Âge, Norme sociale, Groupe, Exclusion sociale, Politique sociale, Approche historique
La notion d’inclusion est apparue depuis le début des années 2000 dans le discours sur la vieillesse et se concrétise désormais avec l’émergence d’un certain nombre de projets, notamment des projets d’habitat. Je me propose d’examiner comment la répartition des individus selon leur tranche d’âge et d’autres facteurs comme la proximité de cet âge de la vie avec celui de la mort ont contribué à faire évoluer nos représentations, avec un risque d’exclusion de cette population. Malgré une réflexion portée par la gérontologie sociale, affirmant la primauté des personnes plutôt que celle de l’âge, l’affirmation de la vieillesse comme facteur de développement économique et une vision médico-centrée du dernier âge de la vie peuvent faire craindre que la vieillesse n’apparaisse comme un monde à part, alors que les besoins humains fondamentaux traversent tous les âges de la vie. Je tenterai à partir de mes expériences de consultante en gérontologie d’identifier les éléments, actuels ou futurs, propres à faire évoluer les pratiques et les regards. La notion d’inclusion devrait dorénavant se décliner systématiquement dans tous les aspects de notre société afin qu’elle ne reste pas un simple discours mais qu’elle se concrétise dans les faits
Article de Vincent Rialle, Mabrouka El Hachani, Claudine Moïse
Paru dans la revue Gérontologie et société, vol. 44, n° 167, mai 2022, pp. 67-81.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Inclusion, Personne âgée, Technologie numérique, Vieillissement, Exclusion sociale, Exclusion numérique, Consommation, Innovation, Intergénérationnel
Par une approche située à la confluence de la gérontologie, des sciences de l’information et de la communication, et de la sociolinguistique critique, cet article interroge notre « civilisation numérique » sur sa capacité à respecter la diversité des humains qui préside à la construction d’une société inclusive intergénérationnelle et durable. Il propose dans un premier temps un examen condensé des évolutions du numérique entre humanisme et aliénation hyper-consumériste dominée par des géants financiers, ainsi que celui de l’immense et récurrente difficulté de nos sociétés à intégrer la vieillesse dans ses dimensions humanisantes, au profit d’un rejet au barbarisme parfois extrême. Dépassant le constat négatif, l’approche identifie ensuite plusieurs types d’engagements complémentaires à caractère inclusif. En premier lieu celui d’un numérique populaire en pleine effervescence grâce à quantité d’usages nouveaux et d’initiatives inspirantes répondant au désir d’« innovation totale » de la silver-économie des origines. Ensuite, l’engagement gérontologique qui tente d’accoucher de transformations décisives pour restaurer la totalité des dimensions du vieillissement et réintégrer la personne âgée au cœur de la société. Enfin, et non des moindres, l’engagement scientifique et méthodologique des humanités numériques grâce auquel s’élaborent à la fois des clés de compréhension des fléaux dus au numérique, liés notamment au déni de vieillesse, et des clés de réorientation de la technogenèse vers la convergence du vieillissement et du numérique pour l’instauration durable d’une société inclusive
Les mots « inclusion » ou société « inclusive » sont devenus des « éléments de langage » utilisés à tout propos… Ils sont employés principalement dans un contexte de populations en difficulté ou « défavorisées », considérées comme partiellement exclues, ou potentiellement en voie de l’être, de telle ou telle institution essentielle de la société : scolarisation, formation professionnelle, logement, emploi, santé, culture, information, numérique, biens et services divers, etc. L’inclusion serait alors l’antidote à l’exclusion, la « société inclusive » le contraire d’une société qui exclut.
La notion de société inclusive étant essentiellement issue du monde du handicap, nous avons examiné comment cette notion avait été reprise dans le champ des « personnes âgées ». Seule la CNSA, dans sa démarche prospective menée en 2018 a proposé des pistes permettant l’avènement d’une société inclusive affirmant : « Notre modèle de société ne se transformera que si l’ensemble des parties prenantes, au premier chef d’entre elles, les personnes concernées, s’y associent. […] Elles doivent être accompagnées afin d’être en mesure de construire des réponses aux attentes de l’ensemble des citoyens, quels que soient leur âge, leur situation de handicap ou de santé ». Cette co-construction des réponses qui leur sont proposées avec les personnes concernées nous paraît intéressante tout en veillant à ce que, pour ces personnes, cette participation reste un choix et ne devienne pas une obligation
Paru dans la revue Vie sociale, n° 37, avril 2022, pp. 75-90.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Crise, Épidémie, Personne âgée, Représentation sociale, Vieillissement, Intergénérationnel, Qualité de la vie, Droit de la famille, Bouc émissaire, Vulnérabilité, Conflit, Mouvement social, Discrimination, Isolement, Confinement
La crise a révélé des valeurs, des manières de penser et d’agir qui habituellement effleurent à la surface du social. La vieillesse et son portrait schématisé ont généré des réactions agrégées aux deux pôles de l’axe affectif, révélant la relation singulière entretenue avec elle.
L’idée d’un confinement déterminé selon l’âge a été portée par des acteurs politiques, des personnalités et la vox populi médiatisée. Considérer les personnes âgées comme un groupe singulier, homogène et dissociable du reste de la société ouvre sur un questionnement éthique, politique et social. Inactivité, inutilité et vulnérabilité seront interrogées.
Si toutes les crises conduisent à la crainte de conflits sociaux, l’annonce d’une guerre des générations a joué pleinement ce rôle. Les contraintes et pénuries provoquent des frustrations, des pertes portant atteinte à la qualité de vie et questionnant les modalités d’arbitrage.
En situation syndémique, les personnes âgées se sont retrouvées au croisement de deux épidémies, le Covid‑19 et le vieillissement de la population, qui en a toutes les caractéristiques avec ses symptômes bruyants, innommables et innombrables, et sa place entre imaginaire social et réalité contemporaine : la maladie et la mort, la peur, la relégation, l’affrontement, le bouc émissaire…
Paru dans la revue Empan, n° 125, mars 2022, pp. 153-155.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Personne âgée, Vieillissement, Vulnérabilité, Stigmatisation, Stéréotype, Écriture, Image de soi, Identité
Ces Diagonales mettent en lien une série d’auteurs, d’ouvrages, de textes relatifs aux personnes âgées. Mais que disent les mots employés du regard que la société porte sur elles et de la place qu’elle leur accorde ? Avec la Covid et ses effets multiples, les personnes âgées sont stigmatisées tout à la fois comme personnes fragiles, à protéger mais aussi à mettre à l’écart. Pourtant elles ne sont pas que cela, mais également des personnes pleines d’énergie, de projets et de désirs.
Paru dans la revue Empan, n° 125, mars 2022, pp. 147-152.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, EHPAD, Norme, Personne âgée, Contrainte, Réduction des risques, Liberté, Tarification, Législation
L’excès de normes, affirmé dans de nombreux secteurs de la vie économique française, apparaît aujourd’hui quelque peu spécifique en EHPAD. Les contraintes se sont multipliées, les risques ont augmenté – liés aux fugues, aux suicides des personnes hébergées – tandis que les moyens n’évoluaient qu’à un rythme purement arithmétique. Cette inadéquation serait à l’origine d’une véritable difficulté de fonctionnement institutionnel. Après une mise en évidence de ces normes, l’auteur évoque quelques pistes d’amélioration possibles, au profit d’un meilleur accompagnement des résidents.
Article de Marie Mercat Bruns, Camille Bourdaire Mignot, Tatiana Gründler
Paru dans la revue Retraite et société, n° 88, 2022, pp. 13-216.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Personne âgée, Discrimination, Âge, Consommation, Droit, Vulnérabilité, Droit pénal, Entreprise, Majeur protégé, Accès aux soins, EHPAD, Aidant familial, Inclusion, Banque, Consentement, Droit de vote, France, Suisse
La nouvelle action de groupe et la discrimination fondée sur l’âge : la lutte contre les discriminations systémiques et l’inclusion des consommateurs âgés - Marie Mercat-Bruns & Clara Giordano – pp. 28-69
Le consommateur âgé : protéger sans exclure – La pertinence du droit pénal pour lutter contre l’abus de vulnérabilité liée au grand âge lors de la conclusion d’un contrat de consommation - Camille Bourdaire-Mignot & Céline Chassang – pp. 71-94
Le chef d’entreprise âgé - Aurélie Ballot-Léna – pp. 95-116
Accès aux soins : l’âge comme critère d’exclusion ? Les pleins et les déliés des recommandations éthiques au temps du Covid - Camille Bourdaire-Mignot & Tatiana Gründler – pp. 117-143
La citoyenneté sociale des aidants âgés : discours, instruments et pratiques de l’inclusion sociale - Olivier Giraud & Barbara Rist – pp. 145-164
Déprise et vulnérabilité financière : les pratiques bancaires aux prises avec l’avancée en âge - Clara Deville & Jeanne Lazarus – pp. 165-182
Quand le déni des droits s’appuie sur l’ignorance du droit : pouvoir discrétionnaire et restriction de l’accès au vote dans les établissements pour personnes âgées en Suisse romande - Barbara Lucas, Yves Delessert, Léa Sgier & Maëlle Meigniez – pp. 183-216
Article de Camille Bourdaire Mignot, Tatiana Gründler
Paru dans la revue Retraite et société, n° 88, 2022, pp. 117-143.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Crise, Santé, Accès aux soins, Âge, Discrimination, EHPAD, Personne âgée, Décision, Pratique professionnelle, Soins palliatifs, Droit
Le sujet de l’allocation des ressources et des choix qu’elle implique se pose constamment en santé. La crise Covid l’a cependant rendue plus visible tout en l’exacerbant puisqu’elle a concerné l’accès à la réanimation avec, par conséquent, un enjeu vital. Dans la perspective d’un risque très sérieux de pénurie, le sort des patients âgés a immédiatement été interrogé. En particulier, la question a été soulevée de savoir si l’âge pouvait être un critère d’exclusion des services de réanimation. Au sein de l’hexagone, la réponse a paru clairement négative.
Contrairement à d’autres pays, la France a en effet refusé de fixer un âge seuil pour cet accès. En ce sens, sociétés savantes et autorités administratives ont multiplié les recommandations réaffirmant les principes éthiques fondés notamment sur l’égalité, la dignité et la justice sociale. Ces textes ont ainsi donné l’impression d’une continuité malgré la crise. Revêtu d’une certaine portée normative (les recommandations entendaient toutes guider les comportements des différents acteurs de prise de décision médicale), ce corpus mérite d’être étudié sous l’angle juridique dans l’idée de révéler les principes en tension dans une telle situation de crise. Car si les textes prennent soin de rappeler l’interdiction de discriminer sur le critère de l’âge, il est possible d’y déceler en filigrane une discrimination indirecte fondée sur ce critère. Et, lorsque l’âge est conjugué à d’autres caractéristiques ou situations spécifiques – on pense ici aux résidents d’Ehpad –, ces textes conduisent même à une véritable exclusion des plus vulnérables du système de soins de droit commun.
Article de Suzanne Tharel, Odile Plan, Françoise Héritier, et al.
Paru dans la revue Pour, n° 242, janvier 2022, pp. 43-216.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Femme, Personne âgée, Vieillissement, Genre, Inégalité, Discrimination sexuelle, Stéréotype, Âge, Santé, Sexualité, Retraite, Citoyenneté, Bénévolat, Logement, Habitat, Participation, Droits des femmes, Travail des femmes, Engagement
Il y a deux ans, Pour (n° 233) publiait le dossier « Vieillir actifs à la campagne » coordonné par l’association Or Gris. Les inégalités entre vieux et vieilles étaient peu abordées dans ce dossier. Or, vieillir n’est pas neutre et souvent, pour les femmes, les inégalités liées au genre s’ajoutent aux problèmes inhérents à l’âge, les effets du sexisme se cumulent avec ceux de l’âgisme. De ce constat est née l’idée de ce nouveau dossier consacré, pour l’essentiel, aux spécificités du vieillissement féminin. Ces dernières années, la parole des femmes s’exprime autour de scandales et de révélations : elles parlent, les anciennes se souviennent… Parallèlement, le problème du vieillissement prend de plus en plus de place dans les débats, tandis qu’on assiste à une montée de l’âgisme : le combattre est un enjeu mondial.
Ce dossier propose un vaste tour d’horizon, sans doute incomplet mais riche de différents points de vue croisés, ceux d’acteurs.trices aux compétences et engagements très diversifiés.
Article de Laura Boulierac, Dominique Lefèvre, Romain Vacquier
Paru dans la revue Pour, n° 242, janvier 2022, pp. 185-194.
Mots clés : Grand âge-Vieillissement, Femme, Personne âgée, Vieillissement, Genre, Âge, Stéréotype, Homosexualité, Stigmatisation, Discrimination, Milieu rural, Solidarité, Lien social, Féminisme
Solidement arrimée à l’idée de mort, la vieillesse est une saillance particulièrement mais pourtant discrètement stigmatisée dans nos sociétés modernes. Discrètement, car il est bien aisé de constater deux choses. D’une part, l’absence de groupes ou d’organisations ciblant explicitement les personnes âgées (même si des manifestations contemporaines comme « OK Boomer » viennent nuancer ce propos). D’autre part, il existe une relative absence de sanctions sociales contre des expressions ou attitudes négatives, courant de la simple ignorance jusqu’aux violences physiques ou/et psychologiques, à l’égard des personnes âgées (Levy & Banaji, 2002). Cela concerne aussi bien les personnels médico-sociaux, les proches, ou encore le voisinage. La conséquence majeure est que probablement jamais auparavant l’avancée en âge n’a été aussi douloureuse, solitaire, et par ailleurs médicalisée qu’aujourd’hui (Elias, 1987).